dimanche 21 mars 2010

POURQUOI IL EST IMPÉRATIF DE RÉGULARISER LES SANS-PAPIERS HAÏTIENS


Au lendemain du séisme qui a dévasté Haïti, la France a suspendu pour six mois les expulsions d’Haïtiens sans-papiers. Une décision qui fait honneur à la France. Comme le disait Stéphane Guillon dans sa chronique du 20 janvier sur France Inter, « Ah il sait être généreux Eric Besson ! Cela dit, heureusement qu’il a pris cette décision, vous imaginez l’ambiance à Port-au-Prince si parmi le balai d’avions humanitaires en provenance du monde entier, un avion français, rempli de sans-papier haïtiens s’était présenté ! » Nous avons tous vu à la télé, la gorge serrée, les images du désastre. Il va falloir des années à ce petit pays pour se relever de cette terrible épreuve. Or que va-t-il se passer dans 6 mois ? La chasse à l’homme (à la femme et à l’enfant aussi) reprendra de plus belle en France car Brice Hortefeux, ministre de l’intérieur, fixe des quotas à l’année et que la police va devoir mettre les bouchées doubles pour rattraper le retard.

On se souvient en Guadeloupe, qui compte une importante communauté haïtienne, du petit Jephté dont nul ne sait s’il a survécu au séisme : en 2008, son expulsion avait soulevé l’indignation. Né sur le sol français et y ayant toujours vécu, Jephté avait 5 ans quand il a été arrêté avec son père, en septembre, la veille de la rentrée des classes. Son père, Haïtien en situation irrégulière l’avait emmené pour lui acheter une paire de chaussures neuves à l’occasion de sa troisième rentrée scolaire. Il aura suffit d’un contrôle d’identité pour que le père et le fils soient expulsés le jour même de leur arrestation vers Port-au-Prince, sans même un vêtement de rechange. Ils ont été abandonnés à leur sort après le passage de deux premiers cyclones meurtriers et alors que l’ouragan Hanna menaçait. Nous, citoyens français, ne voulons plus être associés à ce genre d’infamie.

Les droits humains les plus élémentaires exigent que nous cessions durablement de renvoyer les Haïtiens de notre sol, et donc que nous les régularisions. C’est le sens de la lettre ouverte(1) adressée au ministre de l’immigration par plusieurs associations haïtiennes, soutenues par la Ligue des Droits de l’Homme Guadeloupe, le collectif des Migrants d’Outre-mer (MOM qui regroupent 13 ONG dont le Secours Catholique, la Cimade, Médecins du Monde), etc.

Certains rétorqueront que la France est déjà frappée par un fort taux de chômage et pour paraphraser un socialiste célèbre qu’elle n’a pas vocation à accueillir toute la misère du monde. Il est bon de leur rappeler que les Haïtiens dont il s'agit sont déjà sur notre sol, et que leur situation de sans-papiers fait que de nombreux patrons les embauchent clandestinement, à moindre coût, ce qui désavantage le travailleur en situation régulière, qu’il soit français ou étranger. Tout le monde a donc à y gagner sauf les patrons voyous qui ne pourront plus les exploiter à leur guise mais devront embaucher des travailleurs à un salaire décent et dans le respect de leurs droits.

On ne rappellera jamais assez le rôle qu’Haïti a joué dans la lutte pour l’abolition de l’esclavage, et donc pour l’Humanité. On ne rappellera jamais assez les richesses que la France a tirées de ce petit pays qu’on appelait la perle des Antilles, sa plus riche colonie. Après lui avoir fait endurer les affres de l’esclavage, elle l’a laissée exsangue au terme d’une guerre particulièrement destructrice, et comme si ça ne suffisait pas, lui a infligé une dette faramineuse (l’équivalent aujourd’hui de milliards d’euros) pour indemniser les esclavagistes au lendemain de son indépendance ! Oui, nous avons tous une dette envers Haïti.

Alors exigeons la régularisation des sans-papiers haïtiens !

signez la pétition sur : http://www.mesopinions.com/Pour-la-regularisation-des-sans-papiers-haitiens-petition-petitions-2ae1db5c47aaff7082cfaba825658fa2.html

Nicola Coppa
Frédéric Gircour

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