jeudi 15 avril 2010

Ras le bol de la programmation concurrentielle à Fort-de-France !


"Michèle Césaire, directrice du Théâtre Aimé Césaire à Fort-de-France et Manuel Césaire directeur du CMAC Atrium à Fort-de-France ne se rencontrent pas, ne communiquent pas, ne se téléphonent pas, ne se parlent pas. La programmation concurrentielle se poursuit allègrement, comme c'est le cas depuis de longues années. L'affiche peut rester vide pendant des semaines, pas la moindre petite pièce à se mettre sous la dent et puis tout à coup, spectacles à l'Atrium et au Théâtre de Foyal au même moment, c'est à dire aux mêmes dates, aux mêmes heures. Comme si le public était assez nombreux pour se partager! Comme si il n'était pas préférable d'étaler sur l'année les trop rares pièces proposées! Comme si les autorités de tutelles étaient incapables d'imposer une concertation! Faut-il rappeler qu'elles sont elles aussi en concurrence politique? Il est a parier que même une assemblée unique échouerait à relever un tel défi. A nous de faire entre vaches maigres et (relative) abondance."

Voilà ce que nous écrivions il y a quelques temps. Ce n'était que la énième reprise d'une même plainte formulée chaque année. On a peut-être touché le fond de cette absurdité cette semaine avec deux programmations de danses à la même période. Comme son nom l'indique tous les deux ans une Biennale de la danse en avril est organisée par le CMAC-Atrium. C'est donc à cette même date que le théâtre municipal a trouvé judicieux d'inviter la compagnie de danse Norma Claire avec sa création "Va,vis" déjà présentée il y a deux ans à l'Atrium. C'était juste au moment de la mort d'Aimé Césaire, deux représentations avaient été programmées dont une gratuite, à l'annonce du décès et qui avait rempli la grande salle de l'Atrium. La compagnie avait même animé une soirée supplémentaire au Centre Camille Darsières qui s'était prolongée jusqu'au petit matin. La réception du travail de Norma Claire avait donc dépassé l'audience habituelle de ce type d'activité. Le nombre de spectateurs intéressés par la danse n'étant pas extensible tout comme celui des arts sur scène, en général estimé à 2500 personnes, il était prévisible que la reprise deux ans plus tard d'un même travail allait se traduire par un flop monumental. Ce qui s'est passé. Neuf billets payants le premier soir, sept le second et pas un seul le dimanche après-midi. La représentation a quand même eu lieu en vertu d'une règle qui veut que s'il y a autant de spectateurs plus un que d'artistes engagés dans le spectacle celui -ci doit se tenir. Ils étaient quatre sur scène et ils étaient cinq invités dans la salle. Ouf!

Il faut dédouaner Manuel Césaire d'une grande part de responsabilité dans ce fiasco. Sa tutelle, le Conseil Général exige un programme annuel arrêté en Novembre de chaque année. Peut-il pour autant se contenter de le communiquer à la Directrice du Théâtre de Foyal? Il est vrai à ce qu'on dit qu'il a tenté plusieurs fois une concertation. Mais peut-être sa tutelle, représentée par Claude Lise, n'est-elle pas empressée de prendre en compte le travail du Théâtre de Fort-de-France? La directrice du Théâtre Aimé Césaire s'affranchit allègrement d'une telle pression tutélaire. Fille de son père, ce n'est pas Serge Letchimy quand il était encore maire, et encore moins Raymond Saint-Louis-Augustin, le successeur, qui pouvait et qui peut lui imposer quoi que ce soit. Elle est en son théâtre comme à la tête d'une baronnie, pour notre bonheur quand elle sélectionne habilement, dans son espace de prédilection les arts théâtraux, des pièces de qualité, pour notre malheur quand elle entreprend de vouloir faire de la concurrence à l'Atrium.

Le plus désolant survient quand on songe à la tristesse des artistes confrontés à des salles vides Quand les susceptibilités des unes et des autres prennent le pas sur l'intérêt général, quand les querelles politiciennes se mêlent aux affaires de familles on voudrait un auteur de théâtre pour les écrire.

R.S
http://www.madinin-art.net/

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