dimanche 18 avril 2010

Se ressaisir ?


Avons-nous d'autre choix, nous de cette terre, que de réapprendre à vivre ensemble, de mettre toutes nos énergies en commun pour bâtir enfin ce pays, pour tenter de revenir un tant soit peu au niveau de nos voisins dominicains et de nos autres amis de la Caraïbe ? Nous en avons certes la capacité, de cela j'en suis certain, même si ceux qui font leur beurre du chaos, pour des raisons très compréhensibles, veulent incruster la déprime dans nos coeurs et dans nos âmes en faisant croire que rien n'est possible sur la terre d'Haïti. Tout est possible chez nous à condition bien sûr que nous nous ressaisissions, que nous travaillions à faire comprendre aux requins présents encore sur la scène politique et économique en Haïti qu'on ne peut plus continuer, comme par le passé, à oeuvrer comme si ce pays, ce peuple n'existait pas. Notre espace physique et social a atteint un tel état de dégradation que ce pays ne peut plus supporter les magouilles d'intérêts occultes, maintenant malsains parce que ces intérêts préfèrent voir perdurer la misère, la mort, le chaos, plutôt que de permettre la moindre avancée en avant de cette société qui vient de dévoiler, à l'occasion du tremblement de terre du 12 janvier, sa lamentable fragilité.
Je crois que la libre entreprise est un moyen intéressant, certainement pas le seul, pour mettre un pays sur les rails du progrès. L'État doit tout faire pour que les entrepreneurs fassent le maximum de profits, vu que les profits des entrepreneurs sont pour l'État une source de revenus lui permettant justement d'investir dans des lieux essentiels, comme l'éducation, la santé, la culture, et les infrastructures de base. Mais on ne peut pas se permettre une libre entreprise qui s'assimile à du gangstérisme. On ne peut accepter que des entrepreneurs, derrière les rideaux, vassalisent l'exécutif pour contrôler des marchés en bloquant systématiquement tout ce qui pourrait être profitable à une population aux abois, à un pays en péril. Le peuple haïtien doit s'investir dans la construction d'un nouveau pouvoir, dans un gouvernement fort, indépendant et intelligent, dans le cadre d'un État démocratique, un État qui prend en compte les intérêts de la majorité, un État qui prend surtout en compte les intérêts des générations à venir.
Je ne cesserai jamais de plaider pour le renouvellement du matériel humain dans mon pays. Car, sans le renouvellement de ce matériel humain, les éternels gangsters vont nous concocter des élections où toutes les allées de la gouvernance seront occupées par des incompétents, des corrompus, aux ordres de prédateurs qui n'ont que mépris pour ce pays. Le problème est que le signal pour ce changement ne peut venir que du sommet de l'État, et les gangsters feront tout pour que les choses restent telles qu'elles sont. Mais il y a une jeunesse qui, du nord au sud, de l'est à l'ouest, est dos au mur et qui comprend que son avenir ne peut être qu'ici. Il y a des dizaines de milliers de parents qui se défoncent, qui se saignent, pour que leurs enfants aillent à l'école, acquièrent des connaissances. Et à chaque fois qu'un pouvoir malsain magouille pour faire élire un incompétent, c'est une gifle passée à ces milliers de citoyens et de citoyennes. On n'a pas d'autre choix que de se ressaisir. Dire non aux gangsters de tous poils. Dire non à la cette communauté internationale qui fraye avec les gangsters. Ce pays doit vivre. Envers et contre tous !



Gary Victor

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