lundi 23 août 2010

La dengue progresse dangereusement aux Antilles


Un patient souffrant de la dengue au CHU de Fort-de-France le 17 août 2010.
Un patient souffrant de la dengue au CHU de Fort-de-France le 17 août 2010. Crédits photo : AFP

INFOGRAPHIE - La Guadeloupe et la Martinique sont frappées par la plus importante épidémie de la décennie. Vendredi, le gouvernement a décidé de mobiliser l'armée afin d'intensifier la lutte contre les principaux vecteurs de la maladie: les moustiques.

Rien ne semble pouvoir arrêter l'épidémie de dengue qui frappe les Antilles. Quelque 33.000 cas suspects ont été dénombrés en Guadeloupe depuis fin 2009 et 25.600 en Martinique depuis février (cf infographies ci-dessous). La maladie aurait déjà causé la mort de neuf personnes, et serait indirectement liée au décès de cinq autres. Et le pic épidémique n'est pas encore atteint, prévient l'Institut de veille sanitaire (IVS). La deuxième semaine d'août, il se déclarait encore 4160 nouveaux cas en Martinique et 3720 en Guadeloupe. Le ministère de la santé a donc décidé de faire appel à l'armée pour tenter d'enrayer la progression irrésistible de « la grippe tropicale ».
Le moustique Aedes Aegypti est le vecteur le plus commun de la dengue.
Le moustique Aedes Aegypti est le vecteur le plus commun de la dengue.
Puisqu'il n'existe aucun traitement spécifique, ni aucun vaccin, les autorités doivent s'en prendre directement au vecteur de la maladie: le moustique Aedes. Les deux principaux leviers sont les campagnes publiques de prévention (supprimer les eaux stagnantes domestiques, utiliser des anti-moustiques, porter des vêtements amples et couvrants, dormir même pour la sieste sous une moustiquaire) et la démoustication massive des lieux de reproduction (marais, étangs, déchetteries).
Le ministère a donc «attribué des financements complémentaires aux agences régionales de santé (ARS) afin de poursuivre et d'intensifier les campagnes de sensibilisation» et fait appel à l'armée qui «va permettre d'avoir plus de moyens techniques et d'intervenir là où c'est difficile», explique Christian Ursullet, directeur général de l'ARS martiniquaise. Quarante militaires ont ainsi été mobilisés en Martinique. Ils devraient commencer par exterminer les gîtes larvaires situés dans les écoles avant la rentrée des classes.

Mieux vaut éviter de prendre de l'aspirine

Par ailleurs, il est important que les habitants aillent immédiatement consulter aux premiers symptômes ressentis : fièvre brusque et élevée accompagnée de maux de tête, de courbatures et d'une sensation de fatigue. S'il n'existe aucun traitement direct contre la maladie, les symptômes peuvent être pris en charge. Mais attention, mieux vaut privilégier le paracétamol et proscrire l'aspirine: tous les médicaments contenants des salicylés présentent des risques. En fluidifiant le sang, ils peuvent aggraver l'état des personnes qui souffrent des formes les plus graves de la maladie, la dengue hémorragique et la dengue avec syndrome de choc. 

Les rares personnes, généralement des jeunes de moins de 15 ans, qui ne guérissent pas rapidement de l'infection peuvent en effet développer l'une de ces deux formes mortelles. La première se manifeste par des ecchymoses en nappes et des saignements digestifs abondants. La seconde se caractérise par une agitation, un pouls accéléré et une froideur des extrémités. Une personne sur cinq succombe à ces formes aigües quand elle n'est pas prise en charge dans un hôpital.

Les épidémies de dengue ne sont pas rares aux Antilles (épidémies en 1997, 2001, 2005 et 2007), mais celle-ci est particulièrement violente. En Martinique, la co-circulation de deux sérotypes distincts, le 1 et le 4, pourrait expliquer le nombre déjà élevé de morts. Les personnes infectées successivement par les deux virus différents sont en effet plus susceptibles de contracter une forme rare de la maladie. Le sérotype 1, le seul à circuler en Guadeloupe, n'avait pas été observé aux Antilles depuis plus de 10 ans. La population est donc très peu immunisée, ce qui pourrait également expliquer l'ampleur de l'épidémie.

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