jeudi 26 août 2010

Présidentielle haïtienne : Wyclef n'abandonne pas

La star de hip-hop s'est vue refuser la possibilité de se porter candidat à l'élection présidentielle de novembre. Il va faire appel de la décision de la Commission électorale.


«La loi doit être respectée», explique la star de hip-hop sur son compte Twitter. Le chanteur Wyclef Jean a déclaré dimanche qu'il ne renonçait pas à se porter candidat à la présidentielle du 28 novembre en Haïti, annonçant que son avocat allait faire appel lundi du rejet par la commission électorale de sa candidature. Selon une source proche du chanteur, il fera valoir que le Conseil électoral provisoire n'a pas suivi les procédures légales lors de l'annonce de sa décision. 

Vendredi soir, un porte-parole de la commission, Richardson Dumel, avait annoncé que 19 candidatures avaient été acceptées et 15 autres rejetées, dont celle de Wyclef Jean, sans fournir aucune explication. Le chanteur avait alors expliqué accepter la décision de la commission et avait appelé ses partisans au calme.

Volte-face dimanche soir : sur le site de microblogging twitter, l'ex-chanteur des «Fugees» annonce qu'il va faire appel lundi : «Nous avons rempli tous les critères fixés par les lois», écrit-il. Dans un entretien accordé à l'Associated Press depuis son domicile de Croix-des-Bouquets, près de la capitale Port-au-Prince, l'artiste précise avoir un document «qui montre que tout est correct». Et d'ajouter que lui et son entourage ont «le sentiment que ce qui se passe ici a tout à voir avec la politique haïtienne». «Ils essaient de nous écarter de la course», estime-il.

Dans un enregistrement sonore remis aux médias du pays, le chanteur de hip-hop a également évoqué des «tricheries»: «Même avant de commencer le travail, des amis en Haïti et à l'étranger m'avaient averti que beaucoup de tricheries allaient être faites pour me bloquer. Résultat: le CEP (conseil électoral provisoire) l'a prouvé». L'artiste a aussi jugé qu'il s'agissait d'un «viol» de la constitution.

Menaces de mort

Wyclef Jean, né en Haïti il y a 40 ans, mais ayant grandi à New York, n'a pas résidé à Haïti ces cinq dernières années, une des conditions à remplir pour briguer la présidence et qui semblerait être à l'origine du rejet de sa candidature. Mais l'artiste affirme qu'il n'a pas à respecter si strictement cette règle : d'après lui, le titre d'ambassadeur itinérant que lui a décerné l'actuel président René Préval en 2007 lui permet en effet de voyager et de circuler hors d'Haïti comme bon lui semble.

Wyclef Jean, qui dans un premier temps comptait retourner aux Etats-Unis voir sa famille qui réside dans le New Jersey, a décidé de rester en Haïti pour la durée de son appel. 

La semaine dernière, il avait expliqué avoir reçu de nombreuses menaces de mort et craindre pour sa sécurité sur l'île. Car l'artiste, s'il compte de nombreux soutiens parmi la jeunesse haïtienne, fait également grincer des dents. Parmi ses détracteurs se trouve notamment l'acteur américain Sean Penn, qui a publiquement mis en doute la sincérité du chanteur au début du mois : «Je veux quelqu'un qui veuille vraiment, mais vraiment, se sacrifier pour son pays et pas juste quelqu'un que j'ai vu personnellement dans un convoi de voitures de luxe, exhibant une richesse qui me semble déplacée à Haïti», avait-il déclaré.

Flore Galaud 
23/08/10

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