jeudi 16 février 2012

CIVILISATION ET AUTRES SAUVAGERIES


Les discours dominants ont depuis bien longtemps opposé ‘‘La civilisation’’ aux désordres des ‘‘mondes sauvages’’, avec l’emploi du singulier comme affirmation qu’il n’y en a qu’une seule a qui fut donné le bon, le juste, le vrai.

Une civilisation que la France, l’Europe et les autres pays occidentaux, se sont fait un devoir d’imposer dans le reste du monde prétendument barbare, au nom d’une ‘‘mission civilisatrice’’ placée sous les hospices de Dieu, justifiant de la sorte tous les excès, tous les crimes, toutes les atrocités, toute la barbarie raciste. Si Aimé Césaire pouvait dire dans un de ses poèmes qu’« Avec un mot frais on peut traverser le désert d’une journée », tous les mots n'ont pas cette qualité régénératrice et certains exhalent des relents de confiscation crapuleuse.

Civilisation…

Je ne sais plus ce que veut dire ce mot débauché… Capté par quelques-uns comme une petite affaire privée, dévoyé, il en a perdu tout fondement. Nul endroit sur terre où puisse porter notre regard qui ait été épargné par la barbarie des hommes. Car à dire vrai, c’est de ‘‘l’acivilisation’’ dont il faudrait parler c’est-à-dire de la négation, tout au long des siècles jusqu’à nos jours, des plus nobles valeurs de l’humanité. Partout, l’humaine condition qui se vautre dans sa pitoyable défroque.


Parlons plutôt de cultures…

Là où se trouve l’Homme, se produit leur fragile et immédiat surgissement. Ni bonnes, ni mauvaises. Leur singularité est le siège de leur beauté. Toute évocation de la moindre idée de hiérarchie entre elles est la pire des absurdités, une pure indignité.

Étant toutes capables de tutoyer les plus vertigineux sommets de la beauté, comme de se perdre dans les bas-fonds putrides où l’Homme est la seule créature terrestre à savoir s’abîmer, elles se valent toutes. Que chacun se le dise et mette en berne son drapeau d’arrogance avec en mémoire toutes les boucheries de l’histoire. La civilisation dont se revendiquent certains a des airs de putain alcoolique ayant toujours cherché l’ivresse à grandes goulées de sang humain.


12 Février 2012, Guadeloupe
© Jocelyn Valton
Critique d’Art AICA

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