dimanche 17 juin 2012

SELON BBC, OCAMPO EST UN PROCUREUR SÉLECTIF


La nouvelle procureure de la Cour pénale internationale (Cpi), la Gambienne Fatou Bensouda, a prêté serment, hier, succédant à l’Argentin Luis Moreno- Ocampo.

En neuf ans, ce dernier a ouvert sept enquêtes en Ouganda, en RDC, au Darfour, en Centrafrique, au Kenya, en Libye et en Côte d’Ivoire. Mais le bilan de Luis Moreno-Ocampo est contesté : il lui est reproché d’avoir été sélectif dans ses enquêtes sur les violations des droits de l’Homme. La nouvelle procureure aura la lourde tâche de redresser la barre et donner une nouvelle crédibilité à la Cour.

En prenant ses fonctions en 2003, Luis Moreno-Ocampo avait promis de s’attaquer à l’aspect financier des crimes contre l’humanité. De poursuivre, disait-il, les entreprises d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord qui pillent les sous-sols congolais et alimentent des guerres fratricides. Neuf ans plus tard, seul un milicien congolais a été reconnu coupable, du seul crime d’enrôlement d’enfants dans ses troupes. Thomas Lubanga est un chef de guerre de niveau intermédiaire dont les crimes auraient été impossibles sans ses soutiens ougandais et rwandais. Ceux-là n’ont jamais été inquiétés. En déclarant Thomas Lubanga coupable de crimes de guerre, les juges ont pointé les faiblesses de l’enquête du procureur.

Comme ailleurs, Luis Moreno-Ocampo a enquêté via des intermédiaires, pas toujours dénués d’intérêts politiques, comme en Libye. Le Conseil national de transition a largement fourni les dossiers du procureur qui affirme être dans l’impossibilité d’enquêter sur le terrain. Ses limiers ne se sont pas plus rendus au Darfour.

En neuf ans, 28 mandats d’arrêt et citations à comparaître ont été délivrés, à sa demande. Quinze des cibles du procureur ont comparu devant les juges. Les autres sont soit en fuite, soit décédés. Quatre fois, les juges ont prononcé le non lieu, jugeant trop faibles les preuves du procureur. C’est presque un quart de ses dossiers. Certains observateurs ont vu des choix politiques, non judiciaires, dans la sélection de ses cibles. A ce jour, seul le Président Gbagbo a été inculpé pour la Côte d’Ivoire, rien du côté de son rival, Alassane Ouattara.

Jean-Pierre Bemba est en procès pour les crimes en Centrafrique, l’ex-chef d’Etat aujourd’hui décédé, Ange Felix Patassé, n’a jamais été inquiété.

Emettant un mandat d’arrêt pour génocide contre le président Omar Al Bachir, il l’avait notamment comparé à Hitler. Des propos qui ont durablement heurté l’Union africaine, qui dans une résolution qualifiait le procureur de «grossier et condescendant». Avec l’arrivée de Fatou Bensouda, beaucoup espèrent que la Cour pénale internationale pourra enfin redresser la barre et prendre une nouvelle direction.

(Source : BBC)

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