jeudi 3 octobre 2013

ET POURTANT, D’AUTRES VIENDRONT ENCORE...


La “migration” résulte d’une détermination des hommes dont il faut comprendre le plus simplement du monde, qu’elle est forcément strictement cohérente à la “sédentarisation” à laquelle elle se trouve fatalement liée. Ceci, par la “contradiction” même qu’elles forment et selon laquelle elles se trouvent spécifiées comme étant chacune le contraire de l’autre, et qui les solidarise. Ceci, étant entendu que se réalisant conjointement de leur contradiction, il ne saurait bien sûr se réaliser le fait d’un contraire, sans le fait de l’autre.

Ceci revient à dire que précisément parce que contraires, ces deux déterminations, migration et sédentarisation, ne se peuvent en aucune façon l’une sans l’autre, et que même si confusément nous le supposons possible, en réalité il n’aurait jamais pu se produire en nulle part, un cas de sédentaires exclusifs, sans qu’il y eut bien sûr déjà pour leur établissement en un endroit, et même ensuite au cours de leur développement, des migrants... 

Ainsi, avant même de considérer les raisons profondes de celui-ci, il est clair que ceux qui prétendent aujourd’hui se mettre à l’abri du fait migratoire, sont les illettrés qui n’ont jamais ouvert de leur vie un livre d’histoire. Car dans tous les ouvrages qui traitent d’Histoire, il ne se trouve rien exposé d’autre qu’une “Histoire des hommes selon leurs migrations”, que l’on ait alors appelé ces mouvements, conquête, invasion, colonisation, exil, ou migration...

Comprenons maintenant que sur le plan fondamental, la “migration” constitue la corrélation “spatiale” de la “mutation” qui quant à elle, constitue la corrélation “temporelle” de la migration. En effet, ces deux procédures participent conjointement au fait “d’évolution”. Ceci signifie que ce n’est qu’à la faveur de “l’évolution spatiale” d’une espèce, qui est ce que nous appelons une “migration”, qu’il peut se produire une “évolution temporelle” de celle-ci, qui est ce que nous appelons une “mutation”, autrement dit sa modification au cours du temps. Ceci, de sorte que l’humain ne se serait jamais réalisé tel qu’il est devenu, autrement dit, il n’aurait jamais “évolué” selon le temps, s’il n’avait corrélativement évolué selon l’espace, autrement dit il n’aurait jamais “muté”, s’il n’avait déjà “migré”...

La migration constitue donc un élément fondamental de “l’évolution”, tant biologique de l’humain selon laquelle s’établit sa “nature”, que de son évolution “sociologique”, à travers le “fait civilisateur”, qui est nominalement un fait d’êtres “conjugués”, c’est-à-dire s’obligeant les uns envers les autres ( civis ), évolution sociologique selon laquelle s’établit sa “culture”...

La migration constitue donc une procédure obligée afin de l’établissement tant de la “nature”, que de la “culture” de l'homme, selon sa civilisation.

Ainsi ces gens qui viennent massivement à nous ne sont-ils rien d’autre que ceux qui, selon ce qui constitue leur “vocation” de migrants, seront à l’origine de la “pro-vocation” de la nouvelle civilisation, selon une “conjugaison” des sédentaires et des arrivants s’obligeant les uns les autres, et qui, après que cette venue aura impliqué de très profonds changements, devra se constituer pour se substituer à notre actuelle civilisation agonisante, et désormais incapable de répondre à l’espérance des hommes, ainsi que nous le constatons...

C’est donc de la venue de ces hommes que va naitre, selon des contradictions qu’ils vont provoquer, lesquelles sont par principe “dynamiques”, la nouvelle civilisation qui devra absolument se substituer à l’actuelle, usée par les siècles...

C’est bien ce dont il s’agit ici, du tumulte subjuguant d’un nouveau “fait civilisateur” en gestation, et concernant une nation comme la France, nous observons là en direct et incrédules à ce qui deviendra pourtant mine de rien, le troisième grand événement fondateur de celle-ci, après la conquête romaine, et après l’invasion des Francs. Beaucoup de choses vont donc changer et il est clair que ce changement que secrètement tout le monde espère, ne peut pas et ne sera pas l’œuvre des sédentaires figés dans leurs habitudes, et il n’y qu’a constater leur effarant immobilisme actuel face à l’impéritie totale des gouvernants, pour s’en convaincre...

C'est d’ailleurs bien ce que comprennent, même si c’est encore confusément, les conservateurs, les réactionnaires, et les racistes, qui se réfugient dans leur refus de tout changement pour les premiers, leur refus du progrès pour les seconds, et leur refus de l’autre pour les troisièmes, ces refus étant suicidaires, car il confinent à un refus de “devenir”, étant entendu qu’on ne peut devenir que “autre” que ce que l’on est déjà. 

Or, telle est la loi paradoxale du temps, c’est de devoir changer afin de pouvoir demeurer, puisque ce changement affectant les êtres constitue la marque même du temps auquel ils sont soumis...

Dès lors, la lutte de ceux qui refusent tout changement, racial, social, et culturel, est-elle vaine. Car dans cette affaire ils ne luttent pas seulement contre des moulins à vent, mais contre le “vent de l’histoire” lui même qui les emportera et les vaincra. Ceci, étant entendu que cette “histoire” se fera quoi qu’ils fassent, que ce pays deviendra, qu’il ne pourra devenir qu’autre que ce qu’il est déjà, et que si tel ne devait être le cas, il périrait tout simplement, puisqu’il n’existe rien d’inscrit dans le temps, qui ne devienne, autrement dit qui ne change...

Notre difficulté d’aujourd’hui tient au fait que si les générations du passé pouvaient bénéficier d’un cadre d’existence d’apparence stable, parce que les changements s’y opéraient lentement, et qu’il leur était alors possible de s’établir en toute “familiarité” dans ce cadre, avec ceux qui leur demeuraient semblables, et à durée de leur existence, nous assistons maintenant à une accélération folle et inhumaine de ces changements, due à l’accélération que le système productiviste occidental, exporté partout sur notre planète, impose à toute celle-ci.

Les occidentaux sont ainsi curieusement, les premières victimes d'une accélération du monde qu’ils ont provoqué, mais qu’ils ne maitrisent plus, et toutes leurs démarches actuelles dans le sens de ce productivisme pour pouvoir traiter par l’économie, et non par une nouvelle fondation sociale, la question du chômage, ne peuvent faire qu’empirer encore les choses. Ce sont donc eux-mêmes qui se sont empoisonné leur existence, en s’imposant pour des nécessités productivistes, des changements qui auraient du se faire en douceur, dans la durée, et qui font que plus rien ne leur est familier. C’est ce qui leur donne ce sentiment confus d’être rendus étrangers à leur propre société, et duquel ils franchissent allègrement le pas pour accuser les étrangers d’être les responsables de leur inconfort...

En fait le piège dans lequel sont tombés les occidentaux qui d’un point de vue culturel, prétendent échapper à la contradiction, et qui n’imaginent pas que le contraire d’un fait puisse lui être lié dans le désastre, c’est que sans qu’ils l’aient soupçonné, il existe fatalement deux attitudes pareillement mortifères, l’immobilisme total qui est une attitude extrême qu’ils ont parfaitement identifié, et qu’ils ont combattu par le progrès, et inversement la fuite en avant, qui est l’excès de changement que par maladresse, ils ont continué à identifier au progrès.

C’est dans cette fuite en avant productiviste et consumériste, et selon laquelle des changements incessants qui ne laissent aucune chance à la familiarité de s’installer, se trouvent curieusement liés à un immobilisme social, politique, et idéologique total, que se trouve désormais engagée cette société qui constitue par ses modalités, une atteinte à “l’être” même de ses citoyens, les privant définitivement de bien-être...

C’est précisément cela qui sera remis en cause avec les nouveaux arrivants, et puisqu’il est clair que leur motivation est suffisamment puissante pour leur faire affronter tous les dangers pour accéder jusqu’ici, et que ce mouvement s’inscrit dans une logique historique que personne n’a la capacité de contrer, il serait souhaitable d’en convenir une bonne fois et de prendre des dispositions pour que tout cela puisse se passer d’une façon légale et organisée, afin d’éviter les drames comme celui qui vient de se produire au large de Lampedusa.


Paris, le 3 octobre 2013
Richard Pulvar

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