vendredi 8 novembre 2013

AUX COMMANDES DU TUPOLEV TU-160


Cet appareil est de conception déjà ancienne, les études ayant commencé en 1973, il a fait son premier vol en 1981, et est devenu opérationnel en 1987, mais il demeure cependant tout à fait impressionnant, même pour notre époque.

Il s’agit d’un bombardier stratégique russe, qui est donc capable d’emporter des engins nucléaires, bombes ou missiles. Il est à géométrie variable et il possède des performances tout à fait exceptionnelles.

Sa vitesse maximale est de 2200 km/h ( mach 2,1 ), sa masse en pleine charge est de 270 tonnes, il est propulsé par 4 puissants turboréacteurs Kouznetsov NK-32 de 24,5 tonnes de poussée chacun, ce qui avec un rapport de la poussée à la masse de 0,37, lui confère une vitesse ascensionnelle impressionnante même en pleine charge de 4000m/mn, pour atteindre un plafond de 15 000 m. Quant à son autonomie, elle peut atteindre 12 300 km...!

Il ne manque pas d’être observé à chacune de ses sorties, et lors d’une de ses visites au Venezuela, le président Chavez s’était offert de le piloter. Et, le fait qu’il demeure jusqu’à de nos jours, un engin redoutable, nous permet de remarquer que jamais il n’y eut autant de génie technologique développé que durant la guerre froide, et malheureusement, pour se préparer à une guerre chaude, et maintenant que cette guerre froide n’est plus, les ambitions et les puissantes motivations, tout comme les crédits, semblent avoir disparu avec elle.

En effet, les progrès et les innovations désormais se font rares, la voiture électrique que nous attendons n’est toujours pas là, et il est certain que si les militaires en avaient eu besoin, il y a bien longtemps que cela en aurait été fini avec les moteurs thermiques, et les bonnets rouges ne seraient pas obligés d’incendier des portiques d’écotaxe.

Le fleuron de notre aviation que nous tentons sans grand succès de vendre au reste du monde, le “Rafale”, est un avion qui date déjà de trente ans, alors que sur une même durée de temps, de 1950 à 1980, la même société des avions Marcel Dassault, a produit plus d’une quinzaine de modèles d’avions différents, et de plus en plus performants.

Une version civile du TU 160 avait été envisagée, mais elle a été abandonnée, il n’y a plus de transport civil supersonique, et quant à la conquête spatiale, il n’y a plus que les Chinois pour se passionner pour cela. Et, maintenant que les navettes américaines ont été mise à la casse, ce n’est encore qu’avec la bonne vielle Semiorka, cette fusée qui a emmené le tout premier homme dans l’espace, Gagarine, et qui date de 1957, qu’il est possible de se rendre à la Station Spatiale internationale...!

Bien sûr, nous ne pouvons par pour autant regretter cette époque de terreur que fut la guerre froide, où comme lors de la crise des missiles de Cuba, nous sommes passés et sans même le savoir, à un cheveu du cataclysme nucléaire. Mais, force est de remarquer, à notre époque où il n’y a plus que quelques gadgets électroniques, bien souvent sans grand intérêt, pour se prétendre être le progrès, que nous n’avons rien su trouver d’autre, pour générer la même ambition, la même détermination, et la même créativité, et surtout, pour générer autant d’activité.

Il nous faudrait une autre forme de compétition, pacifique celle-là, pour qu’il puisse y avoir une nouvelle ambition et de nouvelles passions, car rien ne se fait sans cela...


Paris, le 8 novembre 2013
Richard Pulvar

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