samedi 11 octobre 2008

LES TÉNÈBRES EXTÉRIEURE

ÉCRITURE

LES TÉNÈBRES EXTÉRIEURES

RAPHAËL CONFIANT


En librairie le 15 octobre 2008 432 pages – 20,95 €


Profession dictateur

En 1957, François Duvalier, dit Papa Doc, devient président de la première République noire du monde moderne, l’île d’Haïti. Depuis l’indépendance, le pays a connu une succession de coups d’État qui l’ont laissé exsangue. François Duvalier sera l’un des rares dirigeants à instaurer un pouvoir pérenne, laissant à sa mort le pouvoir à son fils, « Baby Doc ». Entre Tontons macoutes (miliciens au service du régime) et culte vaudou, culture française raffinée et démesure créole, une dictature insolite s’établit dans cette île des Caraïbes, à la fois proche mais différente de celle régnant dans les régimes latino-américains de l’époque.

Raphaël Confiant campe le personnage de Papa Doc et de ses principaux collaborateurs et pénètre dans les arcanes d’un régime qui, de l’extérieur, put paraître ubuesque ou folklorique, mais ne fut que le reflet de l’histoire extraordinaire et tragique d’Haïti. En contrepoint, il met en scène la résistance à la dictature au travers de personnages tels que l’écrivain Esteban Jacques qui, à la tête d’un commando, débarquera dans le nord de l’île pour tenter d’y établir un foyer de guérilla, ou du romancier et peintre Mark Estienne, résistant de l’intérieur.

Les Ténèbres extérieures est aussi le portrait du petit peuple haïtien dont la survie relève du miracle : vendeurs à la sauvette, joueurs professionnels de loterie, prostituées, paysans déracinés… C’est enfin une méditation sur la force corruptrice et la démence à l’œuvre dans tout pouvoir absolu.

Cinquante ans après le coup d’État manqué de 1958, qui permit à Papa Doc de consolider son pouvoir, Raphaël Confiant nous donne à lire un récit qui – pour la première fois en langue française – s’inscrit dans la veine latino-américaine des « romans de dictateur » illustrée par Miguel Angel Asturias (Monsieur le Président, sur Cabrera), Gabriel Garcia Marquez (L’Automne du patriarche, sur Pinochet), Roa Bastos et Vargas Llosa (La Fête au bouc, sur Trujillo).

Une fresque haute en couleur, lyrique et foisonnante,

dans le style franco-créole qui a fait la renommée de Confiant.


Né en 1951 à la Martinique, l’un des chefs de file du mouvement littéraire de la Créolité avec Patrick Chamoiseau et Jean Bernabé, Raphaël Confiant a d’abord publié des textes en langue créole, avant de rencontrer le succès avec ses romans en français, parus notamment aux éditions Grasset (Le Nègre et l’Amiral, prix Antigone 1988 ; Eau de café, prix Novembre 1991) et au Mercure de France (Adèle et la Pacotilleuse, 2005). Les éditions Écriture ont publié sa « trilogie sucrière » (Commandeur du sucre, Régisseur du rhum et La Dissidence), son essai-manifeste Aimé Césaire, une traversée paradoxale du siècle (2006) et son récit Nègre marron (2006).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.