dimanche 27 décembre 2009

Fin de régime préférentiel pour la banane antillaise


Les nouveaux droits de douanes de l’Union européenne favorisent la banane américaine.

Sale temps pour la banane antillaise. Après le cyclone Dean en 2007, c’est une autre tornade, cette fois-ci douanière, qui s’est abattue à la mi-décembre sur la principale production agricole de la Martinique et dans une moindre mesure de la Guadeloupe. Bruxelles a finalement dû renoncer au régime préférentiel qu’elle avait mis en place il y a 16 ans pour favoriser les exportations de ce fruit tropical en provenance des pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique). Il permettait à ces pays d’accéder au marché européen de la banane sans droits de douane mais a suscité une longue série de plaintes à l’OMC des pays latino-américains qui ont chaque fois abouti à une condamnation de Bruxelles.

La hache de guerre a été enterrée avec un accord entre les belligérants. Il prévoit ainsi que l’UE abaisse graduellement ses droits de douane sur les bananes, de 176 euros la tonne actuellement à 114 euros d’ici à 2017.

« Nous commencions à regagner notre part de marché d’avant le cyclone Dean, c’est-à-dire près de 40 % des ventes en France », souligne Philippe Ruelle, directeur de l’UGPBAN, le groupement des producteurs de bananes antillaises. Le problème de fond est que la banane de la zone dollar en Amérique latine a un coût de revient trois fois moins élevé que sa concurrente antillaise, à cause d’un coût de la main-d’œuvre bien moindre.

La pression commerciale

Les droits de douanes permettaient de « gommer en partie ce dumping social », souligne Philippe Ruelle. Arrivé en France, le colis de 18,5 kilos (norme d’expédition) de bananes équatoriennes revenait en effet avec des droits de douane de 176 euros la tonne, à 11,10 euros alors qu’il coûtait 4,05 euros au départ de son pays d’origine. Pour la banane antillaise ces chiffres étaient respectivement de 15,50 euros et 12,50 euros, la différence, soit 3 euros, étant les frais de port.

«La pression commerciale va être beaucoup plus difficile, souligne Éric de Lucy, président de l’UGPBAN. Nous allons devoir ouvrir des discussions avec la Commission européenne.»

Selon une étude publiée par l’ONG International Centre for Trade and Sustainable Development (ICTSD), l’accord devrait toucher les ACP de plein fouet, entraînant une chute de 14 % de leurs exportations tandis que celles des pays latino-américains croîtraient de 17 %. L’Union européenne a prévu une enveloppe pour compenser ce manque à gagner allant « jusqu’à 200 millions d’euros », selon un proche du dossier. «Nous ne sommes pas satisfaits du montant» accordé par l’Union européenne, a expliqué à l’AFP le chef du groupe ACP, l’ambassadeur du Surinam à Bruxelles, Gerhard Otmar Hiwat.

» La guerre de la banane prend fin

Éric de La Chesnais
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