samedi 16 janvier 2010

Haïti, un défi pour Barack Obama


Si le président des Etats-Unis engage d'énormes moyens pour aider le pays sinistré, c'est aussi parce qu'il n'a pas droit à l'erreur.

Au milieu du chaos, ce détail là n'est pas passé inaperçu à Washington: la première équipe de secouristes étrangers débarquée sur le sol haïtien jeudi 14 janvier était chinoise.

Celle des Américains, venue d'un pays distant de quelque centaines de kilomètres seulement, est arrivée deux heures plus tard. Nul ne doute que la célérité des autorités de Pékin à venir au secours de Port-au-Prince s'expliquait aussi par leur ambitions diplomatiques, commerciales et politiques dans la région des caraïbes et en Amérique Latine.

Quant aux Etats-Unis, premiers acteurs dans les environs, et sur la planète, premiers bailleurs de fonds bilatéraux de Haïti depuis 1993, il n'ignorent pas que de leur capacité à organiser le sauvetage de ce pays martyrisé dépend l'image «post-Bush» de la super puissance auprès du tiers-monde.

En attendant, ce tremblement de terre, pourtant survenu hors de leur frontières ressemble avant tout à une affaire politique intérieure. Port-au-Prince est la Nouvelle-Orléans de Barack Obama, et ce séisme un Katrina qui survient quelques jours avant le premier anniversaire de sa Présidence: la démonstration vivante de sa capacité de leadership, de la compétence de son administration à répondre à une catastrophe, ou à un défi de sécurité nationale.

Pour avoir lui même, durant toute sa campagne présidentielle, fustigé la réaction indigente de George Bush aux sinistres de Katrina, Obama sait qu'il n'a pas droit à l'erreur.

Clinton en coordinateur international
A l'énormité des moyens déjà engagés, près de 9000 soldats américains, un porte-avion et ses hélicoptères, s'ajoute l'investissement personnel du Président. Ce dernier signera de sa main, lundi, un essai à paraître à la Une de Newsweek, consacrée au tremblement de terre de Haïti. Ensuite, comme pour nier toute récupération, et estomper la polémique de Katrina par un symbole bipartite, la Maison Blanche a fait appel à George Bush pour codiriger les secours américains, au côté de l'ancien Président Bill Clinton, particulièrement investi dans l'aide à Haïti depuis son coup de force en faveur du président Aristide contre la junte militaire, en 1995.

Clinton, aujourd'hui identifié à sa puissante fondation pourrait apparaître comme un coordinateur international de premier ordre, en raison de sa notoriété, de son réseau incomparable de bailleurs de fonds et de ses relations apaisées et dépolitisées avec l'ONU pour les questions de développement.

Si Obama souhaite faire de Haïti le symbole de la hauteur de vue et de la nouvelle image de l'Amérique de 2010, il lui faut encore s'accommoder de la violence de ses opposants aux Etats-Unis.

Rush Limbaugh, star des animateurs de talk show de droite et figure politique du populisme Républicain a pu donner un avant-goût du ton des polémiques, et de la hargne conservatrice devant le nouvel élan de l'administration Obama : «Cela va jouer pour lui, dans le genre, humanitaire, compatissant. Il vont l'utiliser pour raviver leur , disons, crédibilité auprès de la communauté noire, y compris celle à peau claire, dans notre pays. Voilà pourquoi il fallait qu'il y aille. Il fallait qu'il y aille...»

Philippe Coste

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