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samedi 16 janvier 2010
La population affamée dévalise les magasins éventrés par le séisme
Haïti: Des policiers tirent en l'air pour disperser un groupe d'Haïtiens qui tentent de dévaliser un magasin de Port-au-Prince. Sans grand effet. Quelques instants plus tard, les sinistrés, que le désespoir a transformé en pillards depuis le séisme de mardi, reviennent à la charge.
Depuis que le séisme a rasé une bonne partie de la capitale haïtienne, commerces, administrations publiques et maisons sont devenus la proie d'une population affamée, à bout. La police - seul signe visible que l'Etat haïtien n'a pas été totalement décapité - a reçu l'ordre de ne pas tirer sur la population.
Ignorant la peur, les Haïtiens se jettent dans les entrailles des bâtiments en ruines pour aller chercher de l'eau, de la nourriture ou des biens susceptibles d'être revendus sur le marché noir. Et peu importe le risque qu'une réplique du séisme n'achève de mettre les maisons à terre et les enterre vivants...
"Ils volent n'importe quoi. Que cela leur serve ou non. C'est de la folie. Nous avons reçu l'ordre d'uniquement les disperser. Nous ne pouvons pas leur tirer dessus. Notre travail ne sert à rien. Nous ne sommes pas protégés et nous avons peur", confie Louis Jean Eficien, officier de la police haïtienne, alors qu'il confisque un extincteur à un petit groupe.
"Beaucoup de gens sont armés et les rues regorgent de délinquants, parce que tous les prisonniers se sont échappés. Pas loin d'ici, ils ont tiré sur des équipes brésiliennes", affirme un autre policier, armé en tout et pour tout d'une matraque.
Le chaos est total dans le centre commerçant du coeur de Port-au-Prince. Les travailleurs humanitaires étrangers ne peuvent travailler que sous la protection des Casques bleus de l'ONU.
"Nous sommes les premiers à nous aventurer dans cette zone. La situation est très délicate, c'est pour ça que nous sommes venus accompagnés de nos propres services de protection", raconte un responsable du contingent humanitaire du Costa Rica.
Samedi, en divers endroits de la ville, des personnes ont commencé à brûler des cadavres dans les rues. Le palais de Justice était en flammes.
Des milliers de sinistrés continuaient à prendre le chemin de l'exode, fatigués de dormir à la belle étoile, exténués par la faim et la soif.
"Laissez les morts pourrir et occupez-vous des vivants. Donnez-nous à manger", crie une femme au passage d'un camion de secouristes espagnols.
Les coups de feu fendent l'air de la ville de plus en plus souvent. Un petit groupe pique un sprint, les bras chargés...
"J'ai perdu 70% de mon magasin. On m'a tout volé", se désole Maxam Alcide, propriétaire d'un magasin de produits cosmétiques qui essaye de mettre le peu qui lui reste à l'abri, dans un camion.
A ses côtés, Jeanina Saint Georges, qui tient une épicerie, porte les mains à la têtes en signe d'effroi, en voyant l'état de son magasin.
"Jamais je ne saurai combien nous avons perdu. Mais nous sommes en vie, alors dans ces circonstances, les problèmes de ce type nous paraissent bien futiles", dit-elle.
"Mais c'est vrai, il n'y a plus d'autorité et nous sommes seuls face aux malfaiteurs", ajoute-t-elle.
Mais les magasins ne sont pas les seuls à être pris pour cible.
Les voleurs "pensaient qu'on avait abandonné notre maison et ils sont entrés pour nous dévaliser. On les a reçus avec des armes", indique Deslandes, posté devant sa maison partiellement détruite par le séisme et dans laquelle lui et sa famille continuent à vivre.
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