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samedi 16 janvier 2010
Le pays sera difficile à relever
Confrontés à l'insécurité et à l'absence d'État, les reconstructeurs doivent s'attendre à de durs moments
Alors que le monde découvre avec stupeur l'étendue du désastre haïtien au lendemain du tremblement de terre et que l'aide internationale commence à se mettre en place, surviennent les premières interrogations sur la reconstruction à venir.
Une tâche qui pourrait s'avérer immense, d'une nature proche de celle qui suivit le tsunami qui, en 2004, ravagea les cotes de l'Indonésie, du Sri Lanka, du sud de l'Inde, ainsi que le sud de la Thaïlande et l'île touristique de Phuket, provoquant la mort ou la disparition d'au moins 222 046 personnes (bilan officiel).
Si l'on ignore encore si les 100 000 morts haïtiens (estimation provisoire) susciteront le même élan de générosité à travers la planète que le tusnami de 2004, l'aide aux survivants comme la reconstruction pourraient en effet se heurter à des difficultés plus grandes en raison même de la situation qui règne en Haïti. Un pays qui se caractérise par sa désorganisation chronique, son absence d'infrastructures, une économie inexistante et une situation politique chaotique. Il n'est d'ailleurs pas étonnant que les États-Unis aient choisi d'adjoindre en urgence aux premiers sauveteurs envoyés sur place une brigade de 3 500 militaires et la France un détachement de 36 gendarmes mobiles basés en Martinique. L'insécurité qui règne à Haïti, où ce qui existe de gouvernement a toujours été dans l'impossibilité de faire respecter l'ordre, inquiète au plus au point les organisations non gouvernementales appelées à travailler sur place. Les scènes de pillage qui se succèdent depuis 48 heures dans les rues de Port-au-Prince, lesquelles sont régulièrement ponctuées de coups de feu, justifient d'ailleurs parfaitement cette crainte. D'autant que les casques bleus déployés sur place dans le cadre de Minustah, eux aussi touchés par le séisme, ne semblent pas en état de faire face à la situation.
La corruption qui gangrène l'administration haïtienne pourrait également représenter un écueil supplémentaire pour la suite des opérations, c'est-à-dire lorsqu'il s'agira de relever les ruines en prenant garde, cette fois-ci, d'enfin respecter les normes antisismiques qui s'imposent. Surtout dans un pays où le code de l'urbanisme relève de la notion abstraite.
R.R.
Et des risques de maladies
La situation sanitaire s'annonce périlleuse, dans un pays confronté à une misère endémique et privé de ses infrastructures essentielles. « Après une catastrophe naturelle, les cadavres ne transmettent pas de maladies », assure le Dr Brigitte Vasset de Médecins sans frontières. « Ce qui va créer des épidémies, ce sont les regroupements de population ». Les maladies les plus à craindre sont celles transmises par l'eau souillée : diarrhées, dysenterie, paludisme, choléra. « Si les gamins ne sont pas vaccinés contre la rougeole, il y a un risque d'épidémie », précise le Dr Vasset. « Les enfants de moins de 5 ans qui sont les plus à risque. »
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