mercredi 20 janvier 2010

Les Haïtiens voient en Barack Obama un sauveur et l'un des leurs


PORT-AU-PRINCE - Les survivants d'Haïti, première république indépendante à majorité noire, comptent sur le premier président noir des Etats-Unis pour sauver et reconstruire leur pays.

Barack Obama ne s'est pas encore rendu en Haïti, dévastée par le séisme du 12 janvier, mais son aura, ses promesses et sa couleur de peau inspirent confiance aux rescapés qui errent dans le dénuement le plus total.

"M. Obama a dit qu'il nous aiderait, qu'il nous sauverait. Je prie Jésus pour qu'il le fasse", dit Steeve Grange, lycéen de 18 ans rencontré à Port-au-Prince.

"Les Haïtiens sont très fiers de M. Obama", ajoute le jeune homme, qui, comme tant d'autres, profite du générateur d'une station de radio pour recharger son téléphone portable.

En 1804, Haïti a conquis son indépendance lorsque des esclaves ont renversé le pouvoir colonial français et constitué une république.

Dans le plus pauvre des pays caribéens, Obama est une star dans laquelle la population se reconnaît.

"Le fait qu'Obama soit le premier noir président des Etats-Unis et qu'Haïti soit la première république noire pourrait le pousser à être plus attentif aux besoins d'Haïti", analyse Patrick Moussignac, directeur de Radio Télévision Caraïbes, le plus important groupe de médias du pays.

"Tout comme les gens pensent qu'Obama se soucie d'Haïti, les Haïtiens se soucient d'Obama", ajoute-t-il.

HISTOIRE COMMUNE

Dans l'effroi de l'après-séisme, devant l'ampleur du travail à fournir pour la reconstruction, les Haïtiens ont oublié la méfiance que leur inspirent les Etats-Unis.

Les deux pays ont une histoire commune mouvementée. En 1915, les troupes américaines débarquent sur l'île: elles y resteront 19 ans.

Plus récemment, Washington a tenté de peser sur la politique intérieure haïtienne. La Maison Blanche est accusée d'avoir voulu bloquer l'aide à destination du pays car elle s'opposait à son premier président démocratiquement élu, Jean-Bertrand Aristide, un ancien prêtre catholique, charismatique pour les uns, populiste pour les autres.

Bill Clinton l'a aidé à revenir au pouvoir en 1994 après son renversement par l'armée, mais George Bush n'a pas bougé lorsque son deuxième mandat a été interrompu par un nouveau coup d'Etat.

Aujourd'hui, la plupart des Haïtiens ne parlent plus d'ingérence et réclament avec force que les troupes américaines aident les forces locales à rétablir l'ordre dans les rues de Port-au-Prince, livrées aux pillards.

"Il est grand temps que ces troupes soient déployées. Leur présence est cruciale pour aider à rétablir la sécurité dans nos villes dévastées", dit Yvon Jérôme, maire de Carrefour, une banlieue de la capitale défigurée par le séisme.

Barack Obama a été l'un des premiers dirigeants à réagir après l'annonce de la catastrophe, promettant immédiatement toute l'aide nécessaire à Haïti. "Une aide indéfectible", a-t-il renchéri le lendemain, annonçant 100 millions d'euros d'aide, l'envoi de troupes et d'un porte-avions.

Berly Renfort, né à Haïti, a vécu en Floride depuis l'âge de 6 ans, avant d'être renvoyé dans son pays pour une infraction. Lui aussi compte sur Obama et dit préférer passer dix ans dans une prison américaine qu'une journée de plus dans son pays.

"Au moins, en prison, on mange trois fois par jour", dit cet Haïtien de 21 ans, casquette des New York Yankees sur la tête.

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