vendredi 8 janvier 2010

A PROPOS DE NOUS MEMES - 10 JANVIER - ARTICLE 74


Il y a eu la significative mobilisation d’une importante partie du peuple Martiniquais en Février 2009.Le pays tout entier a bougé. Qui conteste que « PEYI-A Sé TA NOU » ?

Uniquement ceux qui s’opposent au droit imprescriptible de notre peuple à la libre disposition de lui-même et qui chaque fois que notre peuple est consulté sur son avenir veulent lui imposer le choix de l’immobilisme. Chaque fois on nous dit que nous ne sommes pas mûrs. Comme si nous étions des fruits à cueillir.

Je suis solidaire de la fraction du peuple martiniquais demandant de sortir de l’article 73 pour adopter l’article 74. Il s’agit de se mettre en situation de changement du et des modes d’administration du territoire martiniquais. Il est évident pour tout le monde que se faire appliquer cet article ne change rien à l’appartenance de la Martinique à la France. Le pays continuera d’être géré par des personnes élues de nationalité française affirmant de mieux en mieux (nous l’espérons tous) leur identité martiniquaise et caraïbéenne. Cela me parait positif et va dans le sens de la prise en main de nos affaires par nous-mêmes. Cela va dans le sens donc de notre désir collectif d’assumer avec nos moyens humains actuels ce que nous sommes en capacité de gérer.

Ce changement d’administration du pays ne va pas modifier fondamentalement nos existences. Nous ne serons pas sortis de la domination et de l’exploitation coloniales.

Cependant, ce changement va nous mettre en situation de prendre sur nos épaules nos problèmes :la formation ,l’emploi, le foncier ,l’eau ,la santé. Nous aurons le pouvoir de mieux identifier ceux qui polluent nos terres ,nos rivières et demanderons réparation. Une nouvelle manière de considérer notre littoral nous mobilisera à la protection de cet espace et à son ouverture à la libre circulation des personnes.

Nous pourrons aussi nous occuper de l’agriculture , de telle sorte qu’elle soit nourricière pour le plus grand nombre. C’est dire que nous nous opposerons franchement à la dilapidation des terres. Nous serons en mesure de faire l’inventaire des terres trop occupées par la banane. Production prétexte comme chacun le sait. Nous identifierons mieux notre patrimoine basé sur ce que nos ancêtres Caraibes, Africains, Indiens, Chinois, Européens ont construit. Bien entendu cela se fera d’autant mieux que nous saurons lire notre histoire du point de vue des dominés et pas seulement ni exclusivement du point de vue des dominants d’hier et d’aujourd’hui.

Puisque l’article 74 nous offre l’opportunité de nous positionner dans un processus de choix intelligents, nous serons en capacité d’éliminer la perspective « centre d’affaires »au profit de celle de centres de développement. Les gens savants qui nous entourent (je ne parlent pas de ceux qui font l’éloge de la peur) font la distinction entre la croissance et le développement. Ils savent (puisqu’ils l’enseignent )que le développement se mesure par le degré d’autosuffisance et d’autonomie d’un pays et de ses habitants ! Ils savent aussi qu’il faut casser les représentations du bonheur que nous offrent ceux qui sont à l’aise dans la finance et qui connaissent bien les meilleures astuces pour diriger l’économie de notre pays. Comme ils savent tout cela et bien d’autres choses, sans doute sont-ils déjà prêts à mettre leur science au service du développement plutôt que de leur carrière et privilèges.

Ainsi donc, avec cette fraction importante de notre peuple, désirant sortir de l’humiliation collective, désirant construire la solidarité nécessaire au contrôle de l’orientation de notre devenir collectif, je préfère œuvrer sous l’article 74 plutôt que de piétiner encore et encore dans le statut quo.

Le fait que l’Etat Français reconnaissent qu’il faille « d’un statut qui tienne compte des intérêts » de la collectivité montre que nos luttes ne sont pas vaines. Par tout petit pas ,à notre rythme ,nous vaincrons. Nous arriverons à faire reconnaitre un jour le droit de notre peuple à i sposer de lui même pleinement. Pour l’heure je participe de la fierté de toutes celles et de tous ceux qui disent oui au changement en sortant du statut actuel ; oui donc au 74.

Victor Permal
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