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jeudi 25 mars 2010
L'AUTRE DUMAS DE SAFFI NEBOU DUMAS TRAHI ! UN FILM NÉGATIONNISTE !
Alexandre Dumas, le grand auteur noir du 19ième siècle est interprété par le blondinet Gérard Depardieu dans le film de Saffi Nebou « L’AUTRE DUMAS ». Encore une histoire de fric. Une mémoire occultée, la mémoire du patrimoine culturel français. La pilule ne passe pas.
Petit-fils d’une esclave noire, fils d’un mulâtre, Alexandre Dumas, l’un des plus grands écrivains français du 19ième siècle, est aujourd’hui l’un des plus lus, des plus traduits et des plus adaptés. Ses cendres sont au Panthéon à côté de celles de Victor Hugo. Beaucoup ignorent ses origines et ce film les occulte totale-ment. Avec une telle production montée sur la réputation de ce grand homme, il était important de le montrer. Bouche cousue, on ne leur dira pas, na. A une époque où beaucoup de films biographiques soignés sortent tels que « INVICTUS » sur Mandela, «Gainsbourg, une vie héroïque», « la Môme » sur Piaf, « Coco et Igor » sur Stravinski, ce film fait tache et dévoile encore une fois le racisme qui règne dans le monde artistique français. Ce racisme qui nie et renie de plus belle. Il y a plus grave. Le sujet du film trahit la mémoire de Dumas : L’auteur des « Trois « Mousquetaires » aurait été incapable d’écrire seul, sans l’aide de son petit sauveur bien français, le scribouillard Auguste Maquet. Que veut le réalisateur ? Redorer le blason de Maquet et faire de DUMAS un voleur de langue ? Ce film est raciste au plus haut point et sans doute, s’en serait-on trop aperçu avec un autre casting.
Reléguant quelques acteurs noirs dans des rôles de bouffons lors d’une fête de carnaval, où habillés en laquais, ils ne font qu’ouvrir et fermer les portes de ces « beaux messieurs» du château de Monte-Cristo ou, descendre d’une corde à la Tarzan. C’est détestable. Ce film est écoeurant d’opportunisme. Depardieu, à la mise en pli impeccable, est un grand interprète, cela on le savait, mais ce que la plupart des gens ignorait, et pour cause, puisqu’on leur cache, puisqu’on leur ment, c’est que Monsieur Alexandre DUMAS était métisse. C’est trop dur de crier que celui qui a bercé leur enfance, qui les a fait rêver, était noir. Est-ce trop dur de porter à l’écran un homme noir au destin positif et de ne pas l’imaginer unique-ment en délinquant sans avenir, qui fout la merde dans les lycées de banlieue, ou qui fait du rap à sa sortie de taule ? Il faut l’assimiler, le blanchir, le nier afin qu’il devienne nôtre, le déposséder en sorte, de son âme, de son œuvre, de son être. L’annihiler...le tuer ! La génération Obama n’est pas pour les Français. Faudra - t’il attendre un siècle pour que la société française soit visible dans les médias et les Arts? Ce film est ringard. Quant à Poelevoord, il y est aussi médiocre que devait l’être ce petit Auguste Maquet suçant le sang du génie. Que signifie cette mascarade dans la réalité sociale ? Qu’un acteur métisse est au chômage comme bien d’autres, ignoré de tous comme bien d’autres, dans la galère comme bien d’autres, et encore une fois révolté, blessé, muet, anesthésié comme bien d’autres. Avant de faire jouer Dumas par un blanc, il aurait fallu le faire jouer par un noir. Ensuite l’on aurait pu dire : –« tout le monde peut tout jouer. Soyons ouverts, que diable ! » Et surtout toujours dans le même sens ! A part qu’ici nous ne sommes pas au théâtre mais au cinéma, là où le réel a un poids, là où l’historique doit faire sens. Ce film est tout simplement raté. Allez le voir malgré tout ; Ne serait-ce que pour rigoler car, en définitive, c’est pathétique de voir encore les blancs fantasmer sur des personnages qui les dépassent.
Sylvie LAPORTE
Dooryder express
La revue des arts du XXIième Siècle
mars 2010
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