Des sinistrés de plusieurs camps ont critiqué le gouvernement et réclamé de meilleures conditions de vie, lors d’une journée de réflexion organisée, ce lundi 23 aout 2010, par le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR).
A travers cette journée de réflexion, le GARR commémore la journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition, consacrée le 23 aout.
Considérant cette date comme une journée nationale des droits humains, le GARR a réuni plus d’une centaine de sinistrés autour du thème « Luttons pour faire respecter la dignité des sinistrés [du séisme du 12 janvier] en mémoire de nos ancêtres esclaves ».
Plusieurs témoignages ont été présentés à cette occasion par des personnes en provenance des centres d’hébergement de Tabarre Issa, Corail Cesselesse, Decauville (section communale de Lascahobas, département du Centre), Mayard et Kid (Christ Roi).
Outre le problème très souvent soulevé du logement, les témoignages ont dégagé d’autres difficultés auxquelles font face les quelques 1,5 millions de sinistrés, notamment la violence, l’insalubrité, le non-déblaiement des quartiers, le manque d’accès aux soins de santé et à l’éducation.
Au camp Mayard par exemple à Christ Roi (quartier du secteur est de Port-au-Prince), les sinistrés ne disposent pas d’eau potable, ni de sanitaires ; ce qui fait pulluler les parasites comme les rats et des insectes, selon le témoignage de Jannette Musac.
Au camp de Decauville (département du Centre, à plus de cent km de Port-au-Prince) qui héberge près de 300 personnes, les déplacés vivent au bord de l’insécurité alimentaire et n’ont pas d’électricité, alors que le camp est à seulement trois minutes du barrage hydro-électrique de Péligre, s’indigne Fédé Renel.
La situation des enfants inquiète, elle aussi, suivant plusieurs témoignages.
« Les parents n’ont plus aucun contrôle sur leurs enfants », rapporte Allande Laguerre, vice-président du comité du Camp Kid, à Christ-Roi. Comme conséquence de cet état de fait, il cite des cas de plus en plus nombreux de grossesse précoce et de « plaçage » (union libre) entre des adolescents de moins de 17 ans.
Allende Laguerre signale également des violences de genre au camp Kid qu’il met en lien avec la frustration et la misère.
Par ailleurs, les organisations humanitaires ont, elles aussi, essuyé le feu de certaines critiques les blâmant d’utiliser le désespoir des victimes du séisme dans les camps comme une vitrine pour leur action. Le programme « Cash for work » (Travail contre argent) est assimilé à du chômage déguisé par les intervenants et intervenantes.
De plus, les sinistrés ont appelé les habitants des camps présents à la journée de réflexion à s’unir pour mieux formuler leurs revendications.
« Il ne suffit pas seulement de réclamer plus d’autorité de la part de l’Etat, nous autres citoyens haïtiens avons également notre rôle à jouer… Nous tous, jeunes, adultes, vieillards, déclarons que notre dignité ne doit plus être bafouée », affirme Petit Frère Auguste du camp de Corail Cesselesse (13 kms de Port-au-Prince).
La célébration de la journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition a été instituée, en 1998, par l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO), dans l’idée de graver, dans la mémoire des peuples, cette tranche de l’histoire de l’humanité que constituent la traite négrière et l’esclavage.
La date 23 août a été retenue parce qu’elle correspond à celle du soulèvement général des esclaves de St Domingue, dans la nuit du 22 au 23 août 1791, et du début de la révolution ayant abouti à la proclamation de l’indépendance d’Haïti en 1804 par les chefs insurgés
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