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16/11/2010 09:37:35
Haïti - Social : Émeute à Cap-Haïtien, 16 blessés, 2 morts
Lundi, une importante manifestation, initialement pacifique, à Cap-Haïtien, une ville située à près de 300 km au nord de la capitale Port-au-Prince, à rapidement tournée à la violence et à l’émeute. Les manifestants réclamaient le départ de la Minustah du pays et une meilleure gestion de la crise sanitaire. En début d'après-midi, des manifestants avaient coupé l’accès du pont qui relie les départements du Nord et du Nord-Est.
Les forces de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (Minustah) et la Police Nationale Haïtienne (PNH) sont rapidement intervenus afin de tenter de disperser les manifestants en colère, a coup de gaz lacrymogène.
Plusieurs centaines (des témoins parlent de plusieurs milliers) de manifestants, armés de bâtons et de barre de fer, ont réagit en jetant des pierres et tes bouteilles sur les forces de l’ordre. Les manifestant ont essayé en vain, d’atteindre deux bases de la Minustah au Cap-haïtien, l'une occupée par des chiliens et l'autre par des népalais pour leur demander de quitter la ville et le pays. Les citoyens appelaient les autorités à assumer leurs responsabilités, d’autres lançaient des slogans hostiles au gouvernement.
De plus, la population accuse les autorités sanitaires de mal gérer le choléra. L’épidémie de choléra a déjà fait plus de 200 morts dans le Nord du pays dont une centaine à Cap-Haïtien, selon un responsable local du ministère de la Santé. Des cadavres de personnes mortes de choléra jonchaient pendant le week-end les rues de la ville. « Au moins 20 cadavres ont été ramassés depuis vendredi par les autorités sanitaires » a rapporté un responsable de la ville.
La tension est rapidement montée et des barricades de pneus enflammés ont été érigées dans plusieurs rues de la ville, deux sous-commissariats ont été incendiés et des véhicules qui se trouvaient à l'intérieur ont été incendiés, des pare-brises de véhicules ont été cassés, a rapporté la police.
Les forces de l’ordre ont fait usage de leurs armes. Vincenzo Pugliese, porte-parole de la Minustah a déclaré dans un premier temps que c’était les policiers nationaux qui avaient tiré. Une Information rejetée par Canéus Joanis, le directeur départemental de la PNH qui a tenu a préciser, que des instructions avaient été données aux agents pour ne pas utiliser leurs armes « Nous n'avons pas tiré » a affirmé le directeur « Nous sommes intervenus pour disperser la manifestation ». Il n’a toutefois pas été en mesure de préciser d'où venaient réellement les tirs qui ont blessé des manifestants et fait deux morts. Il n'a pas écarté qu'il y ait eu des gens armés dans la manifestation qui auraient tiré sur les forces de l’ordre.
Ces émeutes ont fait 2 morts par balles et au moins 16 blessés dont 2 sont dans état grave d’après une source policière. Le corps d’un des deux manifestants tué a été retrouvé devant une base de la Minsutah à Quartier-Morin, une localité de la banlieue de Cap-Haïtien. Une enquête a été ouverte pour déterminer avec précision les circonstances de ce décès.
Le juge de paix Bimps Noël, qui a fait le constat des décès à déclaré en parlant des casques bleus « Dans un premier temps, ils ont tiré pour disperser les manifestants et, dans un deuxième temps, j'ai l'impression qu'ils ont tiré à hauteur d'homme »
Le Dr Yves Jasmin, directeur départemental du ministère de la Santé à indiqué avoir reçu de nombreux blessés, précisant que l’usage de grenades lacrymogènes à fait des blessés, ainsi que les mouvements de foule. Il n’a pas pu préciser le nombre exacte des blessés ni les 2 blessés graves.
Plus tard dans la journée, les forces onusiennes ont reconnu avoir tiré sur un manifestant « Il s'agit d'un manifestant qui a tiré en direction d'un soldat, et le soldat a riposté en légitime défense » a affirmé le porte-parole de la Minustah, qui déplore les actes de violence contre les forces de l’ordre haïtienne et onusienne survenus au cours des manifestations violentes au Cap-Haïtien.
« La façon dont les événements se sont déroulés porte à croire que ces incidents ont une motivation politique, visant à créer un climat d'insécurité à la veille des élections » a déclaré la Minustah dans un communiqué, appelant la population à rester vigilante et à ne pas se laisser manipuler par des ennemis de la stabilité et de la démocratie.
Le candidat a la présidence, Leslie Voltaire qui était en campagne dans la région du grand Nord, a appelé les autorités sanitaires et leurs partenaires internationaux à intervenir de manière a calmer la population et a lui redonner confiance « La réponse doit être sanitaire et rapide et non policière, sinon ce mouvement risque de gagner d’autres régions du pays ».
Des tirs ont été entendus jusqu'en fin de journée dans le quartier de Carrénage. Au Cap-Haïtien, la situation était toujours tendue dans la nuit de lundi à mardi. Selon des témoins, des tirs sporadiques ont été entendus dans la ville, tandis que des bandes de pillards avaient commencé à saccager un entrepôt de nourriture d'une organisation internationale. Les citoyens du Cap ont annoncé la poursuite de leur mouvement.
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