"Des rencontres intensives entre le secteur privé des affaires, la communauté internationale et les principales parties liées à la crise électorale naissante ont débouché, ce lundi, sur le surprenant revirement des deux plus gros candidats qui avaient apporté leur soutien à « l'Alliance du Karibe », a appris Le Nouvelliste d'une source proche des négociations.
Michel Martelly et Mirlande Manigat, se sont désolidarisés du groupe et n'ont pas assisté à la conférence de presse donnée par les dix candidats contestataires restants, a constaté lundi après-midi Le Nouvelliste. Ils n'ont pas non plus signé la lettre formelle envoyée au CEP par le groupe pour réclamer l'annulation des élections du 28 novembre 2010.
Cherchant à comprendre les dessous du revirement spectaculaire de Michel Martelly qui avait conduit une manifestation hier dans les rues de Port-au-Prince et de Mirlande Manigat qui avait été la première à réclamer l'annulation des élections, Le Nouvelliste a appris que des négociations sont en cours depuis dimanche pour ramener à la raison ces deux candidats, potentiels gagnants d'un ticket pour le deuxième tour.
Le secteur privé haïtien a mis en place une véritable machine pour essayer de corriger la « légèreté » des candidats qui ont demandé l'annulation des élections dans une déclaration lue par Josette Bijou au nom d'un groupe de douze candidats, dimanche, vers une heure de l'après-midi, au Karibe Convention Center, a appris Le Nouvelliste.
« Depuis que la déclaration a été diffusée sur les ondes, des responsables du secteur privé ont pris contact avec les candidats de façon individuelle pour leur demander sur quelle base ils avaient arrêté leur décision et pour essayer de les ramener à la raison », a indiqué au Nouvelliste une source proche des négociations avec les plus importants candidats.
« Nous leur avons bien expliqué qu'aucune des informations qui nous étaient parvenues ne justifiait l'annulation des élections, même si nous reconnaissons qu'il y avait des incidents dans un certain nombre de bureaux de vote. Moins de cinq cents sur plus de onze mille », a poursuivi notre interlocuteur sous couvert de l'anonymat.
« Dimanche, quand on écoutait dans les médias, la liste des irrégularités était impressionnante. En fait, on ne parlait nulle part, ou très peu, des endroits où le processus se déroulait sans incident » a avancé notre source.
« On a vu les arbres, pas la forêt », a conclu notre source.
D'autre part, Le Nouvelliste a appris que dès dimanche soir, des réunions avaient été tenues entre le secteur privé des affaires, la présidence, la communauté internationale et les principaux candidats pour éviter que cette déclaration de « l'Alliance du Karibe » ne débouche sur une vraie crise électorale.
Des remontrances ont aussi été adressées aux organismes de composante nationale qui surveillaient la bonne marche des élections. Des déclarations hâtives faites dimanche matin avaient précipité la prise de la décision des candidats du Karibe, a appris Le Nouvelliste.
Toute la journée de lundi, les amis d'Haïti ont insisté sur la nécessité du dialogue et de la recherche des voies de solution pour éviter au pays une crise électorale.
Le secteur privé haïtien, qui a financé en partie, mais à coup de millions de dollars, la campagne électorale la plus coûteuse de l'histoire du pays, dispose, pour la première fois, d'un levier puissant pour convaincre les candidats à entendre raison.
A l'instar du secteur privé dominicain qui sert souvent d'interlocuteur privilégié lors des crises politiques en République voisine, le secteur privé haïtien ambitionne de s'installer dans un nouveau rôle en appui au processus démocratique en Haïti.
La politique en Haïti a cependant des règles non écrites, qui bousculent toutes les combinaisons gagnantes dans les autres pays.
Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com
– Envoyé à l'aide de la barre d'outils Google"
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.