Depuis son retour, Jean Claude Duvalier avait promis une conférence de presse mais avait gardé le silence. Hier depuis sa résidence à Montagne noire, l'ex-Président dictateur à fait son premier discours devant la «presse». Nous publions la retranscription intégrale de ce discours.
Chers amis de la presse,
Je vous remercie d'avoir répondu à mon invitation de ce jour et saisis cette opportunité qui m'est offerte de m'adresser a mes concitoyens.
Très brièvement, je vous dirai combien j'ai été favorablement impressionné par l'accueil qui m'a été réservé depuis l'Aéroport International François Duvalier pour cette visite, surtout par cette foule de jeunes qui ne m'ont pas connu.
Cela donne chaud au cœur. M di yo mèsi anpil, m'te kontan viv moman sa-a. (Je leur dis merci beaucoup, j'ai été heureux de vivre ce moment là)
Cela dit, je sais à quel point nombre de vous sont curieux de savoir l'objet de mon retour à Port-au-Prince après un quart de siècle d'absence. Cette question est sur toutes les lèvres.
En effet, j'ai voulu rendre un hommage aux nombreuses victimes du séisme dévastateur du 12 janvier 2010 qui a fait, selon des estimations officielles, 316.000 morts. Malheureusement, je ne suis pas arrivé à temps pour cette commémoration.
Chers compatriotes,
Me voici revenu vous témoigner de ma solidarité en cette période extrêmement difficile de la vie nationale où vous êtes encore des centaines de milliers à vivre à la belle étoile, au milieu des ruines. Dès l'instant que j'ai pris la décision de revenir en Haïti pour commémorer avec vous, dans notre pays, ce triste anniversaire, je m'attendais à toute sorte de persécutions ; mais croyez-moi, le désir de participer à vos côtés, à cette Konbit pour la reconstruction nationale, dépasse de loin les tracasseries auxquelles je pourrais être confronté… Peu importe le prix à payer, l'essentiel pour moi étant de me trouver avec vous. Et j'affirme qu'à ce titre, tous les Haïtiens et Haïtiennes de bonne volonté ont le droit de vouloir y prendre part.
Je saisis cette occasion pour présenter publiquement mes sympathies à mes millions de partisans qui, après mon départ volontaire d'Haïti, afin d'éviter un bain de sang et de faciliter le dénouement rapide de la crise politique, en 1986, ont été livrés à eux-mêmes. Des milliers ont été lâchement assassinés, boucanés, grillés, suppliciés au « pè lebrun », mot devenu tristement célèbre ; leurs maisons, leurs biens pillés, déchoukés , incendiés. Et tout cela, sous les feux des caméras du monde entier.
Je saisis aussi cette occasion pour exprimer, une fois de plus, ma profonde tristesse à l'endroit de mes compatriotes qui se reconnaissent, à juste titre, d'avoir été victimes sous mon gouvernement.
Jeunesse de mon pays,
Durant mon long séjour en France, j'ai toujours été attentif à vos cris et à vos malheurs. J'ai vécu vos moments difficiles avec beaucoup de peine et de chagrin. C'est à vous, futurs leaders de ce pays, qu'il convient d'assumer la relève et montrer au monde que l'âme haïtienne est bien vivace et forte.
Et comme pour parodier le Révérend Martin Luther King : « quand vous ferez en sorte que la cloche de la réconciliation nationale puisse résonner dans tous les cœurs et que nous la laissions carillonner dans chaque commune, dans chaque ville, dans chaque quartier , dans chaque foyer, alors, nous pourrons hâter la venue du jour où tous les enfants d'Haïti, hommes et femmes, vieux et jeunes, riches et pauvres, ceux de l'intérieur comme ceux de la diaspora, puissent marcher la main dans la main sans exclusion et participer ensemble à la renaissance d'Haïti ».
Tel est le message de mon retour.
Vive Haïti ! Que Dieu nous bénisse !
Merci
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.