PORT-AU-PRINCE — Des candidats à la présidentielle en Haïti ont appelé la population à manifester dimanche pour réclamer l'annulation du scrutin en raison des fraudes, alors que les plaintes s'accumulent contre l'ex-dictateur Jean-Claude Duvalier, revenu en Haïti en pleine crise politique.
La publication des résultats préliminaires du premier tour début décembre avait suscité trois jours d'émeutes dans le pays le plus pauvre du continent américain. Une mission d'enquête de l'Organisation des Etats américains (OEA) a conclu que des fraudes avaient faussé les résultats.
"Il n'y a qu'une seule voie, c'est l'annulation totale des élections", a assuré Jean-Henry Céant, un des douze candidats à la présidence qui ont appelé les Haïtiens à manifester dimanche matin dans la capitale Port-au-Prince.
Le second tour de l'élection, initialement prévu le 16 janvier, a été repoussé sine die, tandis que l'OEA a recommandé de rétrograder en 3e position le candidat du pouvoir Jude Célestin (22%) et de qualifier le chanteur populaire Michel Martelly (21%), en le portant à la deuxième place derrière l'ancienne Première dame Mirlande Manigat, arrivée en tête avec 31% des voix.
Vendredi, le tribunal électoral haïtien a commencé à enregistrer les premières contestations du scrutin du 28 novembre, avant la publication des résultats définitifs du premier tour par le Conseil électoral haïtien (CEP) le 31 janvier, selon l'ONU. Charles Henry Baker, un candidat à la présidence, a introduit une demande d'annulation du scrutin.
Michel Martelly, alias "Sweet Micky", a pour sa part appelé vendredi ses partisans à se mobiliser "pour faire respecter le rapport de l'OEA".
"Le rapport des experts montre que nous sommes en deuxième position, si ces résultats ne sont pas respectés, nous allons manifester pacifiquement dans les rues", a averti M. Martelly.
Sur un autre front, la justice haïtienne est saisie d'une accumulation de plaintes individuelles contre Jean-Claude Duvalier, après son retour au pays à la surprise générale le 16 janvier, à la suite de 25 ans d'exil en France.
Six plaintes ont déjà été déposées contre le "président à vie" (1971-1986) pour violation des droits de l'homme, et d'autres pourraient suivre, a affirmé à l'AFP le procureur général Aristidas Auguste.
M. Duvalier est déjà poursuivi par la justice haïtienne pour corruption, détournement de fonds publics et association de malfaiteurs.
"Bien sûr beaucoup d'autres personnes vont déposer plainte" maintenant que M. Duvalier est revenu, a estimé vendredi le magistrat. "On ne sait pas vraiment quand on cessera de recevoir des plaintes. Même au procès, si on arrive à ce stade, quelqu'un apparaîtra en disant qu'il a été une victime".
Alors que l'entourage de M. Duvalier, 59 ans, a indiqué que celui-ci ambitionnait de redevenir président d'Haïti, l'ancien homme fort du pays a assuré être revenu pour "aider" les Haïtiens, se disant triste "pour les victimes" de son gouvernement.
Selon des experts et des associations de défense des droits de l'homme, M. Duvalier serait en fait revenu en Haïti dans le cadre d'une manoeuvre qui lui permettrait de retrouver ses avoirs bloqués en Suisse.
Le gouvernement suisse estime que M. Duvalier a volé entre 400 et 900 millions de dollars à son pays pendant ses 15 ans passés à la tête d'un régime notoirement corrompu et violent fondé par son père François en 1957.
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