lundi 14 mars 2011

En Martinique, l’héritage d’Aimé Césaire reste disputé

Claude Lise


Après avoir conquis la région en 2010, Serge Letchimy, député et maire apparenté socialiste de Fort-de-France, espère ravir le département avant la mise en place de la collectivité unique en 2012

Le scrutin des 20 et 27 mars sera déterminant pour définir le paysage politique de l’île, avant la mise en place de la futurecollectivité unique en 2012. La Martinique sera, comme la Guyane, dotée dans dix-huit mois d’une assemblée unique, c’est-à-dire d’une structure fusionnant le conseil régional et le conseil général.

Depuis la grande grève générale de février 2009, la Martinique a déjà connu d’importants changements politiques. Le conseil régional, qui était détenu par le Mouvement indépendantiste martiniquais (MIM) et son leader Alfred Marie-Jeanne, est passé, en 2010, aux mains du Parti progressiste martiniquais (PPM) de Serge Letchimy, député-maire apparenté SRC (socialistes-républicains-citoyens) de Fort-de-France et ancien dauphin d’Aimé Césaire.

Or, c’est le Mouvement indépendantiste qui avait impulsé, courant 2009, la dynamique en faveur du changement de statut institutionnel en s’alliant au Rassemblement démocratique de la Martinique (RDM) de l’autonomiste Claude Lise, sénateur apparenté socialiste, et surtout président du conseil général depuis 1992.

Un statut disputé

Alfred Marie-Jeanne et Claude Lise ont reconduit leur union, face à Serge Letchimy. Favorable sur le plan institutionnel à un statut de plus grande autonomie vis-à-vis de la métropole, prévu par l’article 74 de la Constitution, le tandem Lise-Marie-Jeanne n’avait pas réussi à obtenir gain de cause lors de la consultation référendaire du 10 janvier 2010, les Martiniquais ayant repoussé cette perspective à 78,9 %.

Serge Letchimy, 58 ans, avait défendu le statut de collectivité unique dans le cadre de l’administration territoriale française, une option approuvée à 68,3 % lors d’un second référendum, le 24 janvier 2010.

Dans la foulée, Serge Letchimy était élu à la tête du conseil régional. Il met aujourd’hui tout son poids politique dans ce scrutin pour que le PPM devienne le maître du jeu en 2012, lorsque l’assemblée unique sera installée. Aux élections régionales de l’an dernier, il avait ferraillé contre Alfred Marie-Jeanne, 74 ans, député GDR (Gauche démocrate et républicaine), ancien professeur de mathématiques, qui s’était imposé à la gauche d’Aimé Césaire dans les années 1970.

L'assemblée unique sera installée en 2012

Cette fois-ci, il affrontera donc Claude Lise, 70 ans, ancien médecin, qui avait rejoint le PPM en 1978, avant de le quitter en 2006 en raison de désaccord sur les questions institutionnelles. Si le maire de Fort-de-France est élu, il l’emportera définitivement. Lui, qui n’était pas pressé pour l’assemblée unique – il la souhaitait pour 2014 – serait mis en selle plus tôt que prévu. «Ce serait une ruse de l’histoire », pronostique son entourage.

Le RDM n’affiche pas moins une confiance sereine en « une revanche » possible, Claude Lise multipliant les visites de ses réalisations dans les cantons. Urbaniste de formation, Serge Letchimy préfère vanter son plan de relance régional, qui accorde des aides financières aux communes pour les aider à réaliser des projets ajournés. En marge de ce duel, la droite locale donne l’impression de continuer à piétiner.
Jean-Marc PULVAR, à Fort-de-France

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