vendredi 4 mars 2011

Mirlande Manigat veut la suspension des déportations d’haïtiens par Washington

Les compatriotes ou citoyens américains renvoyés en Haïti après avoir été condamnés aux Etats-Unis constituent un "fardeau" de plus pour le pays, a dénoncé à Montréal la candidate démocrate-chrétienne qui, en cas de victoire, sollicitera de l’administration Obama un moratoire

vendredi 4 mars 2011,


La candidate Mirlande Hyppolite Manigat a annoncé vendredi à Montréal son intention de "négocier" avec l’administration Obama la fin des déportations de ressortissants haïtiens condamnés par la justice américaine.

Interrogée par l’AFP, en marge d’une conférence de presse à Montréal où elle est en visite, la dirigeante du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes a fait savoir que la reprise, depuis janvier, des opérations, après un moratoire post-séisme d’un an, représentait pour Haïti un "fardeau" supplémentaire.

"Même ceux qui ont pris la nationalité américaine, ils sont expulsés !", a déploré l’aspirante à la Présidence qui sera opposée au second tour à son rival Michel Martelly.

Dans la foulée, Mme Manigat affirme que les américains "ont un problème carcéral, ils n’arrivent pas à réhabiliter ceux qui sont en prison et c’est une solution de facilité de les expédier dans leur pays d’origine".

Soulignant la nécessité pour le pays de trouver un compromis avec Washington, elle ajoute "il faudra négocier avec les Etats-Unis, leur faire comprendre que cela augmente le taux de criminalité en Haïti. Ca peut leur permettre peut-être d’alléger leur responsabilité, mais ils nous refilent allègrement un fardeau".

Le mois dernier, la commission interaméricaine des droits de l’homme avait exhorté les autorités américaines à suspendre les expulsions parvenues au nombre de 27 depuis la fin du moratoire qui avait été décrété en faveur des haïtiens ayant un casier judiciaire, après le tremblement de terre dévastateur du 12 janvier 2010.

La CIDH avait précisé qu’un des individus expulsés, il y a un peu plus d’un mois, "est mort dans une prison haïtienne pour une raison non encore établie, avec des symptômes de choléra".

"Non seulement il n’y a pas de mécanisme d’accueil de ces haïtiens, ces jeunes expulsés, mais (en plus) il n’y a pas de moyens pour les accueillir : nous aussi en Haïti nous avons une surpopulation carcérale qui est épouvantable", a expliqué Mirlande Manigat pour qui ce dossier représente un sujet de préoccupation.

Souvent, certains des déportés ont un passé criminel lourd.
Après avoir enchaîné une série de meetings de masse globalement réussis et obtenu le soutien de plusieurs secteurs, la professeure de droit constitutionnel a entamé jeudi à Montréal une tournée de cinq jours dans la diaspora qui doit le conduire également à Miami.

Mme Manigat, qui a prévu de rencontrer ses partisans et récolter des fonds pour sa campagne, regagnera Port-au-Prince lundi.

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