WASHINGTON — C'est un fait communément admis depuis des mois: le président américain Barack Obama est en bonne position pour remporter l'élection présidentielle de 2012, en partie grâce à l'incertitude qui plane dans le champ politique républicain.
Néanmoins, les plus récents sondages indiquent que l'élection de 2012 est loin d'être gagnée pour le président. Depuis qu'il a annoncé qu'il serait de nouveau candidat, il y a deux semaines, ses taux d'approbation ont baissé progressivement, alors que les Américains fulminent contre la hausse du prix de l'essence et les difficultés persistantes de l'économie du pays.
Un sondage ABC/Washington Post donne au président un taux d'approbation de 47 pour cent, soit 4 pour cent de moins que dans un sondage similaire réalisé il y a un mois.
Pour la Maison-Blanche, le chiffre le plus inquiétant de ce sondage est probablement celui-ci: parmi les électeurs indépendants, qui constituent désormais le plus grand et le plus puissant groupe d'électeurs aux États-Unis, le taux de désapprobation des politiques de Barack Obama a grimpé à 55 pour cent. Remporter le vote des indépendants sera la clé de la victoire présidentielle de 2012.
Un autre sondage, mené par Gallup, montre que durant son neuvième trimestre à la Maison-Blanche, Barack Obama a obtenu le taux d'approbation le plus bas de sa présidence, qui est passé de 43 pour cent à 41 pour cent lors de deux sondages menés plus tôt ce mois-ci.
Un sondage Rasmussen Reports publié jeudi montre de son côté que seulement 22 pour cent des électeurs susceptibles de se rendre aux urnes pensent que les États-Unis se dirigent dans la bonne direction. Ce taux est comparable au taux le plus bas de la présidence d'Obama, à la mi-mars.
«Quand vous êtes président, vous êtes tenu responsable des événements, que vous en soyez responsable ou non», a dit David Axelrod, un stratège de Barack Obama, au Wall Street Journal. «Cela fait partie du jeu.»
Tous les signes suggèrent qu'à moins d'une amélioration significative de l'économie au cours des 19 prochains mois, Barack Obama pourrait être défait aux urnes, en particulier si les républicains choisissent un candidat respecté du courant dominant, comme Mitt Romney, Mike Huckabee, Jon Huntsman ou Tim Pawlenty.
Mitt Romney est en effet considéré comme le candidat républicain le plus susceptible de battre Barack Obama, selon le sondage ABC/Washington Post. Reste à voir si la base républicaine, qui comprend un grand nombre de chrétiens évangéliques, sera prête à choisir un candidat mormon pour la représenter.
Un observateur fait remarquer qu'il reste encore beaucoup de temps avant les élections et que la situation pourrait encore changer.
«L'économie commence à se relever un peu, alors pendant que ses résultats dans les sondages sont bas, toute amélioration de la situation économique sera à son avantage», a estimé Victoria Mantzopolous, professeure de science politique à l'Université Detroit Mercy.
«Je vois des similitudes avec la situation à laquelle Ronald Reagan faisait face à la même période de sa présidence. L'économie a commencé à s'améliorer, ses scores ont commencé à remonter et il a été réélu.»
D'autres voient des parallèles avec la situation de 1992. Alors que l'économie était en difficulté et que le taux de chômage avait grimpé à 8 pour cent, la réélection de George H.W. Bush semblait assurée compte tenu de la prétendue faiblesse des candidats démocrates.
C'est alors qu'est arrivé Bill Clinton, dont le stratège de campagne, James Carville, a mis de l'avant la priorité des électeurs américains cette année-là, avec la célèbre phrase: «C'est l'économie, idiot!» («It's the economy, stupid!»)
Les démocrates ont choisi Bill Clinton comme candidat, et en juillet 1992, il était plus populaire que George H.W. Bush et se dirigeait vers deux mandats présidentiels.
À Washington, les démocrates comme les républicains estiment que Barack Obama pourrait facilement défaire d'éventuels candidats comme Sarah Palin ou Donald Trump, ce qui explique pourquoi certaines des personnalités les plus conservatrices des États-Unis s'opposent depuis des semaines aux aspirations présidentielles de candidats marginaux.
Le venin qu'ils crachaient depuis des mois contre Sarah Palin se retourne maintenant vers le milliardaire Donald Trump, dont les récentes déclarations mettant en doute le lieu de naissance de Barack Obama ont fait sourciller certains électeurs républicains.
Un chroniqueur du Washington Post, Charles Krauthammer, a estimé que Donald Trump était le nouveau Al Sharpton des républicains, en référence au militant afro-américain qui avait tenté d'obtenir l'investiture démocrate en 2004, et que plusieurs estiment aujourd'hui largement discrédité.
Karl Rove, l'ancien stratège en chef de George W. Bush, a taillé en pièces les déclarations de M. Trump, estimant que le magnat de l'immobilier faisait partie de la «droite cinglée» et qu'il ne pouvait être considéré comme un potentiel candidat républicain.
Lee-Anne Goodman,
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