mardi 31 mai 2011

ARRÊTONS LE DÉLIRE RACISTE


Semaine après semaine, le gouvernement et l’UMP se répandent en propos racistes. Derrière les prétendues menaces que représenteraient les immigrés, se cache une volonté de diviser les travailleurs pour mieux les dépouiller.


Une fois de plus, Guéant reprend à son compte le discours du FN sur l’immigration et déclare cette semaine « on n’a pas besoin de maçons, de serveurs de restaurant [immigrés NDLR]. Il y a en France de la ressource parmi les Français…


Il y aurait un grand tort des familles républicaines à laisser au Front l’exclusivité des souffrances des Français. Et on devrait être ravi qu’un parti politique s’empare d’un problème pour le régler de façon républicaine ». Une fois de plus, l’UMP, par la voix de Copé, veut lancer un débat « sans tabous », cette fois sur l’immigration. Depuis 2002, la droite ne cesse d’agiter la menace de « l’invasion », des immigrés responsables du chômage des Français, menaçant l’identité nationale... Guéant annonce une politique encore plus répressive afin de diminuer l’immigration légale et illégale. La chasse aux sans-papiers est dotée d’un arsenal législatif supplémentaire avec l’adoption définitive le 11 mai de la loi Besson (la 6e loi sur l’immigration depuis 2002). Ce nouveau texte permettra la mise en place de « Guantanamo à la française » (communiqué de la Cimade, Gisti, LDH et SAF). Dans un rayon de 10 km autour des frontières françaises, la police pourra regrouper les sans-papiers arrêtés dans des centres de rétention hors de tout cadre légal, sans accès pour les avocats et sans possibilité de recours autre que l’expulsion. 


Les différentes lois racistes ont fait de l’absence totale de droit, un traitement d’exception légal contre les immigrés afin de faire croire à la menace de l’invasion venue du sud de la Méditerranée et justifier une politique de plus en plus sécuritaire.

Quand Guéant parle de « régler le problème de façon républicaine », il a en fait les mains couvertes de sang. L’Europe forteresse, avec ses barbelés, ses patrouilles maritimes, 
aériennes, terrestres, ses radars (pour un coût de 400 millions d’euros par an pour le seul dispositif Frontex) est responsable de la mort d’environ 1 000 migrants depuis janvier 2011 (communiqué de Migreurop). Depuis 2000, près de 15 000 personnes sont mortes aux « portes » de l’Europe du Sud. Tout cela dans l’indifférence quasi totale. Pour le gouvernement, il faut à tout prix faire des immigrés, des sans-papiers, des musulmans une menace. C’est la même stratégie que dans les années 1930 après la crise économique de 1929 : stigmatiser, désigner des boucs émissaires, diviser pour mieux régner. Cette politique est totalement cynique car l’immigration n’est en rien un problème. Une commission parlementaire vient de rendre public un rapport très intéressant allant à l’encontre de tous les préjugés racistes. Ce document contredit la vision dominante qui considère les immigrés comme peu qualifiés ; au contraire, 40 % des immigrés subsahariens détiennent un diplôme du supérieur, contre 35 % pour les pays de l’OCDE. Ils sont en revanche fortement déqualifiés et sous-payés sur le marché du travail. Autre idée reçue totalement fausse : « l’immigration coûte cher aux Français ». C’est en fait le contraire : ils « coûtent » annuellement 47, 9 milliards d’euros en dépenses de protection sociale mais rapportent 60, 3 milliards en cotisations ! 



Refuser le piège raciste



Il y a donc urgence à refuser cette politique raciste et sécuritaire. Derrière les immigrés, c’est l’ensemble de la classe ouvrière qui sera affaiblie si le gouvernement réussit à imposer ses thématiques racistes dans la campagne électorale, tout en accentuant la pression policière sur les sans-papiers. Il est plus facile d’augmenter le nombre d’expulsions que de diminuer le nombre de chômeurs ! La mobilisation du 28 mai, à l’appel du collectif « D’ailleurs nous sommes d’ici » est un rendez-vous important pour construire un mouvement antiraciste de masse, rassemblant syndicalistes, militantEs des quartiers populaires, soutiens des sans-papiers, citoyens… Cette journée est une première étape afin de réussir à inverser la tendance. On peut convaincre largement qu’il est possible et nécessaire de régulariser tout de suite tous les sans-papiers, qu’il n’est pas utopique de lutter pour un monde sans frontières, où les humains pourraient circuler aussi simplement que le font les marchandises aujourd’hui. La révolution au sud de la Méditerranée montre que nous devons lutter ensemble contre l’impérialisme, le capitalisme. Refusons le piège du racisme, du choc des civilisations dans lequel la classe dominante aimerait enfermer le mouvement ouvrier.

Antoine Boulangé

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