mercredi 18 mai 2011

DSK et les femmes : quand les langues se délient soudainement



Au delà de l'image de libertin ou d'homme à femmes, certains témoignages évoquent des cas de harcèlement.

Omerta médiatique ou respect de la vie privée ? Depuis ce weekend, on nous dresse le portrait d'un Dominique Strauss-Kahn séducteur, homme à femmes, adepte des clubs échangistes mais aussi un habitué "des comportements inappropriés" et "du harcèlement". Le cas de Tristane Banon (dont Le Post avait déjà parlé en 2008) ressort. 



Et la question se pose : pourquoi tant d'informations n'ont pas été publiées au grand jour ?

"Connu de l'ensemble du monde politico médiatique"

"Le seul vrai problème de Strauss-Kahn est son rapport aux femmes. Trop pressant, il frôle souvent le harcèlement. Un travers connu des médias, mais dont personne ne parle (on est en France)", écrivait le journaliste de Libération, Jean Quatremer, en 2007 sur son blog (mais pas dans son journal). Quelques heures après cette publication, Ramzi Khiroum, l'un des communicants de DSK, lui demandait de la retirer raconte le journaliste dans Libération mardi.

En 2009, il publiait (sur son blog encore) la lettre révélée par L'Express.fr de Piroska Nagy, une économiste hongroise avec laquelle le directeur du FMI a eu des relations consentantes. Elle écrivait néanmoins : "il est incontestable, à mon avis, que M. Strauss-Kahn ait usé de sa position pour avoir accès à moi". Jean Quatremer écrit mardi "l'affaire n'ira pas plus loin : devenu la meilleures chance de la gauche, il n'est pas question d'écorner son image. Jusqu'à ce week-end".

Le journaliste était invité de France 2 lundi. Il ajoutait que le "comportement inapproprié " de DSK "  parfois à la limite du harcèlement " était " connu de l'ensemble du monde politico médiatique". "Des amies proches ont eu à souffrir de ce que j'appelle du harcèlement", a-t-il expliqué :

(Images France 2 / Vidéo Full HD Ready)

"Feindre de tomber de la lune"

Même chose sur le plateau de France 3. Daniel Schneidermann racontait lundi soir le harcèlement dont ont été victimes des collègues journalistes. "Je me suis dit, c'est vraiment un type qui a un vrai problème avec ses pulsions […] Si les journalistes politique n'en disent pas un mot il y a un soucis, ça fait partie de leur boulot".


(Images France 3 / Vidéo Full HD Ready)

Il cite mardi matin dans sa chronique quotidienne sur Arrêt sur images.net : "Evidemment, qu'il ne faut pas tout mélanger (tentative de viol, fréquentation de boîtes échangistes, comportements avec les dames ndlr). Mais si à force de veiller à ne pas tout mélanger, on s'interdit totalement le sujet, [...]  On se retrouve dans la situation d'aujourd'hui, à se prendre dans la figure ce fait-divers mondialisé, et à feindre de tomber de la lune."


"La leçon de l'affaire DSK"

Sur Rue 89, Pierre Haski s'interroge : "Est-ce que les infidélités conjugales (réelles ou supposées) de DSK sont du domaine privé ou public ? Pour moi c'est privé, mais le harcèlement sexuel ou pire encore le viol, c'est évidemment du registre du crime et donc nécessairement public." Il conclut ainsi : "la protection de la vie privée ne doit pas servir de prétexte à cacher des pans entiers de la personnalité de politiciens qui sont candidats à diriger le pays. Ça doit être la leçon de l'affaire DSK." 

"L'étrange omerta des médias sur le cas DSK"

Christophe Deloire, auteur du livre Sexus politicus (paru en 2006) s'est fendu d'une tribune dans Le Monde daté de mardi intitulée "L'étrange omerta des médias sur le cas DSK". A propos du chapitre consacré à DSK, il explique : "Les scènes racontées ne relevaient pas que de la séduction de salon. Ce chapitre avait valu à notre éditeur et à nous-mêmes d'intenses pressions, vu le caractère sensible des informations. Et s'interroge : "Si demain les Français, lecteurs ou électeurs, nous accusent une nouvelle fois d'avoir gardé un secret entre soi, d'avoir accepté chez les puissants ce que nous refusons aux humbles, que leur répondrons-nous ?"

Les photos de Frédéric Lefebvre

En 2009, le livre Hold-uPS, arnaques et trahisons citait des propos tenus par Frédéric Lefebvre, alors chef de cabinet du président de l'UMP Nicolas Sarkozy. A l'automne 2006, il se serait vanté auprès des deux auteurs du livre d'être en possession de photos compromettantes de DSK. Concernant son éventuelle candidature à l'Elysée, il déclarait que DSK "ne tiendrait pas une semaine". "On a des photos, elles existent! On les fera circuler, ça ne plaira pas aux Français!", assurait-il. 

"Pourquoi ne le disaient-ils pas ?"

Invité de la matinale de France Inter, Bernard-Henri Lévy défendait mardi matin son ami : "J'en ai marre de ces petits messieurs qui disent 'mais on savait, c'était un secret de polichinelle' (...) Ecoutez, que ces petits mecs, s'ils savaient tout ça, pourquoi ne le disaient-ils pas ?"

La presse anglo-saxonne s'interroge mardi sur la culture française du secret. The Guardian estime que l'affaire DSK soulève "la question gênante dans les médias français et la politique de deux monde parallèles : ce qui est imprimé, et ce qu'il y a derrière ; les commérages, et ce qui doit rester officiellement les non-dits."

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