mercredi 25 mai 2011

Et si le comité de soutien à Nafissatou Diallo enquêtait à Sarcelles ?



Dominique Strauss-Kahn, à coups de centaines de milliers de dollars, a lancé une meute de limiers sans scrupules aux trousses de Nafissatou Diallo dans l’espoir d’une « character assassination », c'est-à-dire d’une destruction en règle de son image, de sa crédibilité, de sa vie sociale – un joli coup qui serait aussitôt exploité par les hommes en Porsche, les « communicants » de l’ex-président du FMI : une démarche qui, soit dit en passant, pourrait fort ressembler à un second viol. Si cette entreprise a au moins le mérite d’intimider, peut-être, Nafissatou dans l’espoir de lui faire accepter une transaction, la victime présumée n’a pas, elle, c’est une évidence, les moyens d’enquêter sur son agresseur présumé. Et pourtant, elle n’aurait pas besoin d’embaucher des anciens de la CIA ni d’aller bien loin si elle habitait Paris. Un ticket de métro. Elle commencerait par le bureau-garçonnière de la rue de La Chaise, dans le VIIe arrondissement - dont personne ne parle, les journalistes français ayant parfois, non seulement un bandeau sur les yeux comme les condamnés à mort, mais aussi la bouche cousue et les oreilles bouchées. Rue de la Chaise : un petit pied à terre discret et tranquille tout près de Sciences Po, où Dominique est toujours professeur. Je plains ses élèves du sexe féminin, s’il est de retour à la rentrée après six mois sans pouvoir rien faire à cause des caméras de surveillance. Rue de la Chaise : ah, si les murs de la garçonnière pouvaient parler, cela vaudrait tous les « communicants » du monde ! Mais, en France, voudrait-on les écouter ? Le voisin du dessous (de la garçonnière) lui, n’est ni sourd ni aveugle ni muet. Un scoop : il s’appelle Gérard et il est très sympathique. En plus il tient un café tout près. Avec une terrasse très ensoleillée. Après la rue de la Chaise, un ticket de RER et un petit tour à Sarcelles. En allant frapper aux bonnes portes, cela va de soi. Dans une enquête, il faut toujours une piste. Pour Nafissatou, les braques new-yorkais, les renifleurs de culottes embauchés par l'obsédé sont partis de l’hypothèse du complot et du chantage. Partons, nous, d’une autre hypothèse. Imaginons -vraiment au hasard et sans se préoccuper un seul instant de la réalité -que la violence de l’agression contre Nafissatou puisse s’expliquer par une prédilection particulière de Strauss-Kahn pour les femmes à la peau noire. Le fameux fantasme des négriers du XVIIIe siècle ? Pourquoi pas. Supposons donc que l’humiliation d’une négresse, surtout dans un uniforme de soubrette, en un mot que la mise en esclavage sexuel d’une Africaine, soit une des clés de la libido de cet éminent économiste, cofondateur du CRAN. Excitantes, les chaînes au pied de l’Africaine ? Pas plus, pour moi, que le bracelet électronique qui orne désormais la cheville du sadique présumé, mais, pour lui, qui sait ? C’est une hypothèse qui n’est peut-être pas complètement farfelue s'il ’y a vraiment des traces de l’ADN de l’ex-futur président de la République française sur le col de chemise de Nafissatou, ce qui pourrait signifier que la tentative de viol n’a pas entravé l’éjaculation (un peu précoce il est vrai) du grand argentier international. Alors, il faudrait voir si, à Sarcelles, il n’y aurait pas eu des précédents. Si, par le passé, des jeunes filles d’origine africaine n’auraient pas eu à subir des attaques du même ordre. Evidemment, si elles étaient mineures et si elles avaient tenté de se suicider, en s’apercevant d’une grossesse, ce serait encore plus probant. Et si de pareilles affaires avaient été étouffées avec une exfiltration de la victime à l’étranger, là il n’y aurait plus rien à démontrer. J’avoue que de pareilles hypothèses ne sont, pour le moment, que des élucubrations de romancier et sans aucun rapport, c'est évident, avec la vie de Dominique Strauss-Kahn. Il ne s’agit pas du tout d’une « character assassination », d’ailleurs bien inutile après le « character suicide » de la semaine dernière. Mais la fiction – on le sait depuis Flaubert – n’est-elle pas, parfois, la meilleure façon d’approcher le réel ? Et puis l’apparition-disparition de Tristane Banon m’intrigue. «Visage d’ange», qui semble avoir perdu l’adresse de la rue de la Chaise et devrait s’équiper d’un GPS, nous ressort une vieille histoire, couverte par la prescription (donc aucun danger pour le Priapique) puis -revirement- refuse de témoigner dans l’affaire de New York, rendant là un grand service à son agresseur présumé. Bizarre. Surtout quand on sait que sa mère est une dignitaire du parti socialiste et que cette maman-là a de l’influence sur sa progéniture puisqu’elle se vante d’avoir empêché Tristane de déposer plainte au moment des faits présumés. D’habiles «communicants» auraient voulu montrer par là que Dominique Strauss-Kahn n’est pas du tout obsédé par l’humiliation sexuelle des négresses, puisqu’il est capable aussi d’attaquer aussi des blondinettes, qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement. J’observe en outre que Pupponi, l’homme de confiance (*) du satrape de Washington -un drôle de particulier, ce maire de Sarcelles qui se donne à présent - comme s’il en avait besoin - des airs de voyou en négligeant de se raser et même qui s’est curieusement installé à Paris place des Vosges, comme son mentor, chez lui peut-être… – j’observe que Pupponi, lundi, était de passage dans sa ville (les allers-retours sont plus faciles entre le Flore, la place des Vosges et le ghetto-gagne-pain depuis que le chauffeur de DSk a été mis à sa disposition). Lundi 23 mai, Puppo, pour sauver son maître, était venu former un comité de soutien au violeur présumé, à l’occasion d’une réunion d’Antillais et d’Africains convoqués ce jour là sous le prétexte d’une commémoration de l’abolition de l’esclavage (commémoration arbitrairement fixée au 23 mai par Strauss-Kahn et ses satellites pour en finir avec la célébration, très dérangeante apparemment, du 10 mai). A-t-il payé des coups avec la fameuse carte de crédit de la SEM chaleur avec laquelle le maire de Sarcelles réglait naguère les notes d’hôtel et de restaurant à Paris, au Flore ou à l’Aventure ? L’histoire ne le dit pas, mais les Africains et les Antillais étaient bien obligés de répondre à la convocation du barbu, en ce 23 mai, s’ils voulaient obtenir des subventions municipales en 2012. On les comprend. Mais pourquoi mettre en avant ces Oncle Tom de Sarcelles, précisément, pour soutenir Strauss-Kahn ? Et pourquoi le PS a-t-il choisi Harlem Désir pour demander à Nicolas Sarkozy de faire pression sur la justice américaine - comme si c’était possible – en faveur du prévenu ? Du roman ? Peut-être… Tiens, au fait, Ramzy Khiroun, le «communicant» à la Porsche, l’homme aux réseaux africains capable d’aller jusqu’en Guinée chasser la Nafissatou s’il le fallait, Ramzy ne serait-il pas de Sarcelles lui aussi ? Comme le financier milliardaire Alexandre (Ahmed) Djhouri, un autre personnage de roman, très sympathique paraît-il ? Décidément, on vous le dit, c’est à Sarcelles que ça se passe.
(*) Par pure courtoisie, je dis "homme de confiance" et pas "homme de main" car cette dernière épithète m'avait valu il y a quatre ans une plainte en diffamation de Pupponi, plainte qu'il avait d'ailleurs prudemment retirée. Et il avait bien fait.


Claude Ribbe

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