La justice américaine repose sur des principes difficiles à comprendre en France, et plus largement en Europe ou sur d'autres continents. Dans un pays où les présidents prêtent serment sur la bible, la moralité est souvent plus têtue que les faits, même lorsqu'ils sont avérés. Voilà comment dans cette affaire Strauss-Kahn, une victime présumée devient presque coupable parce qu'elle a mentit, et comment un possible coupable se transforme en victime.
La crédibilité de la plaignante mise en cause par des enquêteurs. DSK libéré sous caution, mais les accusations sont maintenues.
Sylvie Braibant
Après les révélations du New York Times du 1er juillet 2011, Dominique Strauss Kahn est passé, lors d'une nouvelle audience, devant le tribunal de New York. Son régime d'assignation à résidence et de contrôle judiciaire a été aussitôt allégé, en raison de nouveaux éléments de l'enquête. Également libéré sur parole, il pourra aller et venir à sa guise, mais pas hors des Etats-Unis, et sa caution de 1 million de dollars lui sera restituée. Son bracelet électronique est enlevé mais son passeport ne lui sera pas rendu. Il devra comparaître une nouvelle fois devant la justice américaine le 18 juillet, lors d'une nouvelle audience sur le fonds de l'affaire, les accusations d'agression sexuelle étant maintenues.
Par ailleurs, ils auraient découvert des mouvements de fonds curieux sur ses comptes en banque et lui auraient trouvé des relations douteuses avec un homme qui tremperait dans le trafic de drogue et l'escroquerie. Selon ces enquêteurs, elle aurait échangé un coup de téléphone avec ce délinquant, alors en détention, un jour après sa "rencontre" avec DSK, pour voir quels bénéfices elle pouvait retirer de ses accusations. La conversation aurait été enregistrée, mais il ne semble pas que durant cet appel elle ait contredit ses accusations. Mais une omission pourrait s'avérer beaucoup plus gênante pour la jeune femme : elle n'aurait pas averti les autorités de l'hôtel immédiatement après les agressions sexuelles dénoncées mais aurait d'abord nettoyé une autre chambre, puis serait retournée briquer la fameuse suite 2806 où le crime aurait eu lien, avant de se mettre à crier. Ce trou est encombrant. A-t-elle été saisie de sidération et continuer à agir en automate ? A-t-elle eu peur de perdre son travail ? Ou bien a-t-elle reconstruit cette agression après coup ? Pour son avocat Kenneth Thompson, la vérité ne fait aucun doute, face à la qualité des preuves. Et il a énoncé ces évidences, parfois en termes très crus, après la remise en liberté de DSK : test adn positif, traces de sperme sur le cou, égratignures, mais surtout des hématomes "sur le vagin et les seins, que DSK aurait empoignés avec violence. Mais l'avocat de Nafitassou Dialo reconnaît lui-même aujourd'hui que le combat devant les tribunaux sera très difficile à mener à son terme, et que l'affaire s'achemine vers un non lieu. Il ne faut pas oublier que la justice américaine est aussi fondée sur des jeux de dupes, une sorte de poker menteur, où la communication et la présentation de faits sont souvent aussi importants que les faits eux-mêmes.
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