dimanche 28 août 2011

États-Unis : les chercheurs noirs sous-représentés


Une étude menée aux États-Unis montre que les chercheurs noirs ont presque moitié moins de chances que leurs collègues blancs de se voir attribuer une allocation de recherche dans le domaine biomédical.


Une étude commanditée par les Instituts nationaux de la santé (NIH) –l’énorme agence publique de financement de la recherche biomédicale aux États-Unis- montre que les scientifiques noirs ont moins de chance de se voir attribuer une allocation de recherche que les Blancs, les Hispaniques ou les Asiatiques.

Sur la période étudiée par l’équipe de Donna Ginther et Raynard Kington, de 2000 à 2006, 185 allocations sur les 23.400 attribuées à des projets de recherche l’ont été à des Noirs (le terme de «black» est utilisé en anglais dans l’étude pour désigner à la fois des citoyens américains (Afro-Américains) et des étrangers). les Noirs ne représentaient que 1,4% de tous les demandeurs d’allocations de recherche contre 3,2% pour les Hispaniques et 16% pour les Asiatiques, alors que les seuls Afro-Américains comptent pour 13% de la population des États-Unis. Ces résultats sont publiés aujourd’hui dans la revue Science.

Les données brutes analysées par Ginther et ses collègues montrent que les chances d’un scientifique de couleur noire d’obtenir un financement pour son projet de recherches sont de 16% contre 29% pour un collègue de couleur blanche et 25% pour un Asiatique. En tenant compte de la nationalité des candidats, de leur parcours universitaire, de leurs publications ou des prix qu’ils ont pu obtenir, l’écart demeure de 10 points entre Blancs et Noirs. En revanche il disparait entre Blancs et Asiatiques lorsqu’on exclut les Asiatiques qui ne sont pas citoyens américains et qui ont donc plus de difficultés pour rédiger leur dossier en anglais.

Même s’ils ne sont pas totalement surprenants, ces résultats sont choquants, expliquent Francis Collins et Lawrence Tabak, qui dirigent les NIH, dans une tribune publiée par la revueScience. Les chercheurs qui étudient les projets de recherche ne sont pas informés de l’origine ethnique des candidats. Cependant des informations –comme les universités fréquentées ou le nom- peuvent donner des indications qui influencent, même involontairement, les jurys. Collins et Tabak annoncent des études pilotes pour mieux comprendre l’impact de ces biais insidieux.

Autres explications avancées : un avantage cumulé pour les chercheurs blancs depuis le début de leur scolarité ; un meilleur encadrement qui leur permet de mieux rédiger leurs projets de recherche ; ou encore un effet ‘boule de neige’ en faveur des chercheurs déjà distingués qui renforce l’élite existante au détriment des minorités montantes. Les responsables du NIH souhaitent des actions rapides pour combler l’écart entre les scientifiques de couleur différente.

Cécile Dumas
Sciences et Avenir.fr
19/08/11

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