lundi 29 août 2011

LA CRISE MONDIALE ET NOUS…



Obama dans la tourmente.
Barack Obama serait, nous dit la presse étasunienne, au plus bas dans les sondages. A un an de l’élection présidentielle, c’est inquiétant, très inquiétant, pour lui. Et pour les Noirs américains…Car, je persiste et signe : les seules personnes au monde pour lesquelles son arrivée à la Maison Blanche a été bénéfique sont les Noirs américains. J’aurais été un Noir américain que j’aurais voté (et bientôt revoté) les yeux fermés pour Obama. Sinon, pour nous autres, pauvres mortels qui ne sommes pas citoyens de la première puissance mondiale, qu’est-ce que son élection nous a apportés ? Rien. Absolument rien ! La politique étrangère d’Obama a été en tous points similaires à celle de tous les présidents yankees, démocrates ou républicains, qui l’ont précédé : maintenir l’hégémonie des USA sur le reste du monde. Point à la ligne.
Souvenez-vous en ! Moins de deux moins après son élection, il envoie 30.000 soldats supplémentaires en Afghanistan ; il ne fait rien contre le renversement par une bande de nervis d’extrême-droite, de Manuel Zelaya, président démocratiquement élu du Honduras ; il s’emploie à fragiliser ou à décrédibiliser l’ALBA de Hugo Chavez ; il laisse Netanyahou, le premier ministre israélien, faire la pluie et le beau temps en Palestine occupée où jour après jour la colonisation s’étend ; il laisse massacrer les Tamouls du Sri-Lanka ; il proteste du bout des lèvres lorsque la Chine réprime férocement au Tibet et au Xin-Kiang ; il fait l’armée étasunienne occuper l’aéroport de Port-au-Prince au lendemain du tremblement de terre en Haïti, se posant en reconstructeur du pays, mais 700.000 personnes croupissent toujours sous des tentes ; il participe avec Sarkozy au renversement de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire etc…etc…
Ceci dit, au fond de lui-même, au plus profond de lui, quand il n’est plus obligé de jouer la comédie du gentil Noir bien élevé, cravaté-costumé et parlant l’anglais avec l’accent de la Nouvelle-Angleterre, je suis sûr qu’Obama doit se dire une chose. Au moins une chose : « Si les Etats-Unis avaient eu un président blanc, jamais l’agence de notation Standard and Poor’s n’aurait abaissé la note des Etats-Unis. ».
Triple a.
Car enfin, soyons sérieux ! La dette des Etats-Unis, ou plus exactement l’énorme déficit étasunien, ne date pas de l’arrivée d’Obama à la Maison Blanche. Cela fait au bas mot 30 ans que la première puissance mondiale vit à crédit sur le dos du reste du monde, en particulier de la Chine. Fort de son dollar qui est, malgré l’euro, la monnaie de référence au niveau international, elle a fait marcher sa planche à billets sans que personne n’ait jamais osé protester à ce jour. Quant à ses entreprises, elles n’ont cessé de piller le reste du monde et d’en exploiter la main d’œuvre. Prenons un seul exemple : celui des délocalisations. Allez à la frontière mexicano-étasunienne du côté mexicain, vous y verrez des milliers d’usines étasuniennes alignées sur une centaine de kilomètres. Ce sont les fameuses « maquiladoras » qui emploient une main d’œuvre mexicaine payée au lance-pierre. Le patronat yankee n’a pas hésité une seule seconde à fermer ses usines aux Etats-Unis pour les délocaliser au Mexique, se fichant complètement du chômage qui en découlait à Los Angeles, Detroit ou Chicago.
Or de quand datent ces délocalisations ? De l’élection d’Obama ? Absolument pas évidemment. Elles se sont étalées sur les 30 dernières années, depuis Ronald Reagan en fait. Donc, le chômage, le déficit budgétaire, la désindustrialisation etc…qui frappent les Etats-Unis ne sauraient être imputées au premier président noir de ce pays. Conclusion : quand l’agence de notation Standard an Poor’s supprime le « Triple A » des Etats-Unis aujourd’hui plutôt qu’il y a cinq ans, dix ans ou vingt ans en arrière, c’est parce que le pays est dirigé par un Noir.
Jamais elle n’aurait osé le faire s’il avait été dirigé par un Blanc.
(Je m’apprêtais à supprimer tout le paragraphe précédent, me disant que j’exagérais un peu, lorsque feuilletant par hasard l’hebdomadaire français « MARIANNE », je tombe sur le gros titre suivant d’un article signé par l’excellent journaliste Guy Stibon : « Comment Standard and Poor’s a voulu abattre Obama ». Si on est deux à le penser, c’est que cette analyse n’est pas forcément parano…).
Port en eau profonde.
Ca y est la guèguerre des moustiques a repris entre la Martinique et la Guadeloupe ! Cette fois ce n’est pas pour une question d’eau minérale (Chanflor et Didier furent un temps mis à l’index en Guadeloupe) ou de sucre (le sucre guadeloupéen a subi le même sort en Martinique à une époque), mais pour une histoire de port en eau profonde. L’île qui l’obtiendra__et il semble bien que ce sera la Guadeloupe laquelle bénéficie d’une secrétaire d’état au gouvernement français__verra doubler sa capacité de stockage de containers. Celle-ci passera de 200.000 containers environ actuellement à 400, voire 500.000. Or, qui dit containers dit forcément importations et dans le cas du port en eau profonde, d’importations massives. Donc du renforcement de notre dépendance envers l’extérieur. Est-ce cela la vision qu’ont nos politiques, martiniquais et guadeloupéens, du développement économique ? Alors que partout à travers le monde, à commencer par les pays riches, on commence sérieusement à réfléchir à la décroissance, d’autant que le capitalisme financier est en train d’imploser aux quatre coins du globe, chez nous, aux Antilles, nos responsables continuent à véhiculer et à revendiquer de vieux schémas qui ont échoué partout ailleurs.
Décroissance.
Car il n’y qu’une alternative à la crise qui secoue actuellement le monde : la décroissance ou la mort. Dans le pays le plus puissant d’Europe, l’Allemagne, le Land (région) le plus riche est dirigé par les…Verts. C’est comme si en France, l’Ile-de-France l’était par Cohn-Bendit, Jouanno ou Eva Joly !!!! Ce qui se passe outre-Rhin n’est pas du tout anecdotique : l’Allemagne vient de décider de renoncer définitivement à l’énergie nucléaire. C’est quelque chose d’énorme, c’est un changement de direction stupéfiant. Et ce qui vaut pour le nucléaire s’étendra forcément à d’autres secteurs. A notre modeste niveau antillais, la décroissance nous concerne au premier chef, quoique de toute autre façon que dans les pays développés. Notre « économie-prétexte » (E. Glissant) ou notre « mode d’improduction » (F. Affergan) donnent l’illusion d’une croissance laquelle est entièrement alimentée par le robinet financier franco-européen et non par une quelconque production locale. Qu’il se ferme brutalement et on se retrouvera pire qu’an tan Wobè ! Si le patronat subventionné et les fonctionnaires quarante-pour-centisés ferment les yeux sur cette possible fermeture un jour ou l’autre, on ne peut pas dire que du côté de la « classe ouvrière » et de ses syndicats, l’analyse soit plus brillante. Quand on voit, par exemple, ces derniers faire du prix de l’essence l’un de leurs principaux chevaux de bataille, il y a de quoi rester perplexe. Car enfin, seul le jour où le litre d’essence atteindra les 20 euros, verra-t-on, enfin, les gens laisser leur voiture au garage et prendre les transports en commun. Dans un pays de 80kms sur 30, il est grotesque d’avoir autant de voitures individuelles.
La navette gratuite reliant Dillon au centre de Fort-de-France est toujours vide ! Elle était censée permettre aux automobilistes du Nord-Atlantique et du Sud de garer à Dillon et de se rendre en ville dans un grand bus climatisé et surtout sans débourser un sou. Pourtant, la Martinique n’étant pas extensible, nous serons bien obligés un jour d’interdire l’entrée des voitures individuelles dans le centre-ville ou de leur imposer une lourde taxe comme c’est le cas à Londres. L’augmentation du prix de l’essence ou l’établissement de ladite taxe ne pourront qu’avoir un effet bénéfique : faire décroître le nombre de voitures importées dans notre minuscule pays.
Raphaël Confiant

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