De notre correspondant à Séoul
« Une fois que la police aura reçu votre dénonciation, vous recevrez un SMS de confirmation. Vous en recevrez un autre quand la prime vous sera versée. » Moon Seong-ok, chasseur de primes chevronné, déroule son cours. Devant lui, trois élèves prennent studieusement des notes sur leur polycopié.
La coiffure impeccable, le verbe haut et les yeux vifs, cet ancien policier de 64 ans a ouvert la première école de la délation de Corée du Sud : l’académie Mismiz. Y sont enseignées les ficelles du métier de paparazzi - en italien dans le texte - comme sont surnommés en Corée du Sud les délateurs professionnels.
Le gouvernement sud-coréen a en effet choisi de compenser son manque d’effectifs policiers en offrant des récompenses à ceux qui apportent la preuve d’une infraction. Pas moins de 336 types d’entorses à la loi peuvent désormais faire l’objet du versement d’une prime.
Le pactole pour les bons délateurs
Le livre de classe de l’école Mismiz détaille les procédures adaptées à chaque cas. Page 1 : comment dénoncer ceux qui jettent leur mégot de cigarette sur la voie publique ? « Prendre une photo de l’individu en train de fumer. Prendre une photo alors qu’il jette son mégot. Le suivre jusqu’à sa voiture. Prendre en photo la plaque. » Reste alors à graver les preuves sur un CD, et à envoyer le tout à la police.
Le montant de la prime varie d’une dizaine d’euros à plus de mille, en fonction de la gravité de l’infraction. La liste inclut la vente d’essence de contrebande, le non-tri des déchets, la publicité mensongère, le refus de donner un reçu de paiement, les jeux et les paris clandestins, et la prostitution. La police a cessé de verser des primes à ceux qui dénonçaient les violations du code de la route : le système engendrait trop d’abus.
« Une fois que la police aura reçu votre dénonciation, vous recevrez un SMS de confirmation. Vous en recevrez un autre quand la prime vous sera versée. » Moon Seong-ok, chasseur de primes chevronné, déroule son cours. Devant lui, trois élèves prennent studieusement des notes sur leur polycopié.
La coiffure impeccable, le verbe haut et les yeux vifs, cet ancien policier de 64 ans a ouvert la première école de la délation de Corée du Sud : l’académie Mismiz. Y sont enseignées les ficelles du métier de paparazzi - en italien dans le texte - comme sont surnommés en Corée du Sud les délateurs professionnels.
Le gouvernement sud-coréen a en effet choisi de compenser son manque d’effectifs policiers en offrant des récompenses à ceux qui apportent la preuve d’une infraction. Pas moins de 336 types d’entorses à la loi peuvent désormais faire l’objet du versement d’une prime.
Le pactole pour les bons délateurs
Le livre de classe de l’école Mismiz détaille les procédures adaptées à chaque cas. Page 1 : comment dénoncer ceux qui jettent leur mégot de cigarette sur la voie publique ? « Prendre une photo de l’individu en train de fumer. Prendre une photo alors qu’il jette son mégot. Le suivre jusqu’à sa voiture. Prendre en photo la plaque. » Reste alors à graver les preuves sur un CD, et à envoyer le tout à la police.
Le montant de la prime varie d’une dizaine d’euros à plus de mille, en fonction de la gravité de l’infraction. La liste inclut la vente d’essence de contrebande, le non-tri des déchets, la publicité mensongère, le refus de donner un reçu de paiement, les jeux et les paris clandestins, et la prostitution. La police a cessé de verser des primes à ceux qui dénonçaient les violations du code de la route : le système engendrait trop d’abus.
L’académie Mismiz a fait des émules : plusieurs écoles de la délation ont vu le jour à travers le pays. Le gouvernement s’est mis à son tour à offrir des formations pour détailler son système de primes.
Mais dans une société qui insiste sur l’importance de la cohésion sociale, la profession de paparazzi reste peu glorieuse. M. Kim, 34 ans, élève à Mismiz, n’a pas informé sa femme de sa nouvelle orientation de carrière : « peut-être plus tard… ».
« Ce genre d’école me met mal à l’aise, raconte Park Mi-seon, étudiante. Ce n’est pas bien. Dénoncer des crimes, c’est le travail de la police. Et puis, ce n’est pas très bon pour l’image de la Corée… »
Cet encouragement à la dénonciation rappelle aussi à certains le système nord-coréen du « Inminban » : en Corée du Nord, les familles sont organisées par groupes, avec à leur tête un chef qui doit rapporter toute activité suspecte.
La crise, bon moteur de la délation
De multiples abus sont possibles. Au milieu du cours, le téléphone de Moon Seong-ok sonne. Au bout du fil, un institut de cours privé de la banlieue de Séoul. Il appelle pour inviter le chasseur de primes à venir enquêter sur les pratiques d’une école concurrente, qui réussit mieux…
Cela n’empêche pas les apprentis-délateurs de continuer à affluer à l’académie Mismiz, où ils paient 160 euros pour deux jours de cours. Parmi eux, beaucoup de femmes au foyer et d’hommes au chômage. Son directeur n’en fait pas mystère : « plus la situation économique est mauvaise, plus les élèves se présentent nombreux à mes cours ».
Moon Seong-ok balaie les critiques : « ceux qui respectent la loi n’ont rien à craindre de nous ». Il se considère comme un justicier privé, qui affiche même une forme d’éthique : en classe, il explique que de nombreux petits restaurants populaires ne pourraient pas survivre s’ils devaient respecter toutes les régulations. « Ne dénoncez pas ceux-là », recommande-t-il à ses élèves. Penchés sur leur manuel, ceux-ci continuent de prendre des notes.
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