Le président Joseph Michel Martelly a finalement désigné un nouveau premier ministre, après deux échecs successifs avec l’homme d’affaires Gérard Daniel Rouzier et le juriste Bernard Gousse. Les présidents des deux chambres ont reçu officiellement, mercredi, la lettre de désignation du Dr Gary Conille, comme l’exige la constitution haïtienne.
Le choix du président Martelly, qui peine à mettre en place un gouvernement plus de trois mois après son installation, pourrait obtenir un vote favorable cette fois, selon toute vraisemblance. Le profil présenté par le groupe majoritaire au parlement laisse une forte impression de «sur mesure» pour le candidat Conille.
La désignation de Gary Conille, un fonctionnaire de l’ONU et représentant de la Fondation Clinton en Haïti, était devenue un secret de polichinelle depuis la rencontre, la semaine dernière à l’ambassade américaine, du représentant des États-Unis, Kenneth Merten, avec le Groupe des parlementaires pour le Renouveau (GPR).
A première vue, on serait tenté d’abonder dans le sens d’une certaine critique de la communauté internationale imposant son choix dans une conjoncture de crise nationale qui demanderait une concertation plus forte. Les haïtiens étaient incapables de s’entendre, il a fallu décider à leur place dira-t-on une fois de plus dans certaines ambassades. Et, il sera difficile de les contredire quand on a vu des bras de fer inutiles s’engager ces trois derniers mois sur la base uniquement d’une incompréhension mutuelle de certaines lois ou d’étourdissements provoqués par les nuages du pouvoir.
La désignation du Dr Gary Conille inquiète les milieux progressistes haïtiens à un autre niveau, car le candidat est le fils d’une ancienne grande figure du régime des Duvalier. Son père, Serge Conille, était ministre de la santé durant le règne de Jean-Claude Duvalier. L’intéressé semble avoir gardé de très bons rapports avec sa famille politique, malgré les nombreuses années vécues à l’extérieur.
Le deuxième candidat de Martelly, Me Bernard Honorat Gousse était aussi le fils de l’ancien ministre de la communication de Jean-Claude Duvalier, Pierre Gousse, et neveu d’un duvaliériste de la première heure, Lamartinière Honorat.
Le responsable de l’équipe de transition de Michel Martelly, Daniel Supplice, était ministre des affaires sociales et super ministre de Jean Claude Duvalier, dans le dernier cabinet qui a précédé la chute de la maison Duvalier.
Des sources proches du palais national, qui requièrent l’anonymat, affirment que le fils de l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier, François Nicolas Jean-Claude Duvalier II, serait un de ses plus proches conseillers politiques du chef de l’État.
Le président Michel Martelly n’a jamais caché son appartenance au duvaliérisme et a ouvertement affiché ses couleurs dans des moments de crise politique, comme en 1991, où il manifestait contre la communauté internationale qui voulait ramener au pays le président Jean Bertrand Aristide renversé par un coup d’état militaire. Depuis son arrivée au pouvoir les poursuites contre l’ancien dictateur se sont comme estompées au niveau de l’appareil judiciaire.
Pierre Emmanuel
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