En outre-mer, les taux de sucre et de graisse autorisés dans les produits alimentaires diffèrent de ceux en vigueur en métropole. L'association pour la défense de la démocratie en Martinique (A2DM) dénonce un «génocide par empoisonnement».
La proposition de loi du député Victorin Lurel avait comme finalité la lutte contre l'obésité, véritable fléau pour la jeunesse antillaise.
Cette intention très louable de la part du député de Guadeloupe n'a reçu que du mépris de la part de la majorité présidentielle et a été rejeté par les membres UMP de l'Assemblée nationale (à la demande de l'Association martiniquaise pour la promotion de l'industrie, AMPI, en la personne de son président, Pierre Marie-Joseph) au motif qu'il n'était pas besoin de faire une loi à ce sujet, un simple arrêté ministériel pouvant régler le problème car demeurant du domaine réglementaire.
La question première que cela m'inspire, est:
Pourquoi a-t-il fallu attendre cette proposition du député de Guadeloupe pour s'apercevoir que les normes alimentaires sont différentes aux Antilles? N'y a-t-il pas un délégué de l'AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) en Martinique?
Pourquoi les aliments fabriqués sur place ou importés pour notre consommation locale sont-ils plus sucrés, plus salés?
Pourquoi ont-ils besoin d'avoir toutes sortes de conservateurs en grande quantité alors même que les produits ne sont plus stockés et conservés pendant de longues périodes?
Si, comme avancé par la majorité, ce problème peut être réglé par une décision administrative (peut-être par un simple arrêté préfectoral), pourquoi attendre?
Ce scandale de produits trop gras, trop sucrés, trop salés n'est pas un simple problème d'obésité qui en effet est plus susceptible de provenir de la «malbouffe»que des aliments eux- mêmes.
Quand on sait que les départements antillais sont champions en matière de nombre de diabétiques.
Quand on sait que nous sommes les champions en matière d'hyper-tension artérielle et que nous sommes les premiers en matière d'AVC et d'infarctus, nous nous demandons pourquoi les pouvoirs publics s'obstinent à ne pas appliquer la réglementation nationale ici aux Antilles.
Aimée Césaire parlait de génocide par substitution. Maintenant nous devons compter avec le génocide par empoisonnement.
Car il n'y a pas d'autre terme pour qualifier ce comportement irresponsable du gouvernement aidé en ce sens par nos propres compatriotes par pure cupidité. Combien d'amputations, de cécités, de dialyses, d'infarctus et de décès sont dus au diabète et à l'hypertension?
Quand ont sait combien cela coûte à la collectivité en frais d'hospitalisations, en drame familiaux (qui n'a pas un parent qui a fait une «congestion» ou une «crise cardiaque»)? Qui n'a pas un diabétique dans sa famille?
Le pire c'est que cette teneur en sucre est justifiée par nos industriels eux-mêmes, qui nous sortent les arguments les plus fallacieux à l'image de ceux avancés par Pierre Marie-Joseph.
Admirez l'argumentaire:
Sur un plan plus technique, on constate que l'article 1er de cette proposition de loi aurait pour objectif de prohiber la différence de taux de sucre entre la composition des produits manufacturés et vendus dans les régions d'outre-mer et celle des produits similaires de même marque vendus en France hexagonale. Cet article serait de fait inapplicable aux produits alimentaires fabriqués outremer qui ne seraient pas de marques identiques aux marques nationales, ce qui créerait de toute évidence une discrimination des uns par rapport aux autres et par là, une distorsion de concurrence.
Par ailleurs l'appellation «sucres» (au pluriel) ne constituerait pas une caractérisation suffisamment précise des molécules concernées, les glucides contenus dans les aliments constituant une famille de «sucres» très diversifiée (exemple du lactose contenu en plus grande quantité dans les yaourts fabriqués outre-mer du fait de l'utilisation de lait en poudre).
Les industriels souhaitent également rappeler que, dans bien des cas, la concentration en sucre du produit est indispensable pour assurer la conservation elle-même de l'aliment dans le temps, en particulier dans les conditions de température élevée de nos latitudes tropicales.
On empoisonne sciemment la population par des produits que l'on sait nocifs pour la santé et qui sont autorisés à la vente pour que certains fassent du profit en créant artificiellement une addiction au sucre.
Cela nous rappelle étrangement les dérogations qui ont perduré pendant des années autorisant l'utilisation (et de par ce fait l'empoisonnement de la population et des terres agricoles) du chlordécone.
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