« Quelle que soit la sottise des pronostics, la réalité la dépassera »
Natalie Clifford Barney.
Marine Le Pen vs François Bayrou au second tour de l’élection présidentielle 2012 ! Pourquoi pas !
Ce fut le grand titre politique de la semaine, pour ceux que la fermeture du site Megaupload.com, plateforme emblématique et controversée du téléchargement direct sur Internet, accusé de violation des droits d'auteur, ne concernent pas ou encore pour ceux qui trouvent que l’Afghanistan est trop loin pour s’apitoyer sur la mort de quatre nouveaux soldats français, tués par un Taliban infiltré dans les rangs de l’armée régulières du pays.
Le Pen-Bayrou qualifié au nez et à la barbe du fade champion socialiste et de l’actuel président qui ne s’est toujours pas déclaré, mais qui en surprendrait plus d’un s’il ne le faisait pas… À moins d’un effet de surprise de la majorité parlementaire, présentant au dernier moment un François Fillon ou un Alain Jupé pour surprendre le monde électoral. Rien ne vaut l’effet de surprise, dit-on… Une telle hypothèse serait en tout cas une sacrée aubaine pour les médias qui trouveraient là de quoi alimenter leurs colonnes et booster leur audimat au moins une dizaine de jours durant… Ce n’est pas rien, si on y songe, dix jours à pouvoir tenir en haleine lecteurs ou auditeurs ; à rebattre les cartes sondagières pour de nouveaux pronostics sous un angle qui n’a quasiment pas été envisagé jusqu’alors… Et dix jours durant lesquels le candidat de cette droite parlementaire tiendrait le haut du pavé médiatique. On ne parlerait que de lui, de sa vie et de son œuvre, pas forcément de son projet (pourquoi faire !)… et si, finalement, ce « coup de génie politique » devait s’avérer un « coup de nigaud pour rien », soit une défaite à la clé de ce champion de dernière minute, beaucoup assurerait : « Ah ! Si Nicolas Sarkozy s’était présenté, ce ne serait pas arrivé… », ce qui ouvrirait à ce dernier d’alléchantes perspectives pour 2017…
Mais n’extrapolons pas davantage dans la fiction politique pour un « job de dans cinq ans » et revenons à la question de la semaine : « Et si c’était eux ? » comme l’a titré l’hebdomadaire L’Express(1) dans une importante campagne d’affichage en kiosque.
Marine Le Pen et François Bayrou, donc… Pas impossible au vu de la médiocrité (euphémisme !) de la campagne de François Hollande et au vu du bilan désastreux (si, tout de même !) de l’actuel locataire de l’Élysée.
Si François Hollande est toujours en tête dans les sondages, qu’il le reste même assez nettement, il ne le doit à l’évidence ni aux mérites de sa campagne, ni à la profondeur de son programme dont tout à chacun peine à saisir la substantifique moelle. Il reste en tête de la course pour la seule raison qu’il pourrait battre plus sûrement qu’un autre Nicolas Sarkozy. Son éventuelle victoire pour cette unique raison n’aurait d’ailleurs rien d’exceptionnel : en 1981, c’est parce que les électeurs ne voulaient plus de Valéry Giscard d’Estaing qu’ils votèrent François Mitterrand ; en 1988, ils réélirent celui-ci pour ne pas avoir Jacques Chirac qui n’accèdera à la Fonction Suprême, lui, qu’en 1995 parce que les mêmes Français en avaient ras la casquette électorale de la gauche et qui sera réélu en 2002 parce que Jean-Marie Le Pen, non ! Bien sûr ! Quand même ! Évidemment !
2007, en revanche, fut peut-être l’une des rares élections où les électeurs furent sensibles au programme du candidat Nicolas Sarkozy et à l’espoir de changement qu’il laissait espérer. Qu’on soit traditionnellement de gauche ou de droite… Cinq ans après, leurs cornes de cocus sont bien lourdes… Si, si ! Bien sûr ! Quand même ! Évidemment !
Pour toutes ces raisons, l’hypothèse Marine Le Pen vs François Bayrou peut alors s’envisager plus sérieusement qu’un simple « coup » médiatique de L’Express pour faire grimper ses ventes : ce serait l’espoir d’un changement véritable, cette fois, soit la fin de l’éternel choix « droite ou gauche ? », « gauche ou droite ? », « droiche ou gaute ? »
Imaginons un instant que cette idée fort séduisante fasse son bonhomme de chemin électoral durant les moins de 90 jours qui restent avant le premier tour de l’élection présidentielle ? Les Français pourraient ainsi donner, pour la première fois sans doute, un véritable avertissement à la classe politique française en retoquant les deux champions imposés… et, selon toute probabilité, éliraient à la tête de l’État quinze jours plus tard un Béarnais particulièrement tenace… Peu de risque alors que leur révolte électorale débouche sur le moindre bain de sang… Et qui pourrait honnêtement assurer qu’un François Bayrou président de la France serait plus « grave » qu’un François Hollande, un Nicolas Sarkozy ou un Fillon/Juppé ?
Hélas, il n’y aurait guère de monde non plus pour assurer que ce serait mieux.
Note
(1) N°3159, semaine du 18 au 24 janvier 2012.
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