Il subissait quotidiennement les railleries à caractère raciste de sa hiérarchie. Il avait même fait condamner l’Etat pour déni de justice, pour n’avoir pas été soutenu dans son combat judiciaire. Jean-Marc Niçoise, un CRS de 35 ans, vient de se suicider parce que le harcèlement avait repris de plus belle, selon son avocat.
Ça va les Banania ? "
A la table du petit déjeuner de la CRS-4 de Pomponne (Seine-et-Marne), le capitaine S. est au sommet de son talent comique, ce matin de juin 2009. C’est ainsi qu’il s’adresse à trois de ses hommes, des CRS d’origine antillaise.
Excédés par l’accumulation quotidienne de vannes douteuses, les trois policiers décident de déposer plainte pour "injures racistes".
Quand le parquet de Meaux se décide à examiner la plainte, il est trop tard : les faits sont prescrits. Plates excuses aux trois fonctionnaires qui décident d’écrire à la garde des Sceaux de l’époque, Michèle Alliot-Marie. MAM ne reviendra pas sur le classement sans suite.
Pas d'autre explication à son suicide
Les trois hommes ne veulent pas en rester là et poursuivent alors le ministère de la Justice pour "fonctionnement défectueux". Cette ultime procédure, jugée devant le tribunal de grande instance de Paris au printemps 2011, conduira à la condamnation de l’Etat pour "déni de justice".
Mais à la caserne, le quotidien n’a guère évolué. Le harcèlement reprend de plus belle au lendemain du procès. Son avocat parle de "véritable acharnement" qui conduit Jean-Marc Niçoise à se suicider. Il est retrouvé mort à son domicile, le 15 février dernier.
Pour Me Alex Ursulet, il n’y a pas d’autre explication à ce geste désespéré : "Monsieur Niçoise était un homme extrêmement équilibré, sportif, il se plaignait de cette hiérarchie qui fermait les yeux".
Au nom de la famille du policier, l’avocat va porter plainte pour "harcèlement".
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