La déclaration adoptée par le Conseil de sécurité sur la Syrie constitue un tournant dans les équilibres internationaux et dans la position des Etats-Unis et de l’Occident des événements en Syrie. L’unilatéralisme américain a officiellement été enterré le mercredi 21 mars.
Pour la première fois depuis l’invasion de l’Irak en dehors du cadre des Nations unies. Washington s’est plié au principe du partenariat à l’intérieur du Conseil de sécurité et a reconnu un rôle déterminant pour la Russie et la Chine dans la définition des choix internationaux, après avoir pratiqué une politique unilatérale depuis la chute de l’Union soviétique, en 1991.
Le texte du Conseil de sécurité appuie la mission de l’émissaire onusien Kofi Annan, dont le plan ne prévoit pas le départ du président Bachar al-Assad, comme l’exigeait le plan de la Ligue arabe, auquel d’ailleurs il n’est pas fait allusion.
Le texte exhorte le gouvernement syrien et l’opposition syrienne à "œuvrer de bonne foi » avec M. Annan, et à "appliquer intégralement et immédiatement » son plan de sortie de crise "dans le cadre d’un processus politique dirigé par les Syriens dans le but de régler les aspirations légitimes du peuple". Il est demandé au pouvoir syrien de "désigner un négociateur doté de toutes les prérogatives lorsque l’émissaire le lui demandera". Mais le texte ne comporte aucune menace ou ultimatum.
Le Conseil de sécurité demande "un arrêt effectif de toutes les formes de violence armée par toutes les parties". Il s’agit d’une reconnaissance implicite par les pays occidentaux de la présence d’une opposition armée qui combat le régime syrien.
Le fait que des sources proches du pouvoir syrien, citées par plusieurs médias libanais et arabes, aient vu dans la déclaration une "prédominance des points positifs", tandis que le Conseil national syrien (CNS, pro-occidental) l’a condamné, est un signe que les ennemis du régime sont confus et embarrassés, alors que le pouvoir, lui, semble satisfait.
Cette déclaration marque, incontestablement, un recul de la part des pays Occidentaux dans leur approche de la crise syrienne. Le régime syrien et son président sont reconnus comme interlocuteurs et comme parties prenantes dans toute solution politique. Par conséquent, le rôle de Moscou et de Pékin comme acteurs essentiels et incontournables dans cette partie du monde est consacré, alors que l’objectif de Washington et de ses alliés était de les évincer, comme ils l’ont fait en Libye.
Ce changement dans les rapports de force internationaux n’est pas seulement dû à l’attitude de Moscou et de Pékin mais aussi, et surtout, à la capacité de résistance de la Syrie, dont le régime a prouvé qu’il disposait d’une forte assise populaire, d’institutions solides et d’\une armée soudée
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New Orient News (Liban)
Rédacteur en chef : Pierre Khalaf
Tendances de l’Orient - Lundi 26 Mars 2012 no76
Bulletin hebdomadaire d’information et d’analyse, spécialisé dans les affaires de l’Orient arabe.
Préparé et diffusé par Le Centre d’Etudes Stratégiques Arabes et Internationales neworientnews.com
Rédacteur en chef : Pierre Khalaf
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