Le président de l'Equateur, Rafael Correa, a dissipé les doutes sur son éventuelle participation au sixième sommet des Amériques qui se tiendra à Carthagène. Par une lettre envoyée au président hôte, Juan Manuel Santos, Correa confirme qu'il ne participera pas à la réunion des chefs d’État prévue pour le mois d'avril.
Dans la lettre envoyée lundi après-midi, le chef d’État équatorien a déclaré qu’après avoir mûrement réfléchi il a décidé que tant qu'il serait président de la République d’Équateur, il ne participerait à « aucun Sommet des Amériques tant que ne seront pas prises les décisions exigées par notre Patrie ».
Il a insisté sur le fait qu'il était « inacceptable que lors de ces sommets, il soit éludé des questions aussi fondamentales que le blocus inhumain imposé à Cuba ou l'aberrante colonisation des Malouines, qui ont été condamné par la quasi-unanimité des nations du monde entier ».
Quant au « Sommet des Amériques », il a défendu l'idée que, par définition, ne peut s'appeler ainsi une réunion dont un pays américain est intentionnellement et de manière totalement injustifié banni. On a parlé d'une « absence de consensus », mais nous savons tous qu'il s'agit du veto des pays hégémoniques, situation intolérable dans notre Amérique du XXIème siècle.
« Jamais nous ne chercherions le moindre problème ni à votre gouvernement ni à notre chère Colombie. Il s'agit, comme le disait Bolivar, de sentir vraiment que la Patrie, c'est l'Amérique, et commencer à un certain moment à dénoncer et affronter avec forces ces, je répète, situations intolérables et aberrantes ».
Selon le président de l’Équateur, « nos peuples peuvent commencer à s'agacer de ces réunions de présidents, tandis que dans le même temps des problèmes abyssaux restent à résoudre, comme la pauvreté et l'inégalité qui font toujours de l'Amérique latine la région la plus inégale au monde ; l'inefficacité stratégique de la lutte contre le problème mondial des drogues ; la profonde transformation du Système inter-américain des droits de l'Homme, désormais défenseur d'intérêts bien loin de ses principes fondateurs ; l'actualité d'une véritable liberté d'expression qui ne se trouve réduite aux intérêts des grands groupes médiatiques ; ou, la domination totale du capital sur les êtres humains, comme le démontre la crise des prêts immobiliers en Espagne, qui touche des centaines de milliers de citoyens, dont de nombreux migrants latino-américains. »
Correa a réaffirmé son espoir que l'absence de l’Équateur soit une invitation cordiale à « débattre sur le fond et à agir en conséquence, réaffirmant l'estime et le respect que nous ressentons pour tous nos collègues, chefs d’État du continent, de chers amis avec qui nous partageons le rêve de jours meilleurs pour nos peuples. »
« Nous souhaitons, pour le bien de la région et du monde, que le Sommet de Carthagène soit un succès. Le désir d'y participer est fort, dépassé seulement par la fermeté de nos convictions », a-t-il conclu.
Le président équatorien avait proposé en février, lors d'un sommet de l'ALBA (Alternative bolivarienne des peuples de Notre Amérique) à Caracas, que les huit gouvernants de ce groupe n'assistent pas au Sommet des Amériques tant que Cuba ne serait pas invitée. Le chef d’État a réaffirmé à de nombreuses occasions sa position qui est « de tenir compte du ressenti de nos peuples lassés de ses réunions de présidents tandis qu'ils restent plongés dans des abîmes sociales ».La ministre des Affaires étrangères, María Ángela Holguín, a indiqué que les présidents du continent ont confirmé leur présidente au rendez-vous de Carthagène. Les Sommets des Amériques ont commencé en 1994 à Miami et Cuba n'a jamais été invitée. L'île fut suspendue de l'Organisation des États Américains (OEA) en 1962. Cette mesure fut annulée en 2009, mais Cuba n'a jamais fait son retour à l'OEA, ce qui l'obligerait à signer la Charte Démocratique de l'organisme.
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