jeudi 14 juin 2012

A COLSON ON MALTRAITE ON TORTURE ON REND FOU ON TUE DES MALADES PSYCHIQUES



Une article dénonçant certaines pratiques hospitalière en Martinique qui circule sur Facebook, nous le reprenons tel quel.

Au CHS de Colson, unique établissement psychiatrique de la Martinique, on maltraite, on torture, on rend fou et on tue des malades en souffrance psychique.

De tous temps, on sait, on a toujours su - même si on ne veut pas savoir - ce qui se passe derrière les murs décrépis de cet établissement que je ne nommerai pas hôpital, où les malades deviennent fous, parfois meurent de maltraitance, de mauvais traitements et de tortures infligées par certains médecins et soignants.

Il est temps de briser l'omerta. Et je salue d'avance le courage de celles et ceux, en partiulier les soignants et médecins dont certains ont démissionné ou fait l'objet de menaces de mort pour avoir exprimé leur désaccord quant à la prise en charge des malades, qui oseront avec nous dénoncer.

Dans certains pavillons, la contention et l'enfermement en cellule d'isolement sont quasi systématiques. Ils annoncent cyniquement d'ailleurs la couleur : tout nouvel arrivant est d'office mis en celllule d'isolement, "c'est le protocole". Irréfutable argument auquel on ne peut rien opposer. Inutile de demander pourquoi, d'essayer de comprendre ce "protocole" qui n'existe pas et s'il existe, totalement illégal. Toute mise en isolement devant faire l'objet d'une indication thérapeutique précise, d'un réel protocole et devant se justifier médicalement, pas en termes sécuritaires. 

Il existe des hôpitaux psychiatriques où les chambres d'isolement n'existent pas. Preuve qu'on peut faire autrement. Quant aux chambres d'isolement, elles doivent répondre à des normes précises mais qu'importe. A Colson le placard à balai qui parfois en fait usage existe, sans aucun confort, aucune sécurité pour le malade : une fenêtre avec des barreaux par lesquels parfois passent les joints quand le malade est délié, pas de lavabo ni de WC, pas de sonnerie d'appel en cas d'urgence ou de malaise, des lits souvent sans drap avec une alèse, des cellules où des malades pas forcément "agités" (mais comment ne pas l'être dans un tel environnement), ligotés aux chevilles et aux poignets, sont immobilisés pendant des jours, parfois des semaines. Pas moyen d'aller aux toilettes, on fait sur soi, baignant dans urine et excréments.

Récemment un malade est décédé suite à une contention "non contrôlée"...

Des malades restent en contention parfois plusieurs jours SANS AUCUN SOIN. C'est de la torture. Les brutalités et sévices physiques sont légion dans cet établissement et les décès pas rares. Pas rare que les malades soient traités à coups de poing et de pied par des "soignants", y compris à l'Unité 72 (première admission aux urgences du CHU), y compris dans le hall du Tribunal récemment où certains "comparaissaient en audience" conformément à la Loi de Juillet 2011, un hall transformé en scène de pugilat soignants contre malades, un malade s'étant rebellé entraînant d'autres dans la révolte. Tout le beau monde au balcon assistant à la scène, certains sans doute amusés. Personne ne disant mot de voir traiter des malades à coups de poing et de pied. Pas d'enquête. Dans un tribunal, haut lieu de justice!

CE SONT DES HOMMES!

Dont souvent tous les droits sont bafoués : droits du malade hospitalisé, droits de l'usager en santé mentale, DROITS HUMAINS élémentaires tout simplement. Et NUL N'IGNORE!

Que disent les médecins - à part de très rares exceptions - dont beaucoup sont des contractuels réduits au silence, pas assez courageux ou si peu concernés pour parler, dénoncer. Certains partent ailleurs : 35 départs en 5 ans! Quand on sait que le lien thérapeutique - mais de quoi parle-t-on - suppose une relative stabilité de l'équipe soignante pour mettre en confiance - mais de quoi parle-t-on - les malades. Et les soignants qui se taisent, préfèrent partir en extra-hospitalier ou complices de pratiques inacceptables quand ils ne sont pas eux-mêmes les auteurs de cette maltraitance et de ces actes de barbarie. Les jeunes infirmiers qui débarquent sans aucune formation pour la psychiatrie (2 semaines par an pendant leurs 3 années d'études) se fondent dans le moule ou partent vite ailleurs.

Dans cet établissement la maltraitance institutionnelle a toujours existé mais un cran de trop quand on torture et tue.

Impossible de savoir le nombre de décès chaque année, l'info est verrouillée. 

Ces dernières années, on a vu encore considérablement se dégrader et de façon scandaleuse les conditions d'hébergement et de prise en charge des malades déjà inacceptables auparavant (cf rapports d'experts passés par là depuis 1995).

Ce n'est pourtant pas faute d'argent mais les crédits alloués vont partout sauf à l'amélioration de la qualité de l'hébergement et des soins, ce qui devrait être la priorité vu l'état de délabrement et les dysfonctionnements de cet établissement.

Ces crédits sont en partie détournés au point que l'ARS exige aujourd'hui le remboursement de plus de 100.000 euros trop perçus par certains médecins payés pour des services non effectués, parfois même alors qu'ils étaient à l'étranger.

Les inspecteurs de l'IGAS qui viennent de passer au crible pendant 2 mois les comptes de cet établissement en savent long! Que font les syndicats complices qui n'en ignorent rien? Que fait la Commission des Hospitalisations Psychiatriques inexistante? Que fait l'ARS (Agence Régionale de Santé), l'autorité sanitaire de tutelle? Est-elle juste comptable du budget de l'Etat en demandant le remboursement des sommes indûment perçues? Et les malades, qui s'en soucie? Et la psychiatrie pratiquée dans cet hôpital QUI REND FOU?

De quelles protections occultes bénéficient ceux qui doivent rendre des comptes? et pas qu'à l'Etat... aux usagers, aux familles, aux élus et aux citoyens?

L'Association Equinoxe a transmis aux autorités sanitaires locales en 2007, ainsi qu'aux experts de la MNASM (Mission Nationale d'Appui en Santé Mentale), un rapport sur la qualité de la prise en charge psychiatrique à la Martinique afin que nul ne prétende ignorer mais resté sans suite. La situation s'est aggravée depuis. Et pourtant dans les réunions de la CRU (Commission des Relations avec les Usagers) qui se réunit tous les 18 ou 24 mois (au lieu de tous les 3 mois), les responsables de l'établissement exhibent fièrement des "enquêtes de satisfaction" menées intra-muros par le personnel soignant avec un taux de satisfaction des usagers avoisinant les 100% dans tous les domaines : accueil, hébergement, soins, intendance (vêtements, etc)? De qui se moque-t-on?

Face à l'opacité de la gestion de cet établissement et de ses pratiques, face à l'omerta, NOUS, Association Equinoxe (association regroupant les familles d'usagers de la psychiatrie) et la toute récente Association des Usagers de la Psychiatrie (que nous invitons les usagers à rejoindre)

-  demandons que soient menées des enquêtes de satisfaction auprès des usagers hospitalisés par des personnes neutres, extérieures à l'établissement

-  recueillons dès maintenant les témoignages d'usagers, de familles, de soignants et de médecins courageux. REFUSEZ L'OMERTA! Nous invitons toutes celles et tous ceux qui ont subi la violence institutionnelle de cet établissement à nous contacter pour nous faire part, si possible par écrit, de leur vécu.

-   réitérons notre demande formulée depuis 2008 que des Etats Généraux de la Psychiatrie soient organisés afin d'engager l'incontournable débat de fond sur la psychiatrie à la Martinique, préalable à la vaste réforme de ce secteur de la santé si délaissé et qui doit, lui aussi, accéder au 21ème siècle. Il est temps que la santé mentale ne soit plus le parent pauvre du système de santé. Et dans ce cadre-là, que la parole de TOUS, prioritairement usagers et familles, soit prise en compte. Un plan de santé mentale a été élaboré pour les 5 prochaines années à l'élaboration duquel ni usagers ni familles n'ont participé. Celà n'est pas acceptable car ILS SONT LES PREMIERS CONCERNES.

A l'heure où le Centre Hospitalier de Colson doit se mettre aux normes en vue de son accréditation, il est essentiel de témoigner de la réalité de cette institution.

Au-delà des murs honteux dans lesquels sont accueillis les usagers, de dénoncer les pratiques intolérables et inhumaines qui depuis trop longtemps ont eu cours et ont encore cours dans cet établissement, de dénoncer la stigmatisation des malades sur le lieu même où ils sont sensés être soignés.
Un rapport incluant les témoignages reçus sera transmis aux plus hautes autorités sanitaires locales et nationales ainsi qu'à nos députés et autres élus.

Pour les témoignages, envoyer par mail : Ils pourront demeurer anonymes aux tiers si leurs auteurs le souhaitent.

Un N° de tel fixe et de GSM vous seront transmis prochainement et des permanences des deux associations (usagers et familles d'usagers) débuteront début juillet. Nous vous informerons des jours, lieu et heures également.

Nous invitons celles et ceux qui se sentent concernés à rejoindre l'Association Equinoxe qui, outre les familles, accueille aussi sympathisants et bénévoles. NUL N'EST A L'ABRI D'UN TROUBLE PSYCHIQUE.

De prochains articles à venir. Et des témoignages qui seront publiés.

Yolène de Vassoigne
Présidente de l'Association EQUINOXE (familles d'usagers de la psychiatrie à la Martinque) - 12 Juin 2012


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