mercredi 20 juin 2012

Fête de la Saint-Jean et solstice : amour et purification



Fête traditionnelle très ancienne liée à des traditions païennes autour du solstice d’été dans l’hémisphère nord, la fête de la Saint-Jean rappelle à beaucoup de Français et de très nombreux Européens beaucoup de souvenirs agréables et joyeux. Moi-même je me souviens avec émotion, de cette fête particulièrement gaie et de bonds par-dessus les braises dans une ambiance de franche rigolade, au milieu des rires et de la joie.

Cette fête qui se perd dans les méandres du temps, était une célébration du feu et prend ses origines dans les cultures celtes et germaniques, peuples qui pratiquaient ce culte. Comme bien d’autres, cette tradition fut adaptée par la religion chrétienne et reprise à son compte, elle célèbre Saint-Jean Baptiste et par là même, en France, c’est la fête de tous les personnes prénommées Jean, qui ont toutefois un prénom composé, « les jeans composés ».

Dans l’Hexagone, cette fête continue de se perpétrer dans les villages, elle fut autrefois une fête plus importante, notamment organisée par la ville de Paris et présidée par les Rois durant de nombreux siècles. C’est la fête de l’ouverture des moissons également, et les fameux feux allumés à la Saint-Jean sont censés apporter la prospérité dans les récoltes, ailleurs c’est plutôt un acte de purification, partout cette fête est forte de nombreuses symboliques. C’est une fête liée à la jeunesse et aux rites de passage, elle n’est pas non plus dénuée d’un petit côté romantique, où les jeunes gens sont censés se rencontrer, les jeunes hommes montrer leur adresse dans les sauts en essayant d’entraîner la belle dans un bond promesse de bonheur et d’amour !

En France, elle est fêtée de manière inégale et différente. Dans des villages d’Alsace, les conscrits construisent au cours de l’hiver et du printemps de magnifiques tours et pyramides de bois. Elles sont parfois de véritables œuvres d’arts et peuvent mesurer plus de 10 mètres de haut, parfois plus. C’est au cours de la fête des feux de la Saint-Jean, que cette tour est enflammée par les villageois qui chantent et dansent tard dans la nuit. Traditionnellement fêtée le 24 juin selon le calendrier chrétien, les communes françaises l’organisent en principe un samedi soir, le week end et décalent la date traditionnelle pour offrir aux habitants une fête populaire. Les jeunes gens s’amusent et sautent par-dessus les feux de longue mémoire d’hommes. En Catalogne, elle est accompagnée du bouquet de la Saint-Jean, un bouquet composé de quatre herbes spécifiques cueillies le matin du 23. La tradition veut que cela soit une feuille de noyer, une de millepertuis, une d'immortelles et la dernière d'orpins. Ces bouquets sont parfois encore accrochés aux portes des habitations pour attirer la chance et le bonheur dans la maison. Par projection, les feux et le bouquet de la Saint-Jean sont évidemment célébrés en Espagne, notamment en Galicie, terre celte s’il en est. Là également les « herbes » sont cueillis à l’avance pour composer ce bouquet, elles sont un peu plus nombreuses, au nombre de 7, notamment le fenouil, le romarin, les mauves, les fougères mâles, les roses sauvages et bien d’autres ! Le bouquet est plongé dans une bassine d’eau, durant la nuit précédant la fête. Il est en est sorti et les habitants se lavent le visage avec l’eau. Le bouquet est conservé et il est séché ensuite derrière la porte de la maison étant censé protéger du mauvais sort et des sorcières…

En Lettonie, la fête est célébrée également dans la nuit du 23 au 24 juin et s’appelle la fête du Ligo, le jour de Jean. Cette nuit est la plus courte de l’année, ce qui fait de ce jour un peu spécial, le jour le plus long, bien qu’il n’y ait pas ici de débarquement. Après cette fameuse journée, tout commence dans la nature à diminuer. Comme en Galice où les plats traditionnels sont très présent, en Lettonie, les gens mangent un fromage traditionnel particulier, le ligovsky, qui est mangé avec du cumin et dégusté avec de la bière, boisson très appréciée dans cette région et en général dans la plupart des pays de l’Est de l’Europe. Les gens ici comme ailleurs chantent, dansent et sautent par-dessus les feux jusqu’au matin. Toutefois, la tradition du bouquet se transforme. Ici comme dans d’autres pays slaves, les jeunes filles tressent des couronnes qui à la nuit sont jetées dans les eaux d’une rivière, d’un fleuve ou d’un lac. Cette couronne est censée se diriger vers le futur fiancé, celui qui la trouve ou l’endroit où elle s’échoue étant en principe le futur élu, ou l’endroit où réside l’être attendu. Si elle coule bien entendu, aucune alliance ni mariage ne concerneront la malheureuse qui devra prendre son mal en patience. En Lettonie, les hommes tressent aussi des couronnes de chêne, arbre symbolique, mais les jeunes hommes et les jeunes femmes sont aussi dans cette nuit du Ligo, à la recherche d’une fougère fabuleuse, une fougère florissante qui apporterait, à la hauteur de sa rareté, la chance et le bonheur.

En Russie, la fête porte également un autre nom, Ivan Koupala et elle est célébrée pour les mêmes raisons que nous avons évoquées. Toutefois l’Eglise orthodoxe russe se référant encore à l’ancien calendrier, la fête d’Ivan Koupala est célébrée à la date du 7 juillet et n’est plus en concordance comme dans d’autres pays avec le solstice d’été. Son nom est en fait la variante slave du nom de Saint-Jean le Baptiste, bien que d’autres versions rattachent cette appellation à un dieu des païens. Ici, la fête lie l’eau et le feu, dans un jour particulier où ces deux éléments sont liés exceptionnellement ensembles. Les bains sont donc à l’honneur, les jeunes femmes comme en Lettonie, en Ukraine et dans la plupart des pays slaves tressent des couronnes qui sont confiées aux cours d’eaux. Elles apportent si elles ne sombrent pas dans les flots, à l’envie le bonheur, une longue vie ou encore un futur mariage. Dans le même temps, le feu est purificateur, les jeunes gens se pressent pour bondir par-dessus les feux, les plus habiles, ceux qui sautent le plus haut et le plus loin sont ceux qui connaîtront la vie la plus heureuse et la plus riche. Les mères des enfants malades en profitent pour brûler les chemises de leur progéniture, le feu étant censé guérir de la maladie. C’est aussi une nuit, où, les créatures maléfiques, les créatures de la nuit, comme les loups garous, les sorciers, les êtres aquatiques similaires à nos vouivres ou à nos marangueules, les êtres sylvains sont particulièrement actifs. Mais le feu d’Ivan Koupala a également le pouvoir de repousser et de chasser ces êtres surnaturels malveillants. Ici comme dans certaines communes de France, des rouleaux, des barils enflammés sont précipités du haut de proéminences ou de collines, dans l’idée de la purification.

Ailleurs nous ne pouvons pas à proprement parler de Saint-Jean, mais le solstice d’été qui correspond plus ou moins à cette date est l’occasion de fêtes et de traditions également plus ou moins vivaces. Les amérindiens de certaines tribus célébraient la danse du Soleil, alors qu’à Stonehenge des gens se rassemblent encore à la manière des antiques civilisations pour fêter le passage à l’été. D’autres cultures célébraient le solstice, les romains avec les Saturnales, les juifs avec Hanoucca pour ne citer qu’eux. En marge, cette fête païenne donne lieu à des cérémonies néopaïennes, notamment dans les mouvements druidiques ou sataniques. Elle avait notamment été remise au goût du jour par les SS et les Waffen SS, pour ses origines nordiques et bien sûr en relation avec le paganisme, dans une tentative de lien entre la force et la gloire des peuples antiques nordiques et l’ordre nouveau des nazis. Encore aujourd’hui les rares nostalgiques de ce triste mouvement se rassemblent en ce jour pour célébrer le solstice.

Dieu merci, la Fête de la Saint-Jean, la fête du solstice est au-dessus de tout cela, et ce sont encore dans le Monde, des milliers de jeunes personnes, accompagnées par leurs aînés, qui chanteront, danseront et sauteront par-dessus les brassiers allumés dans les nombreux villages de France, de Russie et d’ailleurs. /L

Laurent Brayard

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