Comme pour Houla, les dirigeants occidentaux, rejoints par Ban Ki-moon et Kofi Annan, dénoncent bruyamment le « massacre » d'al-Treimseh survenu le 12 juillet : citons Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne , qui parle de « violation flagrante« du plan Annan, Hillary Clinton qui évoque une « vision de cauchemar » ou encore François Hollande qui a exhorté Russie et Chine à ne plus s'opposer à des sanctions contre la Syrie. On passe les délires du CNS, selon qui le régime a commis le « plus infâme des génocides » commis par le régime et on note la réaction de Kofi Annan pour qui Damas, en utilisant des armes lourdes à Al-Treimseh, a « bafoué » les résolutions de l'ONU.
Or, et c'est là que l'on touche à une certaine folie internationale – ou plutôt qu'on persévère dans le mensonge et la manipulation – ce qui s'est passé à Treimseh, c'est d'abord un affrontement d'ampleur entre l'armée syrienne et l'ASL. Affrontement, selon un témoin de l'opposition cité hier par plusieurs sources dont l'AFP, provoqué par une attaque des rebelles contre une colonne de l'armée. Affrontement qui s'est soldé, de l'aveu même de l'OSDH et de diverses sources opposantes, par un désastre pour l'ASL, qui a laissé des dizaines de tués – une centaine ? – dans l'affaire.
Aujourd'hui, l'OSDH transforme en catastrophe ces combattants armés en civils, parle de dizaines de personnes « sommairement exécutées« , sans préciser d'ailleurs s'il s'agit de combattants ASL ou de vrais civils. L'officine de R.A. Rahmane, qui excelle à transformer les activistes morts les armes à la main en civils victimes de la répression, parle par ailleurs de 17 personnes, dont des femmes et des enfants, tuées alors qu'elles tentaient de fuir le village. Hier, le témoin cité par Le Point estimait à sept le nombre de civils morts à al-Treimseh, tandis qu'un autre cité par Sana estimait que les terroristes avaient tué au moins 50 habitants.
Bref on est dans une double confusion, sans doute volontaire :
-on (les Occidentaux et même l'ONU) fait comme si les activistes armés de l'ASL étaient d'innocentes victimes de la barbarie du régime. Et sans doute, une Hillary Clinton n'apprécie pas que « son » ASL soit taillée en pièces, à Treimseh comme en d'autres points du territoire syrien.
-on met, comme à Houla, les vraies victimes civiles, dont le nombre est pour le moins imprécis, au compte des militaires syriens, voire des inévitables chabihas puisque l'OSDH évoque à présent des blessures « à l'arme blanche » sur le corps de certaines victimes.
L'AFP dans une dépêche de minuit rappelle tout de même que l'OSDH a d'abord reconnu que sur les 150 victimes supposées des incidents d'al-Treimseh, figurent « des dizaines de combattants rebelles » ; donne la version gouvernementale – un combat victorieux contre les « terroristes » ; rappelle le témoignage d'un militant de l'opposition qui corrobore la version gouvernementale en disant qu'une colonne de l'armée a riposté à une attaque des rebelles ; et indique encore que les vidéos circulant sur la tuerie d'al-Treimseh ne montrent que des cadavres d'hommes.
On voit que tout ça n'empêche pas les habituels soutiens internationaux de l'ASL d'essayer de relancer la machine à indignation et à sanctions, sur le « modèle éprouvé » de Houla.
À ce stade on se tourne vers les Russes, une fois de plus sommés par leurs adversaires géostratégiques d'infléchir leur position au Conseil de sécurité. Eh bien les Russes ont eux aussi condamné un « crime sanglant« , mais qu'ils imputent « à des forces qui cherchent à semer les graines de la haine interconfessionnelle « ce qui revient très clairement à accuser l'ASL et le groupes de la responsabilité des violences à al-Treimseh. Le Conseil de sécurité étant réuni depuis jeudi pour discuter de deux projets de résolution contradictoires, cela promet des débats houleux entre les deux camps, mais aussi un nouveau véto sino-russe au texte occidental.
Mais, sur le fond de l'affaire, on est comme malgré soi effaré par la mauvaise foi – pourtant « structurelle » – des Occidentaux, prêts à travestir les agresseurs de l'ASL en femmes et en enfants massacrés par l'armée. Il n'y a décidément rien de juste et de vrai à attendre de ces fauteurs de guerre – civile ou internationale – et le gouvernement et l'armée syriens auraient bien tort d'arrêter leur nettoyage des bandes téléguidées par Washington, Londres et Doha.
Louis Denghien
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