Rédaction du Naïf : L’empoisonnement de la biodiversité du Pays Martinique est le résultat imprévisible qui était prévisible, d’une stratégie de développement d’une production agricole la Banane. Les grands propriétaires békés ont de manière cynique cultivée sciemment le mensonge et la désinformation pour prolonger l’utilisation d’un pesticide par dérogation avec les conséquences que nous connaissons.
Ce sont les békés planteurs de bananes avec la complicité de l’Etat qui mettent en place l’utilisation de produits dangereux dans un but économique au détriment de la santé humaine. En 2002 c’est un contrôle des patates douces à Dunkerque bourrées de chlordécone en provenance de la Martinique quatre ans plus tard c’est un article de Libération du 6 janvier 2006, intitulé “une terre gorgée de poison”, qui s’appuie à la fois sur les travaux parlementaires de 2005 et sur des observations aux Antilles.
La journaliste Eliane Patriarca ne manque pas de souligner l’opacité qui caractérise l’homologation des produits phytosanitaires, et témoignent de l’influence d’une poignée de gros planteurs qui contrôlaient alors la filière antillaise de la banane. Aussi, l’organisation de son récit passe par la construction d’un lien étroit entre le chlordécone et les représentants de la filière banane. « Les autorités américaines interdisent le Kepone en 1976. Pourtant, cinq ans plus tard, le produit va être réautorisé en France. Après le passage de deux cyclones, en 1979 et en 1980, les planteurs se disent démunis face à la prolifération du charançon. En 1981, le ministère de l’Agriculture accepte de le remettre sur le marché. C’est la société Laurent de Laguarigue qui a racheté le brevet de la molécule et la vend sous le nom de Curlone. Or, Laguarigue est un gros planteur béké martiniquais, propriétaire de maisons d’exportation de bananes…. ».
Elle indique que « les gros planteurs obtiennent deux dérogations : le produit sera utilisé jusqu’en 1993 », alors qu’il a été interdit par le ministère de l’Agriculture en 1990. La figure de l’oppresseur est donc identifiée à celle du « gros planteur » ( ndlr :gros planteur=béké) influent qui relance la production de chlordécone et obtient son utilisation la plus longue possible. Mais elle ne peut se comprendre que parce qu’une figure de victime [Boltanski, 1990] est construite en regard, celle du petit agriculteur vivrier.
L’Assaupamar en 2007 porte plainte au pénal pour « crime d’empoisonnement », en mai 2007 et vise particulièrement les représentants de l’État. La cour d’appel de Martinique déclare recevable une plainte pour « empoisonnement » et à ce jour de nombreuses plaintes dans tous les sens et le profit et le chantage à l’emploi ne doit pas passer avant la santé, il faut donc poursuivre les empoisonneurs.
La Martinique c’est l’Europe, cela se répète. Mais en vérité il y a une inégalité de traitement. Regardons pour exemple en l’Italie le 13 février 2012, le tribunal de Turin a condamné deux hauts dirigeants d’Eternit à seize ans de prison. Le tribunal a jugé que le Suisse Stephan Schmidheiny et le Belge Jean-Louis de Cartier de Marchienne étaient responsables d’une «catastrophe sanitaire et environnementale permanente» dont les effets se feront sentir encore pendant plusieurs décennies. Le mésothéliome est un cancer rare (un cas pour 100 000 habitants en moyenne). À CasaMonferrato, petite ville de 35 000 habitants, on en compte un nouveau cas par semaine, alors que l’usine d’amiante-ciment a fermé depuis un quart de siècle !Le tribunal de Turin a condamné les prévenus à indemniser non seulement les victimes, les familles et leurs organisations mais aussi l’Inail (la Sécurité sociale italienne), qui a pris en charge le coût de ces maladies, et les institutions locales qui ont financé les travaux de dépollution.
La Martinique territoire européen, des plaintes pénales ont été déposées pour que lumière soit faite sur les responsabilités de cette catastrophe sanitaire environnementale permanente, mais elle s’enlise et l’opinion publique peut penser que les parquets à Paris ou en Martinique sont aux ordres de réseaux békés. Tout est fait tout pour retarder ce procès pénal et en réduire la portée.
Il est faut s’interroger sur le fonctionnement du système judiciaire et sur l’adéquation de notre Code pénal pour juger les responsables d’une catastrophe sanitaire. Ce Code ne considère en effet comme responsables d’homicide volontaire que les assassins ordinaires, ceux qui tuent intentionnellement une victime bien identifiée. Les autres cas relèvent de l’homicide «par imprudence». Mais peut-on vraiment parler de «délit non intentionnel» lorsqu’une stratégie de développement agricole, élaborée en connaissance de cause à un empoisonnement de la biodiversité prévisible non pas d’un individu déterminé mais d’un Peuple. Il ne faut pas banaliser cette affaire et la politiser pour des raisons 2015.Les grands propriétaires békés ont commis là un crime social, qui doit être sanctionné comme tel. Non par esprit de vengeance, mais pour que les générations futures ne connaissent plus jamais de tels drames.
C’est vrai que les spécialistes de ne manquent pas souligner que : « certains produits chimiques cancérigènes se dégagent des tables, chaises, étagères, livres et cahiers, avec des risques " non négligeables " pour nos enfants, notamment dans les
Écoles, selon des études scientifiques confidentielles... La majorité des pesticides ne font pas l'objet d'analyses officielles dans les aliments et les seuils limites de leur présence dans l'eau ne reposent pas sur des critères médicaux... Des sites industriels et des incinérateurs ont longtemps contaminé leur environnement avec des métaux lourds ou de la dioxine, sans que les pouvoirs publics prennent en compte la santé des riverains... La pollution atmosphérique urbaine provoque au moins 32 000 " décès prématurés " chaque année en France, dont une grande partie serait évitables, d'après les experts, qui ne sont guère écoutés... L'amiante, interdit en France en 1997, empoisonne toujours : il en reste partout, le nombre de personnes exposées est bien supérieur aux chiffres annoncés, aucune véritable prévention n'a démarré et l'hécatombe des malades s'amplifie... Pour la première fois, une enquête tente d'évaluer les
Dégâts sanitaires des polluants et produits toxiques qui nous entourent, et s'interroge sur les responsabilités de tous les " empoisonneurs ", si involontaires soient-ils. Témoignages de victimes, reportages aux quatre coins de la France, découvertes récentes des chercheurs, alertes des
Médecins, plongée dans les coulisses de l'industrie et du pouvoir, rapports méconnus ou enterrés : Les Empoisonneurs rassemble les données pour s'informer sur ces risques de notre vie quotidienne, expliquant comment il est encore possible d'éviter le pire, à condition de ne plus se voiler la face. »
Mais cela ne doit pas démobiliser l’opinion publique. Il faut bien mesurer ce qui se passe là actuellement, nous devons comprendre que le profit et chantage à l’emploi ne doit pas passer avant la santé, il faut poursuivre les empoisonneurs de la biodiversité du Pays Martinique à l’heure où l’on parle de Grenelle, de Trame verte de Trame bleue .
Camille CHAUVET
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