Dans une interview accordée à l’agence italienne Aki, l’ancien président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, se dit absolument convaincu que ce qui s'est passé en Libye n'était pas une révolution mais une ingérence dans les affaires de ce pays, et il accuse la France d’en avoir été l’instigatrice. En Libye, ce n’était ni un «printemps arabe» ni une «révolution populaire», a souligné Berlusconi qui a rappelé que Kadhafi était aimé de ses compatriotes. Certes, le peuple libyen manquait de libertés, mais il avait le pain et le logement gratuitement, a-t-il ajouté. Il estime que le gouvernement français a présenté de façon trompeuse à la communauté internationale sa décision d'intervenir dans le conflit interne en Libye comme se situant dans le cadre de la révolution dans ce pays. Toutefois, cette déclaration de Berlusconi ne peut faire oublier que l’Italie a participé à l’agression contre la Libye alors qu’il était lui-même président du Conseil et promis qu'«en Libye, nous ne tirerons pas une balle». Il était revenu sur ses belles paroles convaincu, d’ailleurs, par Sarkozy. Il avait alors reconnu ne pas pouvoir se soustraire à une intervention italienne en Libye sous la forme de raids ciblés.
Aujourd’hui, Berlusconi se rappelle que Nicolas Sarkozy a donné l’ordre de bombarder la Libye par des avions français avant qu’une décision commune ne soit prise et avant, aussi, l’attaque aérienne supposée de Kadhafi sur Benghazi. Voilà le résultat de ce qui a été appelé le printemps arabe, conclut Berlusconi qui fait observer l’inquiétude de tous face à cette situation qui rejette les pays concernés en arrière et cela, dit-il, n’a rien à voir avec la démocratie occidentale. Ce n’est pas la première fois que Berlusconi se singularise au sein des pays occidentaux à propos de la Libye. En juin 2011, en pleine agression contre ce pays, Silvio Berlusconi avait réclamé un cessez-le-feu comme première étape d’une négociation politique. Cette position avait alors été expliquée par un règlement des comptes entre Berlusconi et Sarkozy, sur fond de désaccords sur l’attitude à adopter, à l’époque, face à l’afflux très fort et incontrôlable d’immigrants venus de Libye. En septembre 2011, il avait récidivé en déclarant que la rébellion libyenne, qui a renversé Mouammar Kadhafi, «n'a pas été un soulèvement populaire» mais un acte d'«hommes de pouvoir» décidés à le chasser.
Kamel Moulfi
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