dimanche 31 mars 2013

IL FUT UN TEMPS OU LA PAROLE N’ETAIT PAS QUE DU VENT


Quand les mots disaient les maux

Cet homme s’en est venu un soir dans un studio de la télévision, pour s’adresser à la nation. Je ne me suis pas offert de l’écouter, car nous étions encore quelques jours avant Pâques, et je comprenais bien que l’heure du miracle n’était pas encore venue...

Cependant, un peu comme lorsque nous jouons au loto, sans vraiment y croire, mais en espérant tout de même un petit peu, j’avoue que j’espérais secrètement découvrir le lendemain par les éclats des uns et des autres, qu’un événement s’était produit, qu’il aurait soudainement révélé la face d’un génie qu’on ne lui connaissait pas jusqu’alors, par une prise de position audacieuse, ou que tout au contraire il se serait lamentablement planté en tentant de donner une juste raison à son inaction...

Mais non, rien, rien du tout… Fantastiquement rien, ce qui, il faut bien le reconnaitre, témoigne de l’habileté de ceux qui ont bien compris que la meilleure façon d’éviter le plantage, c’est tout simplement de ne pas tenter l’audace. Donc rien...

Bien sûr, ses partisans l’ont trouvé bon, comme toujours, comme ils l’ont toujours trouvé bon et le trouveront toujours bon, et pour les siècles des siècles, amen. Et comme ils ne l’ont même pas trouvé meilleur, je suppose que personne n’est encore parvenu à lui faire remettre en bonne position, son nœud de cravate toujours de travers...

Bien sûr ses opposants l’ont trouvé mauvais, comme toujours, comme ils l’ont toujours trouvé mauvais et le trouveront encore mauvais, mais heureusement, pour seulement encore les quatre années qui viennent, et peut-être même moins... Sait-on jamais après tout... ?

Ainsi, cette prestation qui n’aura pas fait varier l’opinion d’une virgule, puisque les convaincus l’étaient déjà avant le discours, et que les déçus l’étaient déjà eux aussi avant, et que pas un engagement, ni une disposition nouvelle n’en constitue la conséquence n’a donc servi strictement à rien, et c’est là tout le grand art de faire, mais pour rien, sans être par cela accusé de ne rien faire...

Dire que tout cela ne fut que du vent serait bien trop forcer le ton, car il est manifeste que pas même une poussière ne fut soulevée à cette occasion... Reviendra cependant un jour où les mots diront à nouveau les maux, dont celui-là...

Paris, le 31 mars 2013 
Richard Pulvar

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