Ils y a ceux qui dans les chancelleries occidentales, ne tablent que sur un retour de celui-ci au moyen âge, ou que sur une déstabilisation permanente du monde arabo-musulman, pour qu’en aucune circonstance celui-ci n’en vienne à constituer une redoutable puissance, ce que les données objectives, sociologiques, économiques et culturelles, lui permettent.
Il y eut tout d’abord le blocus économique de l’Egypte en 1955, qui sera poursuivi par l’opération de Suez en 1956, puis l’arrêt net de la fulgurante croissance économique qui fut celle de l’Iran, sous le Shah, en lui expédiant en 1979 et depuis Neauphle-le-Château, un ayatollah antédiluvien, l’invasion et l’écrasement sous les bombes, du Liban, tout au long de ce qui fut déjà une guerre civile, mais due à une situation qui lui était faite, par les Israéliens. Vinrent ensuite l’instrumentalisation de Saddam Hussein, pour qu’il se lança dans une guerre dévastatrice pour les deux nations, contre l’Iran, la même manœuvre pour qu’il se lança à nouveau dans une guerre contre le Koweït, en offrant ainsi aux manipulateurs l’occasion d’anéantir une bonne fois par deux guerres dévastatrices encadrant douze années d’embargo, la nation laïque qui par l’utilisation judicieuse de ses revenus pétroliers, était en train de devenir la plus grande puissance technologique et industrielle de la région.
Vinrent enfin la partition du Soudan, pour le priver de sa ressource pétrolière, la destruction totale de la Libye, le hold-up sur ses réserves financières et l’assassinat de son chef qui avec celles-ci, était en mesure, par la création d’une banque africaine, de permettre au continent africain de se soustraire de la dictature du FMI, puis la déstabilisation à l’aide de mercenaires fanatisés, de la Syrie, et c’est logiquement qu’on en vient maintenant à défaire l’Egypte, et il faut bien reconnaitre que, malgré la défaite militaire des assaillants sur le terrain, cette politique cynique de destruction des nations s’est révélée terriblement efficace.
Face à ceux là, il y a ceux, pauvres d’esprit, qui pensent confusément et sans jamais oser le dire aussi franchement, que seul un mouvement mu par la force religieuse fanatique, pourrait être en mesure de provoquer l’occident dans un affrontement, non pas régional celui-là, comme ce fut le cas jusqu’ici, mais généralisé, et dont ils s’imaginent alors stupidement qu’ils en seront victorieux. Ceci, sans comprendre que c’est un bien mauvais calcul que d’inviter encore maladroitement l’occident à s’exprimer dans cette activité dont justement il raffole, c’est-à-dire la guerre...
Or, voici que par delà leur opposition fondamentale, les uns et les autres s’accordent en leur clameurs indignées, pour évoquer la démocratie bafouée en Egypte, en arguant avec la plus totale mauvaise foi pour les premiers, et la plus totale stupidité pour les seconds, que le gouvernement islamiste qui a sévit plus d’un an en Egypte, fut démocratiquement désigné.
Il suffit donc à ces gens, du formalisme du déroulement d’un scrutin, pour proclamer aussi vite le fait démocratique, et il y aurait donc eu selon eux, l’établissement d’une véritable démocratie en Egypte, par le seul fait qu’une majorité d’Egyptiens aurait accordé ses suffrages à un parti islamiste. Celle-ci constituerait de la sorte une “démocratie islamiste”, sans qu’à aucun moment ces gens ne perçoivent ou ne veulent percevoir, l’antinomie fondamentale qui existe entre ces deux concepts, la démocratie, et l’islamisme.
Pour tous ceux de cette meute bruyante et excédée, qui veulent croire, ou feindre de croire, que le fait majoritaire autorise au nom de la démocratie, l’écrasement par les gagnants, ne le seraient-ils que d’une faible majorité, des perdants sous leur volonté sectaire, et que le simple formalisme du scrutin, pourvu qu’il s’opère selon les règles, afin de définir une majorité, suffit à l’établissement de la démocratie, je voudrai rappeler ceci. C’est à la suite d’un scrutin tout ce qu’il y a de plus régulier, qu’en janvier 1933, vainqueur avec son parti des élections législatives, Adolf Hitler fut nommé chancelier du Reich. Un an plus tard, en 1934, il fit plébisciter sa politique, et obtint alors le résultat ahurissant de 92% des voix en sa faveur...!
Si à cette époque, constatant la tournure des événements, et comprenant leur finalité dramatique, il s’était trouvé un général pour lui barrer la route, celui-ci aurait épargné à notre humanité une montagne de 55 millions de cadavres...!
Tout ceci pour dire qu’une erreur multipliée par vingt millions, ne devient pas pour autant une vérité, qu’aucune magie ne fait que le bien soit une expression systématique du nombre, et que les peuples, surtout s’ils se trouvent plongés dans des situations traumatisantes comme l’était l’Allemagne de l’entre deux guerres, et comme l’est l’Egypte d’aujourd’hui, peuvent bien malgré eux se tromper, se trompent souvent, et parfois lourdement.
Les peuples des Etats Unis d’Amérique et la Grande Bretagne ont été trompés dans l’affaire lamentable d’Irak. Or, il est remarquable que les deux faussaires qui furent à l’origine de cette machination machiavélique, furent aussitôt, et alors même que leur forfait était déjà parfaitement connu, triomphalement réélus, et là il est clair que ce sont les peuples cette fois, qui dans leur majorité se sont lourdement trompés...
Si donc ce n’est qu’en s’assurant que celle-ci se fait à la satisfaction du plus grand nombre de citoyens qu’il est possible de conduire une politique légitime et efficace, d’où le bien fondé de la consultation et du fait majoritaire, pour autant, l’autorité de ce dernier doit se cantonner strictement à la gestion de la “ chose publique ”, et ne peut pas se prétendre comme étant une police des consciences et des croyances, lesquelles par définition même relèvent de la sphère privée, pour contraindre alors les citoyens à des obligations comportementales, selon une croyance.
En ce sens, le concept d’un “parti religieux” qui, sous une telle étiquette, n’aurait jamais eu le droit de se présenter en France où on n’accepte même pas l’appellation “démocratie chrétienne”, qui a pourtant cours dans d’autres nations européennes, constitue-t-il une injure au concept de démocratie lui même.
Il était parfaitement prévisible que l’Egypte ne pourrait pas passer aussi simplement que cela du jour au lendemain, de la dictature à la démocratie, et que le simple formalisme d’un scrutin majoritaire, ne suffit pas à l’établissement de celle-ci. Ceux qui proclament la démocratie outragée par les événements actuels font comme si elle avait déjà été établie.
Or, il est clair que le nouveau pouvoir, qui avait échu à ceux qui n’ont pourtant joué qu’un rôle tout à fait accessoire dans la révolution qui a défait la dictature, mais qui étaient les mieux préparés par leurs réseaux pour se présenter à une élection et faire campagne, n’a pas tardé à manifester son intolérance, son autoritarisme, et son obscurantisme.
En réalité, il ne peut pas exister de “parti religieux démocratique”, pas davantage qu’il ne peut exister de “parti nazi démocratique”, et ceci, pour exactement la même raison, le refus d’envisager l’autre dans sa différence, en lui imposant des règles qui ne se limitent pas à celles nécessaires et suffisantes à l’ordre social, mais en prétendant faire la police de sa pensée.
Un chef militaire constatant l’offense permanente faite par une moitié fanatisée du peuple, et bien sûr la moins éduquée, à l’autre moitié qui ne désirait que vivre selon ses choix, et qui constatait également que cette terreur islamiste avait totalement dépossédé le pays de sa principale ressource économique, à savoir, le tourisme, à compris que son avenir compromis, celui-ci ne pouvait que sombrer dans le chaos. Il est manifeste que se défaisant de ses alliances passées, il tente de le sauver...
Paris, le 18 aout 2013
Richard Pulvar
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