Les forces de domination étant parvenues à placer simultanément leurs agents à la tête des deux partis gouvernementaux, nous avons pu tous constater que depuis des années c’était la même politique de renonciation au progrès, voire même de régression sociale, qui se trouvait menée sous des étiquettes différentes et prétendument opposées...
D’autre part, la puissance médiatique ayant été l’objet de la même manipulation, elle n’était plus devenue qu’un instrument de propagande exclusive pour ces partis, ne permettant pas que d’autres propositions puissent être présentées aux électeurs. Dès lors il était clair que, compte tenu du mode de scrutin à deux tours, qui permet aux minorités structurées des partis gouvernementaux, pouvant toujours compter sur le soutien de leurs idolâtres inconditionnels, d’accéder au pouvoir même si elles ne représentent que 25% de l’électorat, et de l’exercer sans partage au nom du peuple, l’usage démocratique du suffrage universel ne permettrait jamais que puisse être menée une autre politique, permettant à la nation de retrouver la voie du progrès, serait-elle désirée par une large majorité du peuple.
Nous avons alors été nombreux à souhaiter, secrètement ou ouvertement, mais en toute légitimité, conscients de manifester un désir largement partagé, que par un vaste mouvement populaire qui opposerait une large majorité du peuple à la minorité des tenants du pouvoir, quelle que soit alors leur étiquette, il se produise une “révolution” dans nos mœurs politiques et dans nos structures sociales. Ceci, pour que notre société puisse sortir des égarements dans lesquels des carriéristes de la politique l’avaient entrainée, et qu’elle puisse être à nouveau fondée sur des bases “convenables”, c’est-à-dire définies selon des “conventions” librement établies entre nous.
Cependant, il fallait bien s’attendre à ce que les forces de domination ne se laissent pas déposséder aussi facilement des dispositions leur permettant d’exercer leur prédation, et selon le vieil adage, hélas cent fois vérifié et cette fois encore, “diviser pour régner”, elles ont su très habilement, et avec une facilité il faut bien le dire, absolument déconcertante, exploiter avec une obscénité et un cynisme total, toutes les fractures de cette société que normalement elles devaient justement s’employer à soigner. Ceci, pour tout d’abord mettre les citoyens hors d’état de pouvoir constituer un front commun contre elles, et faisant d’une pierre deux coups, faire que toutes les rancœurs, les frustrations, et les souffrances accumulées par le peuple du fait de leur politique, puissent trouver leur exutoire dans un gigantesque affrontement entre citoyens qui, quant à elles, les laisseraient indemnes.
C’est donc en frappant là où cela faisait déjà mal, sur les si problématiques fractures raciales et confessionnelles qui ont tant de mal à cicatriser dans ce pays, et dont il est facile de comprendre à quel point leur exploitation peut déboucher sur des comportements irrationnels, haineux, bestiaux, et sans rémission, qu’ils vont parvenir bien vite à insuffler dans les esprits, que l’essentiel du mal de vivre des citoyens “normaux” de ce pays, vient de leur fréquentation malheureuse avec des indésirables, venus d’ailleurs, ou issus de parents venus d’ailleurs.
Il ne leur en aura pas fallu plus, pour que la juste cause soit aussitôt perdue et pour que tous les espoirs d’une rénovation de ce pays qui aurait conduit à les défaire, partent en fumée. Car, c’est alors que nous avons pu constater à l’occasion de l’exclusion d’une famille de Kosovars, le déchainement inouï d’une haine glaçante et le triomphe des appels à l’irrationnel ou des citoyens par milliers, ne furent pas loin de considérer que les difficultés financières qui sont les leurs, étaient la conséquence de l’entretien luxueux qui fut fait par la nation, de cette famille et de quelques autres lui ressemblant.
Cependant, il n’échappe pas à ceux qui s’attachent à l’observation des choses, que tout ce déchainement ne constituait alors qu’un “transfert” occasionnel contre cette malheureuse famille de marginaux, du sentiment profond et viscéral enfoui sous des tonnes de convenances lui ayant imposé jusqu’ici le silence, que les citoyens “normaux” de ce pays éprouvent envers les autres...
Tout est donc perdu de ce point de vue car, il est déjà remarquable que les citoyens “marginaux” de ce pays sont généralement absents des manifestations de protestation qui sont organisées par les partis traditionnels, lesquels ne semblent d’ailleurs n’avoir absolument pas la préoccupation de se les adjoindre, alors même que ces gens constituent les classes à la fois les plus jeunes et les plus défavorisées de la population et qui traditionnellement, constituent le terreau à partir duquel on fait pousser les révolutions.
Si donc malgré cela il parvenait à s’engager dans ce pays un processus révolutionnaire, il est clair que dans le climat actuel et sous l’activisme d’un parti de la droite extrême, celui-ci ne manquerait pas de tourner immédiatement en un gigantesque règlement de tous les comptes, opposant les citoyens selon toutes les fractures, sociale, raciale, confessionnelles, et idéologiques, et que dans cette guerre civile terrifiante, il n’y a que les militaires qui s’emparant du pouvoir, seraient en mesure de rétablir l’ordre et de faire cesser les massacres...
Si donc il devait se passer quelque chose dans ce pays, nous pourrions difficilement échapper au triptyque redoutable, révolution, guerre civile, coup d’état, et le mieux finalement serait que des militaires soucieux du devenir de la nation, anticipent ces malheurs annoncés, et prennent leur responsabilités pour à la fois, défaire ceux qui sont la cause de cette situation, et permettre une transition sans affrontement.
Sinon il reste comme autre solution d’attendre tranquillement 2017, et l’installation du nouveau polichinelle, et ma foi, tant qu’on à la santé et encore quelque chose à manger...
Paris, le 31 octobre 2013
Richard Pulvar
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