mercredi 10 décembre 2014

" À LIMA CHANGEONS LE SYSTÈME, PAS LE CLIMAT !


Nous, les mouvements et organisations sociales d’ouvriers, d’agriculteurs, d’autochtones, de femmes, d’écologistes, réunis à Lima au Pérou les 12 et 13 août et appelés par la Confédération des Syndicats des Amériques (CSA), soutenons l’organisation du Sommet des Peuples, qui aura lieu au même temps que la COP 20 des Nations Unies, du 9 au 12 décembre 2014 et nous nous engageons à travailler ensemble et à nous mobiliser durant ce processus. 

À cet égard, nous appelons en particulier à participer à la mobilisation organisée par le Sommet des Peuples le 10 décembre à Lima. La crise climatique qui affecte la planète est une conséquence directe du système capitaliste, de son modèle de production et de consommation extractiviste et prédateur des biens de la nature. 
Ce système avantage les intérêts des grandes corporations transnationales et piétine les droits des peuples du monde entier. Le changement climatique est une preuve cinglante de l’épuisement de ce système. 
Pourtant, en réponse à la crise structurelle qui le frappe, le capital n’a cesse que de chercher de nouvelles issues qui lui permettront de poursuivre son dessein : assurer une toujours plus grande concentration de la richesse et du pouvoir, et garantir le lucre à la classe dominante et aux multinationales. Comme conséquence de cette stratégie du capital, les processus de privatisation se sont accentués ces dernières années, la marchandisation et la financiarisation de la nature, exprimés dans les principes de l’économie verte, qui nous propose de fausses solutions face à la crise climatique. Quelques-unes de ces fausses solutions : les Mécanismes de Développement Propre, les projets de Réduction des émissions dues à la déforestation et aux dégradations des forêts (REDD1), les Organismes génétiquement modifiés (OGM), les agrocombustibles, la géo-ingénierie, les méga-projets hydroélectriques, les centrales nucléaires, la fracturation hydraulique (fracking), l’agriculture intelligente face au climat2, entre autres. 

Nous considérons aussi que le modèle de domination et d’oppression qui soutient la dette a des répercussions sur la vie et sur les droits à bien vivre de nos populations. La rétribution des services de la dette externe et interne continue de détourner les ressources, déjà très limitées, destinées à être investies dans le social, alors que ces ressources pourraient être utilisées pour faire face aux conséquences du changement climatique sur la vie de nos pays. Sous la pression des dettes, le modèle néolibéral privatiseur et extractiviste, qui est la phase moderne du capitalisme, persiste et se renforce, avec en outre un impact important sur les régimes politiques et juridiques. De plus, les grandes entreprises transnationales ont développé un tissu enchevêtré d’accords qui leur permet de garantir leurs privilèges et bénéfices, en même qu’elles violent les droits humains et ceux de la nature, et rendent impossible la durabilité de la vie. Nous rejetons cette impunité impulsée par les grandes entreprises et les organismes multilatéraux, cela avec la complicité de nombreux gouvernements, exprimée dans : les traités de libre échange, les Traités bilatéraux d’investissements (TBI), l’Accord de partenariat transpacifique (TPP3), l’Accord général sur le commerce des services (AGCS4),
TiSA5 ou TAFTA6, et tous ceux qui attentent à la souveraineté et à l’autodétermination des peuples. 

Nous dénonçons et nous exigeons que cessent la persécution et les assassinats des activistes sociaux, commandités par des firmes en Amérique Latine et dans d’autres parties du monde. Nous demandons aussi que cesse la criminalisation des luttes sociales et la répression menée par de nombreux gouvernements. Nous rejetons et nous résistons face aux fausses solutions et proposons des alternatives pour le Buen-Vivir, pour la durabilité de la vie et pour défendre les biens communs et la Terre-Mère. En ce sens, nous revendiquons les façons de vivre des populations autochtones et des paysans. Leur vision du monde, en totale harmonie avec la nature, font partie intégrante des solutions à la crise climatique. 
Le changement climatique se manifeste en Amérique Latine par des événements climatiques extrêmes, des coulées de boue et glissements de terrain, la fonte des glaciers, des inondations, des sécheresses, entre autres. 
Au Pérou, où se tiendra le Sommet des Peuples, autant que dans d’autres parties de notre région et du monde, la survie des peuples autochtones et des paysans est gravement menacée. 

Nous, les organisations et mouvements sociaux, apportons les véritables solutions à la crise climatique, fondées sur des principes de justice environnementale et sociale, et particulièrement de justice climatique. Nous favorisons la libre détermination territoriale et l’auto-gouvernement, la souveraineté alimentaire, un changement global de système énergétique qui nous amène à abandonner les énergies fossiles en faisant place à la souveraineté énergétique (énergies renouvelables décentralisées et gérées par les communautés). Nous promouvons aussi l’économie solidaire et féministe. Nous luttons pour l’égalité entre les hommes et les femmes. 

En même temps, la défense des biens communs suppose que soit garanti un ensemble de droits humains et de droits de la Nature. Le changement de système doit se faire via une transition juste, co-construite avec les travailleurs et les travailleuses, et avec les peuples. La transition juste présuppose un élargissement du concept de travail, la reconnaissance du travail des femmes et un équilibre entre la production et la reproduction, afin que cette dernière ne revienne pas uniquement aux femmes. Cette transition passe également par la liberté d’organisation et le droit à une convention collective, et aussi par la création d’un réseau étendu de sécurité et de protection sociale, entendus comme des droits humains. Cette transition passe aussi par des politiques publiques qui garantissent un travail décent. En ce qui concerne les négociations des Nations Unies sur le Changement Climatique, nous demandons un accord juridiquement contraignant, démocratique et participatif, reposant sur les principes d’équité et de responsabilités communes mais différenciées. Il devra limiter le réchauffement de la température moyenne du globe à +1,5°C au maximum. Nous appelons les peuples à se mobiliser pour soutenir ces demandes. Nous continuons sur la voie signalée par l’Accord des Peuples de Cochabamba (avril 2010), la Déclaration du Sommet des Peuples de Rio+20 (juin 2012) et la déclaration de la pré-COP sociale de l’Île Marguerite (juillet 2014). Nous appelons les organisations et les mouvements sociaux du monde entier à s’organiser et à réunir leurs efforts pour poursuivre cet effort de construction commune et unitaire, dont le cœur sera le Sommet des Peuples à Lima, comme moment clé de mobilisation en 2014.

Nous pensons que certaines instances sont fondamentales pour renforcer notre coordination : la réunion internationale des organisations de la société civile sur la COP21 qui se tient ce mois-ci à Paris ; les mobilisations à New York en parallèle du Sommet des chefs d’État sur le Climat, et la Conférence Mondiale de l’ONU sur les Peuples Autochtones en septembre ; les journées mondiales du travail décent tenues par les organisations syndicales en octobre ; et la pré-COP sociale sur le changement climatique de l’Île Marguerite en novembre - entre autres moments de convergence et de mobilisation. Nous, organisations, mouvements sociaux et réseaux internationaux, réaffirmons notre engagement à soutenir l’organisation du Sommet des Peuples ; nous avons formé un groupe de soutien international auquel s’ajouteront d’autres groupes internationaux ainsi que des sections régionales et nationales. 

Lima, le 13 août 2014. "

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