En se regroupant massivement, sous une injonction médiatique voulant faire croire que le drame de ces derniers jours constituait la pire abomination qui se soit produite depuis longtemps, et la pire des atteintes à la liberté d’expression, pour défiler derrière ceux-là mêmes qui sont responsables de tous les désordres et de toutes les abjections qui corrodent nos sociétés, tous les «Charlie-Charlots», dans leur effroyable naïveté et dans leur soucis pour chacun, de se montrer plus comme tout le monde que tout le monde, ont apporté par avance leur caution à la mise en place de ce qui fut une des justifications même de ce coup fourré, c’est-à-dire l’établissement dans ce pays, d’un régime autoritaire...
Celui-ci ne s’en prendra pas seulement à la seule liberté d’expression, mais c’est justement par celle-là que ses tenants commencent, en attendant de porter atteinte aux autres, et ceci, parce qu’à cette occasion, les Charlie-Charlots les ont objectivement consacrés comme étant les défenseurs des libertés publiques, ce qui prêterait à rire si l’événement n’était pas aussi grave, quand on constate ceux qui se trouvaient présent pour cette mascarade...
Les Charlie-Charlots se mobiliseront-ils aussi massivement pour défendre le droit d’expression d’un humoriste, pourchassé avec une rage infatigable et depuis des années par les tenants d’un pouvoir et les promoteurs de la prétention d’une classe «d’élus», d’assoir sa domination sur le reste des mortels, et qui comprennent bien que le rire constitue une arme de destruction massive de tous leurs mensonges, et un instrument efficace pour la dénonciation de leurs forfaits...?
Probablement pas, ils se renforceront pour ne pas avoir à se reconnaitre dans leur duplicité, dans ce sentiment qu’on a sollicité d’eux et entretenu par un véritable lavage de cerveau et selon lequel, il y aurait deux catégories de liberté d’expression, celle autorisée et pour laquelle on va manifester, et celle non autorisée contre laquelle les autorités républicaines ont la légitimité et le devoir d’agir...
Or, historiquement, il se vérifie que c’est précisément en amenant les individus au fait de leur contradiction, afin qu’ils se perdent dans des concepts ahurissants tels que celui d’une liberté d’expression non autorisée, laissant croire par ailleurs qu’il en existerait une autorisée, et que dans une telle situation, ils soient incapables de réagir lorsque la liberté d’expression qui est forcément «une», se trouve atteinte, que les régimes totalitaires ont, avec plus d’efficacité encore que par les armes, mis les populations moutonnières sous leurs bottes...
Nous en sommes là, et si le premier objectif du «coup», qui était de provoquer un furieux affrontement interconfessionnel dans ce pays, afin de justifier la venue d’un «sauveur» que certains désirent remettre en place, comme par les événements d’Alger en 1958, a semble-t-il échoué, le second objectif corrélatif au premier, celui d’établir ce pays sous un régime autoritaire, afin de l’entrainer là où il ne veut justement pas aller, c’est-à-dire vers sa soumission à une volonté de domination universelle, est en train de réussir...
Ainsi meurt la liberté
d'un coup bien monté
de balles assassines...
En vaste applaudissement
sans argument
passe l'amendement
écrit en lettres fines...
Frappé de stupeur
par les événements
animé par la peur
aussi bien d'égarement
et d'engouement,
les yeux bandés
et mains au dos
attachées
Charlie fit cadeau
de tous les droits acquis
au prix du sang
de tant d'innocents
versé dans le maquis,
d'une pierre deux coups
d'un nœud perché
à l'arbre de la liberté
une corde au cou...
Guy Cayemite
Il n’y a rien à ajouter...
Paris, le 14 janvier 2015
Richard Pulvar
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