Ils sont les premiers à dire que nous jouons sur la concurrence des mémoires, une concurrence des mémoires qui attise la haine entre les communautés, selon eux ! De ce fait Dieudonné et Kémi Séba entre autres sont devenus leur bête immonde.
Mais, vous aurez remarqué qu'ils sont les premiers à hiérarchiser les mémoires et les crimes.
Vendredi matin, j'intervenais dans une classe en tant que historien et j'expliquais à ces jeunes et à leurs professeurs, lors de la découverte de l'île de Haïti, que les indigènes appelaient : Kiskeya, Bohio, Ayiti, en fait chacune des 4 ethnies occupant l'île la dénommait selon leur dialecte ou leur génie, mais en gros cela signifiait pays des hautes Montagnes, Terre haute, pays montagneux...
Quatre populations ( Taïnos, Karibs, Ciguayos, Lucayos) appartenant à la famille des Arawaks y vivaient.
Lors de la "découverte" en 1492 cette population était estimée selon Las Casas à 6 000 000 d'habitants, par les historiens modernes à 1 300 000.
Dix ans plus tard, en 1502 lors d'un recensement à demande de Nicolas de Ovendo gouverneur des Indes Occidentales, ils ont comptabilisé 60 000 natifs.
La population s'est effondrée de manière dramatique, dû à la répression, aux massacres, à la maladie... Je vous invite à lire l'ouvrage de Bartolomé de las Casas où il dénonce les méfaits et la violence des Espagnols vis à vis des Amérindiens d'Haïti.
A mon sens le premier génocide de l'ère moderne, quoique le terme génocide est un néologisme créé en 1944, disons le premier grand massacre de masse de l’ère moderne.
Il est normal que le crime qui nous touche nous lui accordons la primauté sur les autres, il est le crime des crimes, pour les Arméniens c'est le génocide arménien, les juifs la shoah, les antillais et afroaméricains l'esclavage, l'Africain et d'autres la colonisation, pour les Ukrainiens le holodomor, je suppose que pour les Japonais la destruction de Hiroshima et Nagasaki est tout aussi douloureux.
Nous devons admettre qu'il n'y a pas d'universalité dans le génocide ni de mémoire partagée, nous compatissons à la souffrance de l'autre mais nous n'en portons pas les stigmates.
Le crime le plus important est le crime qui nous touche, celui dont la morsure sur la chair et dans la mémoire est encore prégnante.
Il est vain d'attendre que le bourreau se positionne à la tête du cortège funéraire.
Evariste Zephyrin
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