Depuis la lointaine antiquité, la Chine exportait de nombreux produits vers l’Occident et particulièrement, la soie, qui donnera son nom à la route qu’elle empruntait. Cependant, ayant constaté que la démarche commerciale des nations européennes se poursuivait souvent par une entreprise coloniale, les empereurs chinois s’opposaient à ce qu’elles développent leur commerce en Chine.
Profitant de l’instabilité qui régnait dans ce pays, dans le sillage de la Grande Bretagne qui ira jusqu’à déclencher une guerre pour contraindre les Chinois à laisser pénétrer chez eux l’opium qu’elle produisaient en Inde, et dont l’empereur de Chine avait interdit l’usage à cause des dommages que cela causait à la population, les nations impérialistes européennes vont imposer à la Chine par leur puissance militaire, une longue suite de traités dit “inégaux” puisqu’ils se faisaient à leur seul bénéfice, et qui constituent jusque de nos jours le souvenir d’une profonde humiliation dans la mémoire du peuple chinois...
Par un de ces traités, celui de Huangpu signé en 1844 entre la France et la Chine, cette dernière lui concédait l’ouverture à son commerce de cinq ports et d’un territoire associé à chacun, pour y installer ses comptoirs et bénéficiant de l’exterritorialité, c’est-à-dire où non seulement l’administration se fera par la puissance concessionnaire, mais où ce sont ses lois qui s’appliqueront, y compris sur les ressortissants chinois de la zone. Il s’agissant en ces concessions, de Canton, Fuzhou, Ningbo, Xiamen, et Shanghai...
En cette dernière concession il s’agissant d’une zone de marais située au bord de la ville chinoise, mais dont les Français sauront très bien en tirer parti pour y développer une ville selon leur style architectural dont de belles réalisations demeurent jusque de nos jours, et ils y planteront des centaines de platanes que les Chinois désignent depuis, “arbre de France” et qui donnent ce caractère si particulier à ce quartier...
Jusqu’en 1940 la concession va avoir un très grand développement et son agrément va faire qu’elle sera très prisée des étrangers des autres concessions qui viendront s’y installer, de sorte qu’au coté des 450 000 Chinois qui y résidaient, sur les presque 20 000 étrangers de cette concession parmi lesquels de nombreux “Russes blancs” ayant fuit la Russie suite à la révolution de 1917, il y avait à peine 1500 Français, principalement dans l’administration et les forces de police...
L’entrée du Japon qui avait déjà envahi une grande partie de la Chine, en guerre aux cotés de l’Allemagne va faire mécaniquement la Chine entrer du coté des alliés, ce qui lui permettra d’exiger en retour, la fin des concessions. Celle de Shanghai lui sera ainsi rétrocédée par les Français en 1946.
Aujourd’hui, compte tenu de son caractère et de son atmosphère, c’est le quartier le plus original de Shanghai, et celui où séjournent les personnalités chinoises ou étrangères de passage, comme les chefs d’états. Mais il y a un autre caractère très particulier à ce quartier. En effet, pourchassé par la police chinoise qui menait une lutte acharnée contre les opposants, c’est là que profitant de l’exterritorialité qui le mettait à l’abri des poursuites, le jeune militant Mao-Tsé-Toung a trouvé refuge avec quelques uns de ses compagnons, et c’est à l’abri des murs en briques d’une maison de ce quartier devenue aujourd’hui un musée, qu’ils ont fondé en 1921, le Parti Communise Chinois...
La suite du parcours exceptionnel de cet homme on la connaît, mais on peut se demander quelle aurait été celui-ci s’il n’avait pu bénéficier en ces instants de sa plus grande vulnérabilité, de cette protection...
Richard Pulvar
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